Vers un Nouveau Monde: I.

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C'était un simple après-midi d'automne. Assise à une table, une frêle jeune fille prenait le thé. C'était la règle, il fallait le prendre à quatre heures. A plusieurs reprises, le vent soufflait emportant quelques feuilles de chêne avec lui ; et, lentement, elles dansaient et tournoyaient sur ce sifflement sourd.
Elles semblaient avoir prisent leur envol, un moment.

Mais, déjà, d'un mouvement imperceptible, la robot-maid les avait toutes balayés. Décidemment, la jeune fille semblait troublée par ce simple geste. Elle fronçait les sourcils et posant sa tasse d'un coup sec, elle regardait le ciel.

La demoiselle aimait le ciel, il semblait avoir tant de mystères, lui. Les couleurs changeant par magie lui chuchotaient qu'il renfermait ce qu'elle seule cherchait vraiment. Ces mots qu'elle voulait saisir, cette réponse.

*~*~*~*

Cognant contre le marbre, des chaussures à talons vinrent mettre fin aux rêveries de cette dernière. Elle pivota et vit sa mère se rapprocher à grandes enjambées, les joues en feu, malgré qu'elle ne courrait pas. Tout excité, elle s'écria :

- Ça y est, nous savons qu'il existe !

Manquant de renverser sa messagère, la fille bondit de sa chaise et couru comme si sa vie en dépendait. Elle traversa le jardin, sauta la barrière qui séparait le jardin du palace et fonça dans l'allée. A sa vue, les Gardiens ouvrirent la porte principale en quatrième vitesse et elle se faufila dans le palace, prenant de la vitesse, encore et encore. Elle esquiva habilement toutes les maid et robot-maid sur son passage pour arriver en furie dans le QG. Cette fois-ci, elle ouvrit la porte de ses propres mains, le claquement résonna dans toute la demi-sphère. En quelques secondes, elle atteint le centre de la pièce, sous les regards étonnés des scientifs' et du petit comité regroupé au centre.

Dans ce comité se trouvait son père, le Roi, qui la foudroya du regard :

- Sapristi, ma fille ! On aurait cru qu'une meute de loups enragés venait d'entrer !

Elle lui rendit son regard puis remarqua deux hommes se tenant à côté de celui-ci. L'un avait des yeux d'argent, et lui souriait, l'autre avait des yeux d'or et la fixait comme un extraterrestre qui venait de débarquer sous ces yeux, qui, de plus, venait d'enfreindre d'innombrables règles de politesses. La benjamine bredouilla des excuses et s'installa devant l'écran central. L'écran central, comme tous les écrans de la demi-sphère, était bleu translucide, et, d'un seul mouvement de main, on pouvait l'agrandir ou le rétrécir à l'infini, le dédoubler, le recoller à d'autres, bref, c'était l'outil phare du QG, qui contrastait si bien avec la pâleur de la pièce. Ainsi, tout le reste était blanc de blanc : les murs, les gradins, le plafond, les vêtements des scientifs' et les scientifs' eux-mêmes, faute de travail. Et dans cet univers-là, se tenait une seule fille, si petite et si fragile mais déterminée à avancer quitte à y laisser sa vie. Ses doigts virevoltaient sur l'écran à une vitesse inouïe lorsqu'une voix grave et tranchante retentit derrière elle :

- Pourquoi la laisser vous toucher à vos écrans ?

Mais, du tac au tac, elle lui lança :

- Les filles sont plus intelligentes que vous ne le pensiez. Tiens ! J'avais raison ! Le Nouveau-Monde existe vraiment !

Puis les deux hommes échangeaient à voix basse derrière et l'homme à la voix grave arqua un sourcil. L'autre regardait attentivement la petite qui se tourna en entendant le bruit sec des talons de sa mère. Cette dernière, toute essoufflée de sa marche rapide se tint quelque instant contre la porte puis les rejoignit. Elle retrouva toute son élégance lorsqu'elle demanda de sa voix fluette :

- Vous ne vous êtes pas présentés encore ?

Le silence tomba dans la pièce. Mal assurément cette fois, elle reprit :

Vers un Nouveau MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant