Chapitre 8 - Isarius Taafin

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Chapitre 8

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Chapitre 8

Hiver, 2ème jour de Misgâ, 13 ans avant l'Achèvement

Isarius Taafin

Ce qu'Isarius Taafin appréciait le plus dans les grandes villes était l'anonymat qu'elles assuraient. Aussi étonnant que cela ait pu paraître -et force était de constater qu'il en était le premier surpris-, les bordels ne venaient qu'en deuxième position, tout juste devant les auberges servant une bière acceptable pour un prix qui l'était tout autant. Anonymat, catins et alcool bon marché formaient ce qu'il se plaisait à appeler sa Sainte Trinité. Avec un grand "S" et un grand "T", s'il vous plait, car s'il était bien trois choses en Contrebas auxquelles il attachait une certaine importance, c'étaient ces trois-là.

Deux jours seulement s'étaient écoulés depuis qu'il avait pour la première fois foulé le sol de Lithice, cité fortifiée des terres du nord, et il n'avait pas fallu plus de temps au charme lugubre des hauts remparts de pierre et des sinistres ruelles pour se déployer et opérer sur sa personne. La noirceur des lieux l'avait touché en plein cœur -si tant était que l'on pouvait toujours considérer qu'il en possédait un- et il aurait bien été incapable de ne pas le reconnaître. Isarius évoluait en effet à Lithice comme un poisson dans l'eau, et tout dans cette ville, absolument tout, lui hurlait d'y poser définitivement bagage.

Mais poser bagage, où que ce fut, était totalement exclu.

L'établissement bien peu recommandable sur le seuil duquel il se tenait semblait tout à fait à même de satisfaire les trois pierres angulaires de son existence. De sa nouvelle existence, se corrigea-t-il, mi-amusé, mi-contrit. Comme à moitié arraché par une violente bourrasque, le panneau de bois claquant au vent renseignait le bordel comme un incontournable de la cité. Le genre d'enseigne douteuse dont les voyageurs les plus téméraires avaient coutume de s'échanger l'adresse. Le nom qu'il portait, Le Fourre-Tout, était en effet des plus révélateurs et promettait à Isarius une soirée mémorable. N'y tenant plus, il bouscula la porte d'un solide coup d'épaule et pénétra dans le bâtiment.

L'air froid et piquant qui s'y engouffra avec lui dut déranger l'homme cul nu qui semblait tout à son affaire avec une belle créature rousse dans le coin adjacent. Celui-ci grogna dès l'ouverture du battant et tenta maladroitement de porter sa main à sa culotte qui, l'avait-il oublié, reposait à hauteur de ses chevilles. La jeune fille que l'homme besognait lança à Isarius, par-dessus l'épaule de son client, un regard qui témoignait à la perfection de l'ennui qui était le sien ; puis, constatant que le nouveau venu était à son goût, lui adressa un clin d'œil qui ne manqua pas de faire son petit effet. Mais s'il se trouvait effectivement dans un établissement ou le partage, au sens large -très large- du terme, était de mise, il n'appréciait que peu de se le voir rappeler de la sorte. Culbuter une catin était une chose, avoir sous le nez l'arrière-train de son précédent amant en était une autre. Il se détourna donc, décidé à trouver compagnie qui en vaille la peine.

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