Gustave

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T'es toujours là, à m'attendre...

Uhm ?

J'ai dit que t'étais toujours là. Fin je veux dire c'est bien, ça me plait, mais vis ta vie hein. Je veux pas te ralentir ou quoi.

Tu plaisantes ?

Je sais qu'on est potes, et même que t'es de nature altruiste, mais tu perds ton temps avec moi. Tu me connais, je vais rien te donner en retour.

Je te demande rien enfin ! Je pensais que t'avais compris depuis le temps. T'es chiant avec tes doutes là. Merde Marlon c'est pas la fin du monde de ramer un peu.

Ouais ! Facile à dire quand t'as tout ce que tu veux, ton petit travail, ton confort cosi. Tout le monde t'aime !

Alors là c'est carrément réducteur ce que tu dis (s'arrête sur le trottoir, visiblement contrarié). J'ai aussi des galères, des disputes et des loupés. Et puis ta pseudo image du gars cool elle est totalement erronée. Tu sais très bien que je ne suis pas à l'aise en public par exemple.

(Marlon s'arrête à son tour, silencieux quelques instants, puis regarde le sol avec colère)
Toi tu n'aimes pas parler en public, tu exposerais ta façade, ton nom, ton faciès.
Tu as l'habitude qu'on te connaisse derrière tes gestes, tes paroles, tes humeurs singulières.
Et moi c'est l'inverse. Je ne délaisse pas le public parce que je doute de mon image, je fuis le monde parce que c'est tout ce que l'on voit chez moi.

Pas moi. T'es pas qu'un mec paumé Marlon. T'es intelligent, t'as des rêves et une famille. C'est pas un an en prison qui a détruit tout ça.

(passe une main dans sa nuque, fermant les yeux pour se concentrer)
Non mais la dépression a beaucoup aidé de ce côté là je dois t'avouer.

Alors ça c'est d'un mauvais goût mon gars, t'es vraiment au fond du trou. Une dépression qui vient d'où ? Du fait que t'as la frousse devant le grand méchant loup ou que t'as été piégé par de vieux ripous ? T'as plus foi en ton gouroux et ses grigris ? Tu crois que la roue a tourné et que maintenant t'es coincé en dessous ?
Peut-être que c'est aussi ta faculté à te prendre des coups sans protester, à te foutre partout où il faut pas, où tu fais rien sauf rester mou.
Tu te sens à bout ? Tes espoirs sont démolis et ça te soule ?
T'es sourd ? Je te parle, oui toi, le gars lourd qui se fout la tête sous les douches glacées. Pour effacer une routine sans personne, sans crew. Tout ce que tu récoltes c'est une bonne toux, une louche envie de finir sous les clous, dans un cercueil à la vue de tous. Ce qui te touche c'est une réponse à ce blues. Une madre qui doucement t'ouvrirait ses bras, un ouragan fait de doudou et de doux bisous. T'es toujours un gosse en quête d'amour.

De dimanche sous la couette avec acouphène.

Ton statut est celui d'un voyou alors que tes potes sont des gars cools, y'en a des dizaines sur ton facebook. Pourtant seul Gus joue son rôle jusqu'au bout. Je joue avec les mots, perpétuant le trouble. Les contours sont flous, le casse-cou s'éprend de son garde-fou.

Je suis un bon antidépresseur malgré tout.

(hausse les épaules, vaincu) Ouais t'es trop bon.

Marlon et ses rimes de vie, lignes qui vibrent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant