CHAPITRE 1 Point de Départ

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- Bon, Madison, que s'est-il passé ?
Je soupirais, 
- Il a essayé de me violer.
- Hum ! Et tu l'as frappé !
- qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ? Que je le laisse faire ?
- Avec une batte de base Ball ! Madison !
- J'ai pris c'que j'ai trouvé !
- On a un problème là, Madison ! ça fait la cinquième famille en deux ans !
- Qu'est-ce que vous voulez qu'j'vous dise ? Trouvez en de meilleure !
- Qu'est-ce que tu reprochais au Brodiks ?
- C'étaient des alcolos, ils me tapaient dessus !
- Et qu'est-ce que tu as fait ?
Un sourire mauvais se peignit sur mon visage.
- Je l'ai arrosé avec sa bouteille de whisky et j'ai menacé de le brûler vif ! Repondis- Je d'un ton monocorde.
- Et les browswich ?
- On était en surnombre ! Ils avaient huit gamins !
- Oui, et c'est pour ça que tu as frappé ce gosse ?
- Il frappait une gamine !
- Et les Williams ?
- Six chiens qui pissaient et crotaient partout ! Et moi pour nettoyer !
- Et c'est pour ça que tu as vidé les excréments dans leur lit ?
Je me contentais de hausser les épaules.
- Bon, cette fois, tu as gagné, tu va à Rickerson.
Je me levais d'un bon.
- Quoi ? Vous avez pas le droit !
- Oh si ! On t'as donné ta chance, tu n'as pas su la saisir ? Tant pis pour toi !

Je m'appelle Madison Garden, oui, je sais ça craint un nom pareil, que voulez -vous les employés du service d'aide à l'enfance manquent cruellement d'imagination ! Ils donnent aux enfants abandonnés les nom des endroits où ils ont été trouvés, moi, c'était dans les toilettes du métro au Madison Square Garden, ça aurait pu être pire, imaginez si on m'avait trouvé à Trafalgare Square ?

Voilà ! C'est l'histoire de ma vie !
Comme si ça ne suffisait pas d'avoir été abandonnée à l'âge de trois ans,  j'allais me retrouver à Rickerson ! La prison des orphelins !
Le centre d'accueil pour enfants difficiles ! Les oubliés du système Américain.
J'étais écoeurée !
J'avais seize ans, et depuis l'âge de trois ans, je passais de foyer en famille d'accueil.
Je connaissais les rues de New York par coeur, à force de les avoir parcouru de long en large lors de mes fugues.
Rickerson, c'était sans doute, la finalité de cette dérive !
J'avais pris un mauvais départ et rien ne pourrait changer ça !
Quelqu'un avait décidé pour moi de mon avenir, celle où celui qui m'avait laissé dans les toilettes publiques du métro, mais franchement qui peut faire ça à un gosse ? L'abandonner comme ça, comme un chien ou un paquet de linges sales qu'on a pas le courage de laver, sans se préoccuper de qui pourrait le trouver ! Un pervers, ou un pédophile !
Un jour, ils devraient me rendre des comptes ! Un jour, ils seraient forcés de me dire en face ce qui leur déplaisait tant chez moi !
Car je les retrouverais, c'etait ma seule ambition ! Mon unique obsession !

- Garden ! Dracula te demande !
Flûte ! Je jetais ma cigarette à peine entamée dans la cuvette des toilettes, et regagnais le couloir du dortoir des filles. Jess Mullen m'attendait.
- Qu'est- ce qu'elle me veut encore ?
- Sûrement te remercier de partir de ce paradis.
Je ris. J'aimais bien Jess, du haut de ses quatorze ans, elle avait un aplomb pas croyable !
Je descendis au premier, et frappait à la porte de madame Welbeck, dis Dracula, la directrice de Rickerson.
Elle ressemblait au vampire, avec son visage anguleux et son menton pointu, sans compter son extrême pâleur, elle détestait le soleil, la chaleur, d'où son surnom.
- Ah, Madison ! Assieds- toi.
Elle m'indiqua le siège en face d'elle.
- Bon, tu viens d'avoir 18 ans, donc, comme tu le sais, à partir de demain, tu ne peux plus rester ici.
J'acquiescais.
- Aussi j'aimerais faire le point avec toi. Que compte tu faire ?
- Vous savez très bien ce que je veux faire !
- Sois réaliste ! Tu n'as aucune chance de les retrouver ! Tu ne sais même pas par où commencer !
Je haussais les épaules.
- On verra !
- Mais en attendant, il faudra que tu vives quelques part ! Que tu manges à ta faim !
- Je me débrouillerais !
Elle soupira.
- Écoute Madison, je vais être franche avec toi, tu es une élève brillante et une bosseuse, je n'ai eu que de bon retour du lycée à ton sujet !
Je souris, c'est vrai que j'avais adoré le lycée, j'avais soif d'apprendre, et puis, là bas, je n'étais plus une orpheline, j'étais une élève parmi tant d'autres, une anonyme.
- Je connais bien le recteur de l'université de hockdale, il est d'accord pour te rencontrer, il veut te proposer une bourse pour l'informatique, tu es tellement douée !
Je souris de plus belle. J'adorais l'informatique ! Paul Roberts m'avait initié aux secret des ordinateurs quand j'avais huit ans, j'étais restée deux ans chez eux, la meilleure famille d'accueil que j'ai jamais eu ! Ils m'avaient offert mon premier PC.
Je soupirais, si seulement j'avais pu rester avec eux ! Mais Paul était un hacker de génie, un pirate informatique de premier ordre, mais il jetait l'argent par la fenêtre, ses dépenses l'avaient trahies, il avait été arrêté, et retour au foyer pour moi !
- C'est gentil, Dra... Madame Welbeck, mais je veux retrouver ma famille, ou du moins essayer !
Nouveau soupir.
- Comme tu veux ! J'espère que tu ne le regretteras pas ! Répondit-elle d'un air pincé, mon refus l'avait blessé. Tant pis, elle ne pouvait pas comprendre.
Je sortis de son bureau et regagnais le dortoir, un sourire aux lèvres, demain, je retrouverais ma liberté, demain, je me mettrais en chasse !

Le réveil sonna et je me levais précipitamment, c'etait le grand jour ! J'étais libre ! J'attrapais mon sac à dos, dans lequel j'avais glissé mon PC portable, mes papiers, ainsi que ma trousse de toilette et les quelques vêtements que je possédais. Et l'argent durement gagné comme serveuse au Snack Crusty, en face du lycée. Tout ça allait me manquer !

J'arpentais les couloirs, saluant les copains au passage.
- Ça y est ? Me lança Benjamin, tu parts ?
- Et oui, fais gaffe à toi Benji.
Le petit brun sourit d'un air malicieux
- T'inquiète, Madison, je gère
Il gérait tellement qu'il s'était fait virer pour la troisième fois du lycée.
La petite Nellie, douze ans, se jeta dans mes bras.
- Tu vas me manquer !
Je lui souris
- toi aussi, je deposais un bisou sur sa joue brûlée.
Son tuteur lui avait jeté de l'acide au visage parce qu'elle refusait de lui faire une gâterie ! Gros porc ! Il était en taule, mais la petite était défigurée à vie.
Voilà ce qui arrive quand on place des enfants chez n'importe qui.
Les familles d'accueil empochent le fric de l'état et maltraitent ou se foutent des gosses. Et lorsqu'ils s'enfuient ou se défendent. Ils se retrouvent à Rickerson.

Je poussais la grille et me retrouvais dans la rue.
Ma vie d'adulte commençait, et mes recherches aussi.

A L OMBRE DE LA LUNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant