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CHAPITRE 5 - Sans rancune ... bis

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Je me levai tôt le lendemain matin, bien décidée à ne pas courir après le bus tous les jours. Lorsque j'eus complètement émergé, face à mon bol de café, je grognai mentalement en me souvenant que mes deux premières heures de cours seraient à côté de Jack, en maths.

Est-ce qu'il serait aussi con que la veille ? Il n'avait pas l'air de tourner rond dans sa tête. En fait, il me faisait penser aux types qu'on voyait à la télé, qui sans crier gare pétaient une durite, ceux qui allaient à ces réunions de gestion de la colère.

Je finis de me préparer en chassant Jack de mes pensées, ce serait largement suffisant de me le coltiner tout le début de matinée, pas la peine d'en rajouter. J'enfilai un sweat à capuche et un jean, me glissai dans mes baskets puis sortis de la maison en attrapant mon sac. Sur le chemin du bus, le sentiment d'avoir oublié quelque chose me taraudait, mais comme je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus, je décidai de ne pas y penser plus.

Une fois arrivée au lycée, j'eus du mal à retrouver la salle qui était pourtant toujours à la même place qu'hier. Ça ne laissait rien présager de bon concernant les salles dont la localisation m'était encore inconnue.

La prof de maths n'était pas encore arrivée et la classe était encore à moitié vide. Les rares élèves présents discutaient en petits comités. Ne connaissant bien sûr aucun d'entre eux, j'allai m'asseoir à ma place et surveillai, depuis le fond, l'entrée au compte-goutte des nouveaux arrivants, redoutant à chaque fois l'apparition d'un certain garçon aux yeux noirs de ténèbres.

Quand Jack passa la porte à quelques minutes du début du cours, je fus aussi déçue que soulagée. Un brin agacée aussi. Franchement, ça devrait être illégal d'être aussi sexy. Avec ses cheveux en bataille et son t-shirt gris à moitié froissé laissant deviner son corps plutôt sculpté, il semblait vouloir crier « Je me suis échappé d'un magazine de mode ! » ou quelque chose dans ce goût-là.

Bref, jamais entendu parler du fer à repasser... et encore moins du peigne.

Au risque de passer pour une minable, les mecs un peu trop beaux me mettaient mal à l'aise.

Jack se laissa tomber sur la chaise d'à côté avec un soupir en guise de bonjour. Heureusement qu'il était aussi impoli qu'imbuvable, ça faisait redescendre en flèche son potentiel.

Ses yeux noirs parcoururent la classe et se posèrent enfin sur moi. Je détournai le regard, mais pas assez vite pour échapper à son petit sourire suffisant. Un raclement sur le sol ; il venait de rapprocher sa chaise de la mienne. Son regard fixe me chatouillait le visage, mais je me refusai à le lui rendre.

Il me planta un doigt dans la joue, mettant fin à mon petit numéro d'indifférence. « Tu comptes me dire bonjour avant la fin de la journée ? »

J'eus un mouvement de recul (aussi loin que ma chaise le permettait) qu'il fit mine de ne pas voir. Je ne pouvais pas l'ignorer maintenant qu'il avait entamé la conversation ; après tout, je lui avais promis que c'était « sans rancune », selon son expression.

J'étouffai ma réticence du mieux possible et tournai la tête vers lui. « Bonjour. »

Évidemment, cela le mit en joie et j'aurais été stupide de croire qu'il puisse s'en tenir à ça.

« Alors, Charlie. Tu viens de quel collège ? »

La normalité de sa question me déstabilisa. Hier, il se caractérisait par son animosité ; aujourd'hui, il optait pour la curiosité innocente. J'avais un peu de mal à y croire, mais je décidai de lui laisser une chance vu qu'on allait se voir de près quatre heures par semaine et se croiser plus que je ne l'aurais voulu. Ça valait donc le coup de faire un effort.

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