Chapitre 11 : D'un volcan en éruption aux souterrains

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Des rochers, partout.

Je pivote sur place. Des pierres, des roches, des montagnes, des volcans en  quasi-éruption.

- Arta, on doit obligatoirement passer par là ? demande Victor, la voix tremblante.

- Oui. Restez derrière moi, il vaut mieux que je passe devant.

Nous nous exécutons. J'entends la voix de Ted :

- Sommes-nous encore loin de la porte parallèle ?

Arta éclate d'un rire sans joie :

- Oh que oui ! Il nous reste encore à traverser ces chaînes de montagnes éruptives, puis il y aura la deuxième forêt et le lac des Mortels.

Ted, déprimé, se laisse tomber contre un rocher et ramène ses genoux contre son visage. Il est à bout et n'en peut plus de marcher. En plus, le voyage risque d'être encore très long. Et dangereux, surtout.

- Le lac des Mortels ? répète Lia. Qu'est ce que c'est que ça ?

- C'est une grande étendue d'eau grisâtre où les morts ont l'habitude de se laver.

- Mais je croyais que les morts n'avaient plus besoin de se laver ! Tu ne nous avais pas dit que les morts n'éprouvaient plus aucun besoin humain ?

- Si, bien sûr. Mais chaque mois, nous faisons une sorte de pèlerinage jusqu'au lac. Tous les morts de tous les villages se retrouvent au lac des Mortels car nous avons besoin de nous laver une fois par mois, sinon nous dépérissons.

- Vous... quoi ?! s'écrie Isaac.

- Nous dépérissons, répète Arta. Nous pourrissons, en quelque sorte. Nous devenons des "morts-vivants", comme disent les Vivants.

Un grand silence suit ces propos. Devant nos airs béats, Arta coupe le sujet :

- Mais cela n'est pas la question. Lève-toi, adresse-t-il à Ted. Nous partons.

Ainsi en file indienne, nous nous faufilons au creux d'un chemin caillouteux, entre deux collines rocheuses.

- Ce sont des volcans ? je demande en montrant du bout du menton les montagnes.

- Oui. Au moindre séisme ou mouvement des plaques, la dorsale où nous nous trouvons sera remplie de lave.

Je ferme les yeux à ces mots, mon coeur battant à tout rompre.

- Il y a donc encore des séismes, des catastrophes naturelles, dans le monde des Morts ? s'étonne Isaac.

- Évidemment. Tout le système naturel de la Terre se retrouve ici. La faune, la flore, cela avec une pointe d'imagination...

Pendant que nous marchons, je le questionne :

- Pourtant, le ciel ne contient pas d'astres... alors d'où vient la lumière du jour et de la nuit ?

- C'est notre Dieu de l'imagination qui crée la lumière. Quand il s'approche de notre monde, c'est la lumière du jour. Quand il s'éloigne, c'est la nuit. Voilà pourquoi quand il est venu directement au village, la lumière était aussi dense. Notre dieu est aussi le vôtre. C'est le dieu du monde des Vivants, de l'imagination et des religions, des rêves et de la réalité, de l'amour et de la haine, de la..

Il s'arrête soudain. Ted pousse un cri. Je regarde brusquement mes pieds. Mes chevilles tremblent, mais ce n'est pas dû à la peur.

Le sol bouge.

Un grondement déchire alors l'atmosphère. Je recule d'un pas, fixant les montagnes. De l'une d'elles vient de jaillir un jet de lave.

Aussitôt, je me mets à courir droit devant moi. Le paysage semble s'effondrer tandis que je trébuche contre la pierre, tousse et me relève sous les secousses. Un cailloux brûlant m'érafle la joue, mais je continue au milieu des cris et des éboulements.

Je ne sais pas où sont les autres, mais pour l'instant je m'en fiche. La poussière m'atteint de toute part, et la lave commence à s'insinuer sur le chemin. Je n'ai plus que quelques secondes pour réagir.

- Par là ! Par là ! hurle Arta sur le côté de la colline.

Je le rejoins comme je peux. J'entends la chaleur des flammes arriver plus vite que ma course. Dans un dernier élan, j'atterris sur la roche, juste à côté d'Arta. Celui-ci désigne un coin de la colline. Je regarde à mon tour et aperçois une sorte de passage s'étendant jusqu'à l'intérieur de la pierre.

- Vas-y ! Nous serons à l'abri là-dedans !

Je grimpe avec difficulté. En-dessous, la lave atteint très vite les premiers rochers. Je parviens tant bien que mal à m'engouffrer par l'ouverture et rampe dans la passage, la respiration haletante. Mieux vaut ne pas être claustrophobe dans ces cas-là.

Me voici donc au coeur d'une montagne, sous le sol, dans un souterrain.

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