Chapitre 9 - Isarius Taafin

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Chapitre 9

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Chapitre 9

Hiver, 2ème jour de Misgâ, 13 ans avant l'Achèvement

Isarius Taafin

Fort heureusement la porte avait été faite de pin, un bois tendre que le stylet de bronze qu'Isarius serrait toujours de sa main gauche n'avait pas eu le moindre mal à pénétrer. Si elle eut été composée de solides planches d'if, jamais le graphe qui l'ornait à présent n'y aurait été tracé avec une telle diligence.

Du coin où avait trouvé refuge Alaïne, les bras ballants et le teint cireux, la rune impressionnante de précision lui paraissait avoir toujours fait partie intégrante du battant. Ses généreuses arabesques se mariaient à merveille aux rayons du bois, et il ressortait de l'ensemble une harmonie qu'auraient jalousée bien des artistes. Bien entendu, un examen plus poussé n'aurait pas manqué de révéler la grossièreté de ses traits, mais il aurait alors fallu pour cela en approcher suffisamment l'œil.

L'homme qui se tenait devant son oeuvre avait cessé tout mouvement depuis une dizaine de secondes. Les sens aux aguets, il attendait. Le vacarme qui quelques instants plus tôt s'était élevé depuis hall avait à présent gagné l'étage, et les pas précipités d'une dizaine de mercenaires en faisaient vibrer le parquet. Une multitude d'ombres ne tarda pas à se matérialiser sur le seuil de la pièce, accompagnée de voix étouffées par l'épaisse porte de pin.

- A l'intérieur... ,  soufflaient-elles, là-dedans ... j'entends geindre la catin...

Un formidable coup fit alors trembler la pièce du sol au plafond, suivi d'un second puis d'un troisième. S'acharnait-on au marteau ou à la hache ? Alaïne aurait bien été en peine de le dire ; mais toujours était-il que le bois tressautait sous chaque assaut, de même que la poussière pleuvait sur sa tête. Mais par quelque miracle -non, se corrigea-t-elle, par quelque magie- le lourd battant tenait bon.

Comme s'il avait jusque-là attendu confirmation de l'efficience de sa magie, Isarius fit volte-face et rejoignit en deux rapides enjambées l'unique fenêtre de la chambre. Saisissant à pleines mains le châssis, il l'arracha plus qu'il ne le fit coulisser et jeta un œil à la ruelle en contrebas. A peine éclairée, tortueuse et souillée d'immondices divers et variés, elle n'avait d'engageant que la perspective d'une retraite discrète ; tout ce que l'homme désirait en cet instant. Sans un regard pour Alaïne, il enjamba fort inélégamment le rebord et entreprit de basculer de l'autre côté.

La chute promet d'être rude, se dit-il, mais rien qu'un atterrissage contrôlé ne puisse éviter.

Alors qu'il s'apprêtait à sauter vers la relative sûreté qu'offrait le boyau malodorant, une solide poigne se referma sur le col de sa chemise et le tira violemment en arrière. S'écroulant de tout son poids sur le parquet, Isarius jura. Il n'attendit pas de s'être entièrement redressé pour hurler à la fillette :

Les Astres de ContrebasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant