8217 km - Larry Stylinson

Chapitre 9 : Underwater

— H, tu t'endors là. Sérieux, pourquoi vous êtes aussi fatigués ? Je me demande comment fait Louis pour réussir à taper dans le ballon.

Mon meilleur ami fait un signe de tête vers Louis, qui est un peu plus loin, sur la pelouse, en train de s'entraîner tout seul au football. Liam et moi sommes allongés sur les transats, côte à côte, en maillot de bain. C'est un des côtés d'Henderson que j'aime. Il est 17h30 et il fait encore suffisamment chaud pour se permettre cela. Mais en effet, je m'endors presque.

— Oh ça va, je réponds, c'est pas comme si on n'avait pas dormi depuis trois jours non plus, t'exagères.

— Peut-être, mais en attendant quand j'ai ouvert la porte tout à l'heure, j'ai cru voir deux zombies.

— On n'a pas beaucoup dormi. Il faisait jour quand on s'est endormis...

Liam hausse un sourcil avec une sorte de sourire en coin, et je mets quelques secondes à le remarquer et encore plus à le comprendre. Je secoue la tête immédiatement et me redresse dans le transat.

— Non, je t'interdis de penser ça, je réponds en grondant presque. Il y avait juste de l'orage. Et, tu sais...

— Il s'est moqué de toi ?

— Quoi ? Non, non en fait, pas du tout. Étonnant, n'est-ce pas ? Liam hoche la tête. En fait, il a été très sympa. Je regarde Louis, toujours occupé à se concentrer sur le ballon. Il m'a tourné vers lui, calé son oreiller dans le dos pour que j'ai un obstacle entre le tonnerre et moi, et on a discuté.

— Toute la nuit ? s'étonne Liam, mais il semble content.

— Ouais, toute la nuit. Je lui ai parlé de mon père.

— Oh.

Je tourne les yeux vers le brun. Mon père n'est pas vraiment un sujet sensible, je ne sens pas mon coeur se serrer lorsqu'il est évoqué. En vérité, je ne l'ai pas vu depuis quelques années maintenant. Il a juste arrêté d'appeler à Noël. Maintenant, j'ai Robin, et même si je ne dirai jamais que c'est mon père, je suis heureux qu'il soit dans ma vie, et celle de ma mère. Mais il est également vrai que je ne parle pas souvent de mon père, à part à Liam.

— Ce n'était pas le sujet de toute la nuit non plus, j'ajoute, j'ai juste raconté à Louis pour ce qu'il m'a fait avec l'orage.

— C'est un connard.

— C'est mon père...

Car en effet, même si je lui en veux pour beaucoup de choses, pas seulement cette soirée où il m'a forcé à affronter ma plus grande peur qui n'a que grandi, il reste mon géniteur. Lui en vouloir d'exister et de m'avoir rendu malheureux serait stupide car c'est en partie grâce à lui que je suis présentement à côté de Liam. Je suppose simplement qu'être un bon père n'est pas quelque chose que tout le monde peut faire à plein temps. Ce n'est pas grave. Je ne lui en veux plus vraiment, je crois.

Le silence nous berce un court instant. Je soupire.

— Eliott m'a envoyé des messages ce week-end. Il m'a appelé, aussi.

Liam se tourne vers moi, ennuyé.

— Et donc ? Demande celui-ci.

— Et donc comme d'habitude, je réponds. Liam acquiesce. Il veut que j'aille le voir ce soir.

Je ne regarde pas mon ami, parce que je devine le regard plein de reproches qu'il doit me lancer, et je n'ai pas besoin de cela maintenant. Alors je regarde Louis qui continue à jongler avec le ballon.