Chapitre 5 Selena Forsyte

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Je courais de toute la vitesse dont j'étais capable, j'étais terrorisée, je savais que si je ralentissais, il me rattraperait. Je me retournais rapidement pour voir où il était, au moment même où il se ramassait sur lui-même et bondissait sur moi. Je hurlais ! Mais au moment où je pensais ma dernière heure arrivée, le loup noir se transforma en homme qui n'était autre que Ethan, il me regardait avec ce sourire moqueur que j'avais envie de lui faire ravaler
- Alors, tigresse, on dirait que je t'ai enfin attrapé, et maintenant, que vais je faire de toi ?
Et il m'embrassa sauvagement !
Je me réveillais en sursaut. J'étais en nage, et je ne parvenais pas à savoir si j'avais peur ou si j'étais furieuse ! Flûte ! Ce type venait me hanter jusque dans mes reves !
Machinalement je caressais mes lèvres et le souvenir du baiser imaginaire me revint, mettant le feu à mes joues. Hum seulement à mes joues ? Je me morigenais aussitôt.
- Madison ! Espèce d'idiote ! Tu te conduis comme une collégienne qui se fait embrasser pour la première fois ! Et c'était même pas réel !
Je décidais de mettre ça sur le compte de l'atmosphère étrange de cette maison.
Des coups frappés à la porte me tirerent de mes rêveries, il entra sans attendre que je l'y autorise.
Ses yeux bleux me toiserent
Encore lui ! soupirais-je.
-Ah, elle est habillée ! Constata-t-il, avec une pointe de regret dans la voix. Dommage ! Je préférais l'autre tenue !
Je lui envoyais ma chaussure à la tête avec un grognement de rage. Il l'a rattrapa en riant et me la renvoya aussitôt.
- Mais c'est qu'elle mordrait ! Humm j'adorerai ça ! Mais bon, vous allez en avoir besoin, on vous attend pour dîner ! 
Et il disparut aussitôt, me laissant hors de moi !
Je descendis l'escalier. Un jeune homme d'une vingtaine d'années m'attendais en bas des marches, il était châtain et arborait une coupe moderne qui mettait ses yeux verts en valeur, sans aucun doute, un membre de la famille, même stature, même prestance, même élégance raffinée.
- Bonjour, sa voix chaude etait chaleureuse. Enfin quelqu'un de sympatique. Son sourire était franc et sincère.
- On n'a pas encore été présentés, je m'appelle David Forsyte. Je suis le petit fils de Jefferson. Et vous ?
- Madison.
Je préférais ne pas en dire plus, étant donné la réaction de l'autre jeune homme.
- Oh, t'inquiète pas Dave, tu n'auras aucun mal à t'en souvenir. Intervint Ethan, tu n'a qu'à penser au square Garden.
Je le fusillais du regard.
Il me sourit.
- Désolé, mais il n'y a rien que vous puissiez me jeter au visage cette fois.
Oh ce sourire moqueur ! Je plissais les yeux et souris à mon tour. Je lui décochais un coup de pieds dans le tibia, et passais devant lui. Le menton relevé en signe de défi. Je pris le bras de David, hilare, et me retournant, adressa une grimace à Ethan qui se massait la jambe.
- Tu l'as bien cherché ! S'exclama David en riant.
- Elle ne perd rien pour attendre ! Marmonna Ethan.
- Ne faites pas attention à lui, me rassura David, il aboie plus qu'il ne mord.
Il me conduisit dans une grande salle ou une table bien garnie attendait les convives. Mon ventre se mit à gargouiller, je n'avais rien avalé de la journée et je mourrais de faim.
Jefferson se tenait en bout de table. De chaque côté de lui, se tenaient les deux hommes qui m'avaient emmener, Josh et Jonathan, les deux aînés de Jefferson Forsyte, âgés de cinquante et quarante cinq ans, et  à côté d'eux, c'étaient leurs épouses, Kate, la femme de Josh, une petite blonde rondelette, et Lauren, la femme de Jonathan, une rousse mince et élancée, puis, venait Elliot, trente huit ans et son épouse Candice, grande brune à l'air snob, jacke,  trente cinq ans et Laura, sa femme une jolie brune au regard vif et malicieux, et enfin, Peter, trente ans,un célibataire endurci.
Venaient ensuite les petits enfants,
David et kimberley, étaient les enfants de Josh. Ils étaient respectivement âgé de vingt et seize ans, Christopher était le fis unique de Jonathan, il avait seize ans, venaient ensuite Cordelia et Coleen, les filles de Elliot, âgées de douze  et dix ans quand à Quentin, le fils de Jacke, il était âgé de trois ans et dormait déjà. Restait Ethan, il n'était le fils de personne, un ami de la famille, avait-il dit.
Après les présentations d'usages, Jefferson prononça les bénédicites, et le repas fut prit dans la bonne humeur. Les mets étaient excellents, oie farcie, lapin en sauce, caille, je n'avais jamais vu autant de nourriture.
- Dites moi, Madison, vous venez de New York, je crois, la vie ici doit vous paraître bien monotone ! Me demanda Josh.
Je souris
- En fait, elle ne manque parfois pas  de piquant. Et je fixais Ethan qui pouffa.
La conversation tourna ensuite sur New York et sa vie trépidante.
Au moment du dessert, j'avais l'impression que mon estomac allait éclater.
A la demande de Jefferson, je racontais mon histoire, comment et ou j'avais été trouvé ce qui déclencha  aussitôt le rire d'Ethan. Je leur racontais où j'avais grandis.
Je lus de la compassion dans les regards, mais je croisais les yeux d'Ethan et la dureté de son regard me surprit.
- Et bien ! S'ecria Candice, tu vois un peu ce à quoi tu as échappé Ethan !
- Candice ! S'ecria aussitôt Jefferson.
- Quoi ? Je n'ai rien dit de mal.
Les yeux du jeune homme étincelerent de rage, mais c'est d'une voix calme qu'il répondit
- Au moins, je n'aurais pas eu à subir ta compagnie Candice !
- Ethan ! Ça suffit ! Intervint de nouveau Jefferson.
Il se leva.
- C'est comme ça que vous vous comportez devant notre invité ? Vous me faites honte !
- Je vous pries d'excuser ma famille, Madison, ils m'ont habitués à mieux.
Il quitta la pièce, et je remarquais sa démarche altière malgré son âge, ses fils et leur épouses quittèrent la pièce et je me trouvais seule avec les plus jeunes. Ils quittèrent la pièce à leur tour et je restais avec David et Ethan.
- Bon, dit ce dernier en posant sa serviette sur la table. Intéressant ce dîner, vous ne trouvez pas ?
Je haussais les épaules.
- J'ai connu pire !
- Je n'en doute pas !
- Ne faites pas attention. Me dit David, ça ne se passe pas toujours comme ça !
- Cette peste de Candice ! Un de ces jours... ! Gronda Ethan.
- Bah, laisse la dire. Elle se croit supérieure à tous parce que sa famille descend des premiers pionniers, mais c'est une bouseuse qui n'a jamais connu que la Caroline du Sud
- Je te rappelle que c'est aussi notre cas ! Reprit Ethan. Un sourire moqueur aux lèvres. Pas comme notre Madison.
Il coula un regard de prédateur vers moi, je lui adressais mon plus beau sourire en pointant un doigt d'honneur.
Il éclata de rire. David soupira et m'entraîna hors de la salle.
Ils me conduisirent dans une autre aile de la maison,
La pièce était de taille moyenne, et ultra moderne. Un écran plat de deux mètres occupait un pan de mur, sur une table basse, les dernières consoles de jeux s'enchevetraient. Et surtout, il y avait un ordinateur !
J'admirais la bête.
Éthan se vautra dans le canapé.
- Attention tigresse, pas touche ! Tu es interdit de Pc.
Je le fusillais du regard.
- Merci de me le rappeler ! Grognais je.
- À ton service, ma belle, ça m'ennuirait de devoir te mettre une fessée, quoique... Vas y, utilise le, fais moi ce plaisir.
Je fulminais. Je visais un verre de whisky que David venait de me servir, je m'avancais vers Ethan, la démarche chaloupee, je me plantais devant lui, tout sourire, et je lui versais lentement le liquide ambré sur la tête.
David éclata de rire. Ethan se releva très vite, m'attrapa et me jeta sur le canapé, je me retrouvais sur le ventre, je me débattis, en vain, c'était la première fois qu'un homme se montrait plus fort que moi. Il s'
assit sur mon dos, m'immobilisant de tout son poids.
- Tu n'oserais pas ! Protestais-je tandis qu'il arborait un sourire machiavélique.
- Oh si je vais oser ! Il est temps qu'on t'apprenne les bonnes manières !
Il me donna alors une fessée, comme si j'étais une gamine. J'étais hors de moi !
- Lache- Moi ! Hurlais je au comble de l'humiliation.
- Pour que tu me frappes ? Pas question !
- Oh, toi ! Attends un peu !
- Tu vois ? Tu me menaces.
Je me calmais aussitôt,
- Ok, d'accord, ça va, tu as gagné ! Lâche moi !
- Sûr ? Alors dis le moi gentiment.
Je soupirais et pris sur moi pour ne pas hurler.
- S'il te plaît, Ethan, lâche moi.
- Mieux que ça.
Je serrais les dents,
- S'il te plaît Ethan, veux tu avoir l'extrême gentillesse de me lâcher ?
Il s'exécuta.
Je me levais d'un bond du canapé et lui fit face.
Nos visages se touchaient presque, une intimité par trop troublante, pour que je la prolonge plus longtemps.
Je lui décochais un coup de genou dans la partie la plus fragile de son anatomie. Il se plia en deux sous la douleur.
Je tirais sur mon tee shirt, et drapée  dans ce qui me restait de dignité, le menton relevé fièrement, je quittais la pièce sans un regard aux deux jeunes gens. David, hilare, riait en se tenant les côtes.

Je gagnais ma chambre, sans me perdre, ce qui tenait au miracle, je ne décolerais pas. Comment avait-t-il osé ?
- Grrr je hais ce type ! M'ecriai-je !
- Pourquoi tant de haine ?
Oh non, comment avait- Il fait pour arriver aussi vite ?
Il était assis sur mon lit, les bras croisés sur sa poitrine.
- Dégage de mon lit ! Criai-je, hors de moi.
- Ton lit ? Tu te crois déjà chez toi  Tigresse ?
- Et toi ? Ça t'a pas suffit ? Tu veux que je recommence ?
Il sourit, de ce drôle de sourire en coin, qui lui donnait un air dangereux.
- Tu peux toujours essayer, mais je te le déconseille.
- Ok, alors comment je fais pour me débarrasser de toi ?
Il sourit et me montra le lit à côté de lui.
- J'ai bien quelques idées...
- Tu peux toujours rêver.
Il se leva souplement et s'approcha de moi, je pouvais sentir l'odeur de son  eau de toilette musquée, sûrement hors de prix,
- On n'est pas parti du bon pied, tous les deux, mais ça peut s'arranger.
Il caressa mes cheveux, et je me mis à trembler, mes joues s'embraserent, il leva mon menton, nos visages se touchaient presque, mon corps entier brûlait à présent. Je fermais les yeux à demi, tendis mes lèvres entrouvertes, prête au baiser qu'il semblait me promettre.
Soudain, il me repoussa,
- Non ! Tu ne le mérites pas !
Je le giflais.
- Va te faire voir ! Ethan !
Il rit et quitta ma chambre. Je claquais la porte et m'assayais sur mon lit.
Les draps sentaient son odeur. Je saisis l'oreiller et y enfouis mon visage.
Ce garçon ne me laissait pas indifférente, mais bon, il était... Oh ! Insupportable !

Le lendemain matin, je me réveillais au terme d'une courte nuit agitée. Mes rêves étaient des cauchemards dans lesquels se mêlaient les loups et Ethan. Je ne savais pas lesquels je détestais le plus.

On frappa à la porte et me précipitai dans la salle de bain. Je m'y enfermais et m' habillais à la hâte de crainte de voir se répéter la même scène que la veille.
C'était la domestique, ouf ! Elle déposa un plateau sur la table, me sourit et me demanda si j'avais bien dormi.
Elle était simpa.
J'avalais mon petit déjeuner à la hâte. On frappa de nouveau à la porte je  me redressai, sur mes garde, juste au cas où.
C'était de nouveau la domestique, elle prit le plateau vide et m'informant que Jefferson m'attendait dans son bureau.
Je m'y rendis aussitôt, pleine d'appréhension.

Il se tenait debout, le dos tourné à la porte.
Je frappais doucement et il se retourna. En me voyant, son regard s'illumina.
- Madison, entrez, asseyez vous, je vous pries.
Il s'assit à son tour.
- Bon, me dit- Il, le moment de vérité est arrivé.
Je retins ma respiration.
- Les résultats du test sont arrivés,
- Et ? Demandai-je
Il me sourit, et son sourire était très doux.
- Félicitation, Madison, vous êtes Selena Fletcher, ma petite fille.
Il avait les larmes aux yeux, et je restais muette, incapable de comprendre ce que cela signifiait. J'avais trouvé ma famille ! Je n'étais plus cette gamine des rues qui portait le nom d'une station de métro. Je m'effondrais, en larmes. Il se mit accroupi devant moi, et me prit dans ses bras.
- Là, tout va bien mon enfant, tu es chez toi maintenant, tu es ma petite fille, ma toute petite petite fille.
il pleurait aussi.
Dans le miroir posé sur le buffet, j'aperçus le regard d'Ethan. Il semblait furieux. Mais je ne compris pas pourquoi.











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