CHAPITRE 2 Molly Joanson

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La première chose qu'il me fallait était une bonne connection WiFi, c'est pourquoi je me rendis au cyber-café le plus proche. Je le connaissais bien, j'y travaillais comme serveuse à mes heures perdues.
Je saluais Hernie, le patron et m'installais à un point Wi-Fi.
- Alors, ça y est ? Me demanda Hernie, tu es libre ?
Je lui souris.
- Libre comme l'air !
- Tu vas pouvoir bosser pour moi à plein temps alors.
- Désolée Hernie, mais j'ai d'autres projets.
- Dommage ! J'aurais essayé au moins.
Je me plongeais dans mes recherches.
En fait, je savais ou chercher, il fallait que je pirate les archives de la police de New York.
J'avais déjà essayé à Rickerson. Mais les connexions etaient très surveillées et  Dracula m'avait confisquée mon PC pendant deux semaines, du coup j'avais hésite à recommencer, enfin, jusqu'à ce que je pirate le Wi-Fi, le problème c'est que Dracula éteignait la box tous les soirs à partir de neuf heures, donc impossible de se connecter. J'avais quand même eu le temps de découvrir que la police avait des vidéos de mon abandon, grâce aux caméra du mètro, mais je ne les avais pas encore vues.
C'est donc ce que je fis au café ce matin là.
C'était une femme ! Elle était rousse, plutôt mince, emmitouflée dans un manteau d'hiver rouge, elle tenait une fillette brune par la main, moi ! Je ne voyais pas son visage, je la suivis jusqu'aux toilettes des femmes d'où elle ressortit quelques minutes plus tard sans l'enfant.
Malgré moi, les larmes me montèrent aux yeux. Je la suivis, rageant de ne pas apercevoir son visage. J'étais nerveuse. Impatiente, et soudain je sursautais, là ! Dans le reflet du miroir, le visage de la femme au manteau rouge apparaissait nettement. Je zoomais et me perdis dans la contemplation de celle qui m'avait fait tant de mal.
Elle était plutôt jolie, des yeux noisettes, des traits fins et réguliers, dans la vingtaine, mais ça ne me disait pas pourquoi elle m'avait laissé derrière elle.
Je lançais mon logiciel de reconnaissance faciale, que j'avais piraté quelques semaines plus tôt. Ça prendrait un peu de temps, aussi, je proposais à Hernie de l'aider au bar, il accepta et je pris mon poste.
J'avais dû batailler ferme pour obtenir le droit de travailler en plus de mes cours au lycée, mais Dracula avait finalement cédé.
Le café était proche du lycée et du centre, et c'était un endroit calme et la clientèle était surtout composée de jeunes.
Je bossais jusqu'à une heure, et mangeais un morceau, offert par la maison. Merci Hernie. Le logiciel n'avait toujours rien trouvé mais cherchait toujours. Je repris le travail.
Le café possédait une arrière salle que Dracula n'aurait sûrement pas approuvée. Des tables de billard, des parties de pocker, et de bras de fer, la clientèle était très différente ! J'aimais pourtant cette ambiance, c'etait animé, vivant.
- Hé, Garden, ça te dis ?
Hernie m'indiquait une table derrière laquelle un malabar gonflait ses muscles. Une partie de bras de fer ? Pourquoi pas ? Ça ferait toujours un peu de frics en plus. Je ne savais pas d'où je tirais ma force, mais j'étais capable de battre n'importe qui au bras de fer, je n'étais pourtant pas particulièrement musclée, je mesurais un mètre soixante dix, pour soixante kilos à peine, et j'avais plus souvent le nez plongé dans mon ordi que sur un terrain de sport.
Néanmoins, je m'installais à la table et affrontais monsieur muscle.
Celui ci s'esclaffa
- Quoi tu rigoles ? J'vai pas me mesurer à ce moucheron, allez petite, dégage, j'vais t'faire mal.
Je deposais des billets sur la table.
- Bon, alors ce sera de l'argent facilement gagné, tu m'ecrases, et tu empoches le blé.
Un sourire mauvais éclaira son visage aux yeux bovins.
- Comme tu voudras ma poupée, mais viens pas pleurer après.
- Pas de risque ! Murmurais-je
Tandis que je luttais, je sentis la rage m' envahir, une envie folle de battre cet abrutis, de le rouer de coups, de...
Ça m'arrivait de temps en temps, je ne savais pas pourquoi. Mais ça me prenait tout à coup, la colère, la rage muette, et cette envie de cogner, de faire mal, autant que j'avais mal moi même, c'est ce qui c'etait passé deux ans auparavant, ce qui m'avait valu de me faire enfermer à Rickerson.
Lorsque Masterson m'avait attrapée dans la cuisine, il m'avait coincé contre le buffet et ceinturé. Il était nu et je sentais son haleine puante sur mon cou, un relent d'alcool bon marché et de mauvaise hygiène dentaires, y repenser me filas un haut le coeur.
Tandis qu'il essayait de me baisser la culotte , j'avais ressentis cette même rage m'envahir. Je l'avais repoussé avec une telle force, qu'il avait valdinguer jusqu'au bout de la pièce.
J'avais saisie la batte de base Ball qui traînait toujours dans le coin du buffet, et j'avais frappé, à chaque coup, une joie mauvaise m'avait saisie ! Je l'aurais sûrement tué si sa femme n'était pas arrivée.
C'est aussi ce que je ressentais à cet instant, jouant avec ma proie, lui laissant croire qu'elle avait gagné, puis, abattant brutalement mon bras, j'emportais la partie.
Il hurla !
- C'est pas possible ! A quoi tu marches toi ? Hein, quel acide tu prends ?
Je haussais les épaules.
- Aucun, allez, aboule le fric.
- Va te faire voir ! J'paie pas les tricheurs.
Je lui donnais un violent coup de genoux dans les parties génitales, il se plia de douleur, je frappais ensuite le mauvais payeur dans les côtes. Il hurla de plus belle , j'en profitais pour lui donner un coup de poing au visage, un homme me ceintura, mauvaise idée, je me dégageais et l'envoyant valser deux mètres plus loin. Je bondis sur une table de billard, et attrapais une queue.
- À qui le tour ? Grondais- Je hors de moi !
- Ça va ! Me dit Hernie, calme toi Garden, c'est fini, allez, tout le monde se calme maintenant.
Pff mais qu'est-ce qu'ils ont tous aujourd'hui,  je sais que c'est la pleine lune, mais quand même !
Je descendis de la table et regagnais la salle du cyber. Elle était presque vide.
Je jetais un coup d'oeil à mon PC, il avait trouvé.
Ma suspecte s'appelait Molly Joanson.
Le seul soucis, c'est qu'elle était décédée. Apparemment, elle avait été attaquée par un chien enragé, comme par hasard, le jour même où elle m'avait joué ce méchant tour.
Flûte ! J'étais dans un cul de sac.
Hernie ayant accepté de me filer une chambre, le cyber faisant aussi motel, je montais me coucher, après avoir avalé mon repas. Un steak bien saignant et une bonne dose de frites.
Je me réveillais en pleine nuit, une idée venait de se faire jour.
Je me jetais sur mon ordi et consultait la photo de Molly.
Ce qui me surprit de prime abord, c'était l'absence de ressemblance.
Elle avait un visage rond, joli, mais qui n'avait rien à voir l'oval du mien. Elle était rousse, moi brune. Bon, ca ne voulait rien dire. On n'avait pas les  mêmes yeux, non plus, les miens étaient verts, les siens noisettes. Elle mesurait un mètre soixante, et surtout, je ne reconnaissais aucun de mes traits dans les siens. Étrange. 
D'après la fiche de police, elle venait d'une petite ville du nom de Bordertime , en Caroline du Sud.
Ce serait ma prochaine destination.

A L OMBRE DE LA LUNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant