Chapitre 21 : Reborn

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Puis après la rechute, il y a le sevrage.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis planté devant sa maison. Deux heures ? Peut-être plus ? Ou au contraire, moins, mais le temps me paraît si long. Je ne sais pas pour sûr, mais en tout cas j'ai eu le temps de voir passer trois fois le même homme qui promenait son chien, alors je peux déduire que cela fait un moment.

J'appréhende, c'est évident. J'ai peur. J'appréhende la réaction d'Eliott, j'appréhende ce que cela va impliquer dans l'instant présent mais aussi l'après. J'appréhende comment je vais pouvoir me reconstruire et j'appréhende tous les détails auxquels on ne pense pas avant de les vivre.

Mais je ne veux pas reculer : je veux le faire. Peut-être que je vais pleurer, peut-être que je vais crier, peut-être que je n'ai même pas idée de ce qui m'attend à l'intérieur, mais je dois le faire.

En réalité, je n'ai encore jamais quitté quelqu'un.

J'ai déjà repoussé gentiment les quelques filles qui m'ont fait des avances dans ma vie, leur disant simplement que je préfère les garçons, et elles ne l'ont jamais mal pris... bon, Briana était un peu outrée lorsque je l'ai repoussée en 4ème parce que mais comment tu peux être sûre si tu n'as pas essayé ?! mais je ne m'attendais pas à une réaction très intelligente de sa part de toute manière. Je ne suis pas un briseur de coeur ; je ne compte pas beaucoup de conquêtes à mon compteur — deux seulement — mais je n'ai jamais quitté. Pourtant, aujourd'hui, c'est ce que je m'apprête à faire. C'est ce que je veux faire, c'est ce que je dois faire et c'est ce que je vais faire.

Après tout, peut-être qu'il s'en doute ? Je ne réponds plus à ses appels et ses messages depuis un moment maintenant... Il me l'a assez reproché et Eliott est loin d'être bête ; il doit se douter de quelque chose.

Pendant un temps, je me demande comment je réagirais si quelqu'un me quittait. Je commence à sympathiser avec ce que je m'apprête à faire, avec les ressentis d'Eliott et la façade qu'il aborde. Mais je me raisonne rapidement. Son coeur ne sera pas déchiré, juste sa fierté. Il ne m'aime plus depuis un moment. Je ne l'aime plus non plus depuis presque autant de temps. Et le plus triste, c'est peut-être que cela n'a jamais été une question d'amour.

Je secoue la tête afin de me sortir de mes pensées et je fais finalement un pas en avant pour me diriger vers la porte de derrière. Une fois devant celle-ci, je souffle un bon coup. C'est bon, ça va aller. Je ne suis pas sûr de croire à ces mots, mais je me les répète.

Je lève mon bras et toque à la porte. Un peu d'agitation se fait entendre à l'intérieur et quelques secondes plus tard, Eliott m'ouvre la porte. Il me regarde de haut en bas, puis il se décale pour me laisser entrer. Il sait. Évidemment qu'il sait.

Hey, je dis une fois à l'intérieur.

Harry.

Il referme la porte et au lieu de s'asseoir sur le canapé comme il fait constamment lorsque je viens, il se dirige vers le petit réfrigérateur et sort deux bières, puis il m'en tend une. Pas de remarques, d'insultes, une bière gentiment proposée. Je déglutis.

Non merci, je décline. Je ne vais pas... rester longtemps.

Il acquiesce silencieusement et la remet au frais puis il pose la sienne et se met devant moi. J'ai du mal à garder la tête haute et ressens autant de peur que de gêne. Comment je fais ? C'est fini entre nous. Non, trop direct, j'en serais incapable. Je te quitte. Non, personne ne fait ça ! T'es célibataire ! Oh, je suis un désastre...

Je vais pas te laisser faire Harry, tu le sais ?

Sa voix me sort de mes pensées et je fronce légèrement les sourcils.

8217 km - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant