Wattpad Originale
Il reste 3 chapitres gratuits

CHAPITRE 8 - Water-closet

23.3K 1.9K 417
                                    

Je me levai le lendemain avec une touffe informe de cheveux au-dessus de la tête : courtoisie de mon lit, dans lequel je n'avais pas cessé de me retourner dans l'espoir de trouver le sommeil. Un sommeil agité par des rêves étranges, où apparaissaient Jack, Thony, quelques profs et une sorte de chien rose fluo, avait terminé de parfaire ma coiffure hideuse.

Le soleil radieux qui m'accueillit en ouvrant ma fenêtre ce matin-là adoucit un brin mon humeur maussade. Ma bonne humeur retomba un peu lorsque je pris le bus. Thony n'était pas là, contrairement à ce qu'il avait dit. Est-ce qu'il avait eu un empêchement, ou bien avais-je tellement peu d'importance qu'il avait oublié ?

Je me tassai dans un siège libre à l'arrière, profitant de la tiédeur confortable qui régnait, me persuadant que l'ambiance aurait été bizarre s'il avait été là et que tout était mieux comme ça.

La première heure de philo s'annonça mal. Arrivée très peu en avance, je n'eus pas d'autre choix que d'aller m'asseoir à la dernière place libre... qui se trouvait être juste devant la table du brun ténébreux de service. Au moins, Thony n'avait pas menti là-dessus : l'irascible Jack était de retour.

Il avait l'air fatigué. Non. En fait, il avait la tronche d'un vampire qui aurait passé la nuit à gratter le couvercle de son cercueil. Ma mine affreuse n'était rien comparée à la sienne, au point que je n'osai pas le saluer. Avec l'air de celle qui ne l'avait absolument pas remarqué, je m'appliquai à sortir mes affaires et remerciai le ciel quand le prof fit irruption. Je me plongeai dans la prise de note, trop ravie de pouvoir m'accrocher à la routine ennuyeuse, mais rassurante du cours.

J'avais pris un bon rythme quand tout à coup ma chaise fit un bond en avant. Mon stylo dérapa et défigura vilainement ma feuille. Je n'eus pas le temps d'étouffer un juron qu'un second coup se fit sentir, dans le dossier cette fois. Je me retournai et lançai un regard assassin aux deux garçons derrière moi, enfin, surtout à Jack, puisque ça ne pouvait être que lui.

« Quoi ? » lança-t-il avec arrogance.

Mon semblant de bonne humeur sombra. À peine revenu, il voulait déjà remettre ça.

« Arrête ça tout de suite ? »

« Ça, quoi ? » Il ponctua sa question d'un nouveau coup dans ma chaise.

« Ça, justement ! » dis-je aussi fort que je le pouvais sans perturber le cours.

J'appuyai mon propos avec un signe de main vers ses jambes et cet effronté tapa de nouveau dans mon siège.

« Et pourquoi j'arrêterais ? » dit-il d'un air défiant. « Retourne-toi, tu nous déranges. »

« Attends, JE vous dérange ? » m'étouffai-je presque.

« Monsieuuuur », geignit alors tout haut cet imbécile. « Charlie Skander nous déconcentre ! ».

« Wôw ! Retour en maternelle, vraiment mature Jack », soufflai-je en me retournant précipitamment vers le tableau.

« Mlle Skander, le cours se passe de ce côté-ci. Ne me forcez pas à le répéter ou ce sera la porte », rappela le prof pour la forme, avant de reprendre le fil du cours.

Évidemment si je faisais remarquer maintenant que le babouin derrière moi tapait dans ma chaise, il y avait pas mal de chance que ça agace le prof et qu'il me vire : toute seule, ou pire, avec Jack. Je serrai les dents et pris sur moi. Dire que je m'étais presque inquiétée de l'absence prolongée de ce crétin.

Aux cours qui suivirent, je me débrouillai un peu mieux et réussis à chaque fois à mettre une distance raisonnable entre Jack l'emmerdeur et moi-même. Jusqu'à la pause du midi.

Les SolitairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant