Chapitre 8

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Le commissariat est trop bruyant pour un mercredi matin, enfin, à mon avis. Tout le monde s'active et les téléphones n'arrêtent pas de sonner.

Plusieurs minutes passent avant que quelqu'un ne nous remarque. Un jeune officier de police s'avance vers nous et s'excuse de ne pas s'être occupé de nous tout de suite. Il nous explique qu'un carambolage a eu lieu sur l'autoroute et plusieurs voitures auraient provoqué l'accident.

Lejeune policier me pose soudain la question que je redoute :

«_ Pourquoi vous êtes venus ?

_Pour porter plainte. Les mots sortent de ma bouche si vite que je n'ai même pas le temps de réfléchir à ce que je viens de dire.

_D'accord, suivez-moi.

Un instant d'hésitation me prend et je sens une douleur dans ma joue alors je me souviens de la noirceur des yeux de Lucas et la force avec laquelle il m'a frappé. Plus une seule once d'hésitation ne subsiste encore en moi.

L'officier enregistre la plainte et nous dit que Lucas sera convoqué dans la journée pour donner sa version des faits.

Une fois sortis, je vois James serrer les poings :

_Il ne vont même pas l'arrêter ! Il t'a frappé et qui sait ce qu'il aurait fait si je n'avais débarqué ! Il ne mérite même pas d'être en liberté, il pourrait agressé d'autres filles et personne ne fait rien !

Je m'apprête a répliquer mais je préfère m'en abstenir, je ne suis pas sûre que le mettre encore plus en colère soit une bonne idée.Je le laisse m'emmener à l'hôpital pour qu'un médecin m'examine et me prescrive des médicaments contre le douleur. Il me conduit chez moi et je me met une énorme poche de glace sur la joue. La sensation est horrible mais il faut faire désenfler, je ne crois pas avoir le choix.

Dire que je voulais seulement faire mes devoirs !

Je ne peux pas éviter ma mère quand elle rentre de son travail. Quand elle tourne la tête vers moi je vois son regard inquiet se poser sur l'énorme bleu de mon énorme joue.

«_ Que s'est-il passé ?

Je ne peux pas déformer l'histoire, si je lui dit que je suis tombée,elle se rendra forcément compte que je lui ment.

Je lui raconte donc ma sortie à la bibliothèque puis la rencontre avec Lucas et enfin l' « incident » qui s'est produit. Elle aussi veut me faire porter plainte, je lui répond que c'est fait,elle paraît soulagée.

Je monte dans ma chambre et je vérifie mes notifications sur mon téléphone : pas de nouvelles de James. J'ai soudain envie de pleurer et de hurler. Après tous les événements de la journée, la seule chose qui me fait perdre mon calme c'est de ne pas avoir de nouvelles de lui. Je mes sens pathétique.

Je m'endors quelques minutes après toute habillée sur mon lit.

J'étais censée aller à la bibliothèque mais je préfère rester dans ma chambre. Je crois que je vais rester un moment cloîtrée à la maison.


Je reçois un appel d'Alex peu de temps après être rentrée :

« _Que s'est-il passé ? James m'a déjà tout raconté mais je veux les détails pour pouvoir tout expliquer à la police et l'enfoncer encore plus !

_Je n'ai sûrement rien à raconter de plus, mais ce que je peux te dire c'est que je ne suis pas prête de sortir de chez moi avant u moment.

_Tune dois pas le prendre comme ça. Ce n'est pas parce qu'il t'est arrivé de mauvaises choses que ça se reproduira toute ta vie. On va commencer par faire une sortie entre filles, en espérant que ça te remontera le moral.

_Je suis sûre qu'une sortie avec toi me fera le plus grand bien. Virée shopping ?

_Avec plaisir ! Mais ce sera ta journée, tu choisiras les magasins et tu achèteras tout ce qui te fera envie !

_Pas besoin de me le dire deux fois ! »


Les antidouleurs que le médecin m'a prescrit m'assomment et je m'endors en moins de cinq minutes.

Je ne dors pas d'un sommeil paisible, je fais des cauchemars toute la nuit et me réveille en sueur le lendemain matin en revoyant le visage empli de fureur de Lucas.

Je ne supporte plus de rester ans mon lit à essayer de me rendormir. Je décide donc de me lever avec de l'avance et de me bourrer de caféine pour aller au lycée. Je m'attend déjà à voir tous les regards se river sur moi, la caféine m'aidera sûrement à affronter cette journée qui semble interminable avant même d'avoir commencé.

Je m'emploie à tenter de cacher le bleu et le gonflement de ma joue avec une énorme couche de fond de teint mais sans succès. Une horrible trace noire ressort encore.

Une fois dans le lycée, je me rends compte que je ne me suis pas trompée : tous les regards sont braqués sur moi. Je dois être affreuse avec mon bleu et ma joue enflée. Mais à ma grande surprise, les expressions qui accompagnent les regards sont compatissantes et non pas prêtes à me jeter des critiques en pleine figure.

Chaque personne que je croise, ou presque, s'indigne contre ce qu'à fait Lucas. Certaines filles à qui je n'ai jamais parler me propose de rester avec elles si Lucas voulait me revoir. Je suis touchée par cette gentillesse venant de ces filles qui d'habitude se comportent comme des pestes avec tout le monde.

J'apprends aussi que Lucas s'est fait exclure définitivement, la direction n'a même pas chercher à connaître sa version, la déposition que j'ai faite à la police, le témoignage de James et la photo de mon visage tuméfié leur a suffit.

Cette journée ne se passe pas si mal finalement. Les autres élèves n'ont plus de regards indiscrets depuis le tout premier à mon arrivée.Ils ne demandent pas de détails sur la façon dont ça s'est passé,ni comment je me sens, ils se contentent de me donner des remarques réconfortantes.

A la fin de cette journée, je me sens plutôt rassurée pour la suite des événements, je n'ai pas peur de croiser Lucas dans les couloirs ou de le voir surgir dans une salle de classe.

Le commissariat m'appelle dans l'après-midi pour me dire que Lucas a avoué et s'est rendu directement, nous n'aurons donc pas besoin de faire un procès. Il sera en prison pendant six mois, trois pour bonne conduite, et ses chances d'obtenir un diplôme et une grande carrière sont réduites à néant.

Ma mère et James sont ravis d'entendre la sanction que Lucas a eu. Ils se réjouissent en préparant à dîner et en faisant des plans pour qu'on rencontre sa mère, il pense qu'elle et ma mère s'entendrait à merveille. Pendant un instant j'imagine ce que serait la sensation des lèvres de James sur les miennes. Je souris bêtement quand ma mère interrompt ma rêverie en me demandant de venir les aider.

Le dîner se déroule dans la joie et la bonne humeur et quand James s'apprête à partir je le retiens sous le porche :

« _Attends !

_Oui ? »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je m'avance en lui prenant le visage dans mes mains. Je pose délicatement mes lèvres sur les siennes et il me rend mon baiser.

Je finis par me détacher de lui au bout de longues secondes et il me regarde avec de yeux pleins de bonheur.

« _Qu'est-ce que ça signifie ? Me demande-t-il plein d'espoir.

_Ça veut dire que je veux tenter quelque chose avec toi. »

La première foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant