MON NOM.

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Pendant très longtemps, je n'ai plus utilisé mon nom. Par là, j'entends mon nom de jeune fille.

Ce nom que j'aimais tant autrefois, mon nom de naissance, mon nom de jeune fille, le nom de mon père.

Le nom de ce qui était auparavant ma famille.

Cette famille.

De laquelle nous avons été lâchement rejetés.

A commencer par ma mère.

Mais surtout son nom. A lui.

Un nom que je ne voulais plus porter.

Un nom que je refusais d'assumer.

Le nom d'une famille de déséquilibrés.

Mais aussi le nom de mon père, de mon grand-père et de mes ancêtres.

Mon nom.

Shakespeare écrivait : "Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède."

Et pourtant, un nom représente tant de choses... Une histoire, une famille, le sentiment d'appartenance à cette famille... Un nom se transmet de génération en génération, un nom se donne, se perd... Un nom nous reconnaît, c'est l'une des premières choses qui nous est donné à notre naissance... L'une des seules choses qui perdure après notre mort...

Certes nous sommes loin de n'être qu'un nom MAIS... Un nom n'est-il rien d'autre qu'un nom ? Je ne crois pas...

Tout ça peut paraître symbolique... Et ça l'est.

Mais pour autant cela est loin d'être superficiel.

Après tout un nom ne s'utilise -t-il pas chaque jour de la vie courante ? Autant dans les situations les plus banales du quotidien que dans les moments les plus importants de nos vies ?

Qui pourrait dire (en particulier à notre époque où tout est officialisé) qu'il n'est pas important d'être en accord avec le nom que l'on porte ?

Un symbole certes mais quel symbole !!

Comment faire quand le nom (ou l'un des noms) que l'on porte ne nous convient plus ?

Comment faire quand ce nom est entaché par une histoire, un passé, ou encore une personne ?

On ne change pas de nom comme de chemise !!

Alors on cache CE nom. Et en cachant ce nom, son nom, on cache une partie de soi. Et en cachant cette partie, on finit par se cacher soi-même.

Jusqu'à ce que le besoin de se réconcilier avec toutes ses parties, et avec toute son histoire, se fasse ressentir. Subtilement d'abord, puis de plus en plus fort.

Comme un besoin vital.

C'est MON nom, le nom de MON père, le nom de MON grand-père.

Certes c'est votre nom.

Mais c'est aussi le mien.

Et j'ai tout autant le droit de le porter que vous.

Et parce que je ne me cache plus, je l'arbore fièrement.

Pas comme un étendard, ou par provocation mais parce que c'est mon droit. (N'en déplaise à certains qui assurent que nous ne méritons pas de le porter. Comme si ce nom en particulier se méritait!! Mais un nom s'hérite et se transmet. Parfois même à des personnes au destin peu glorieux. Mais c'est la règle du jeu.)

TOUT UN SYMBOLE !

MAIS UN SYMBOLE FORT !

*******

En me réconciliant avec mon nom, je me suis réconciliée avec moi, mes origines, mes ancêtres, mon passé, mon histoire et ma vie.

Mais pour ça il m'a fallu pardonner.

Un autre besoin vital.

Mais j'y reviendrai... Plus tard.

Dans un autre chapitre.

Quand je serais prête.

Myriam Françoise Boucham Henni.

Journal d'une détraquée...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant