Prologue - Jolhan Preüm

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Prologue

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Prologue

Eté, 2e jour de Tharöl, an 231 après l'Achèvement

Jolhan Preüm

D'aucuns se plaisent à croire que la journée par laquelle tout s'est achevé fût effroyable, toute en précipitations et vents violents ; comme si les dieux célestes, témoins des événements du Contrebas, avaient tenu à souligner la gravité des actes posés par un concert de tonnerre et de bourrasques hurlantes.

Bien qu'aucun érudit ne soit parvenu à mettre la main sur des écrits agréés pouvant étayer de tels propos, la Communauté Sagace et ses membres partagent cette vision de l'Histoire, fait rare par les temps qui furent et par ceux qui sont toujours. L'idée saugrenue qu'un événement d'une telle ampleur ait pu se dérouler en toute discrétion demeure à l'heure actuelle inconcevable pour la totalité de la populace, érudits et ouvriers confondus ; car cela ne peut être qu'à grand renfort d'éclairs et de grêle que le vent du changement s'est levé.

La réalité, mes chers amis, est bien entendu toute autre et correspond peu, je suis navré de vous l'apprendre, à l'idée que nous avions pu nous en faire. La journée où tout s'est achevé fût délicieuse. Aussi hauts qu'ils pouvaient l'être en plein hiver, Algarn et Sgöth, seuls dans un ciel sans nuage, dispensaient à qui était là pour les recevoir leurs rayons bienfaiteurs. Le gel avait offert finesse et teintes immaculées aux mauvaises herbes qui, malgré le froid mordant, tapissaient la Plaine Inondée. Le paysage dévoilé était à couper le souffle.

Je ne dispose point d'écrits agréés par les hauts dignitaires de la Communauté pour appuyer mes dires. Voyez justement par-là la preuve de la véracité de mes propos. Car de la myriade de documents entreposés dans les souterrains, il me paraît bien étrange que peu traitent de ce jour fatidique où la magie disparut à jamais de nos contrées. Bien étrange, et à la fois bien pratique pour dispenser une unique vérité. Ne soyez point surpris de ne trouver aucun document d'époque parmi ces quelques écrits, car leur totalité ne fût rédigée que de nombreuses années après l'Achèvement, malmenant la vérité sans une once de décence pour ceux qui sacrifièrent leur vie et bien plus encore.

Je me nomme Jolhan Preüm, Sagace de second ordre, érudit de la cité Ombrivage des contrées de Contrebas. Le récit que je m'apprête à vous livrer n'a nullement été inventé par mes soins, n'y voyez pas les ultimes frasques d'un vieillard mal luné ; il s'agit de ma retranscription d'un authentique ouvrage bien plus ancien que moi et remontant au temps d'Avant, que j'ai eu l'honneur –et le malheur– d'avoir en ma possession de longues années durant. Le manuscrit original parti en fumée, conséquence honteuse de ma négligence, c'est en tant qu'ultime dépositaire de l'Histoire telle qu'elle s'est effectivement déroulée que je m'apprête à la coucher sur papier dans l'espoir qu'avec le recul nécessaire la Communauté d'aujourd'hui ne la censure pas trop hâtivement. Car au-delà de ce qu'implique ce récit, il n'en demeure pas moins une part de chacun d'entre nous.

Ainsi je commence à vous conter la vérité : S'il est vrai que le ciel fût clément le jour de l'Achèvement, ce ne fût hélas pas le cas lors du dix-huitième jour de Tharès, voici deux cent cinquante ans. 

Les Astres de ContrebasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant