Ennora
J'étais assise, nue à l'exception de la bande à ma poitrine et d'un léger drap sur mes cuisses, sur une chaise près de la bassine dans laquelle je m'étais lavée. Elizabeth était accroupie devant moi et appliquait consciencieusement de l'alcool sur chacune de mes plaies. La légère brûlure de l'antiseptique me tenait éveillée mais était supportable.
Et puis surgie de nulle part, la panique s'empara de moi et toutes les certitudes qui m'avaient jusqu'à présent permis de rester calme malgré tous les événements inexplicables qui m'arrivaient disparurent. Comme si je ne me souvenais plus de pourquoi j'étais là mais que je réalisai seulement le danger et l'absurdité de mes actes. Je venais de tomber dans un puit d'évidences et de peurs. Je réalisai à présent à quel point ma confiance avait été aveugle. J'avais suivi de parfaits inconnus sans me poser de questions et à présent j'étais perdue dans un endroit inconnu et complètement défigurée. Un abruti passait son temps à me hurler dessus et je n'avais rien trouvé de mieux à faire que de le suivre et dire oui amen à tout ce qu'il me sortait. Résultat ; j'étais dans un monde parallèle. Mais bien sûr. Je pense que j'avais dû oublier d'allumer mon cerveau.
Plus les secondes passaient plus la peur, une peur panique, s'emparait de moi.
Je repoussai Elizabeth qui était en train de soigner mes nombreuses blessures et «égratignures » - d'ailleurs il faudrait que je revienne sur ça aussi – et me mis à tourner en rond dans la pièce comme une dératée. Du moins autant que mon corps endolori me le permettait. Je me mis à me tirer les cheveux et mon souffle s'épaissi dans mes poumons. La jeune fille qui était avec moi voulu me calmer mais le contact de sa main sur mon bras eu l'effet inverse. C'était la goutte de trop. Je frappai, griffai, poussai tout ce qui me passa sous la main. Je peinai de plus en plus à respirer et mon coeur battait la chamade. Le bandage à ma poitrine était probablement la seule chose qui empêchait mon palpitant de sortir – une autre chose dont je devrai m'occuper lorsque j'aurai, soit quitté cet endroit, soit retrouvé mon calme.
Je ne compris pas ce qui m'arrivait mais sans que je m'en rende compte je me retrouvai par terre, convulsant, toussant et tentant vainement de retrouver mon souffle.
Un instant je me revis le soir... le soir où ma vie avait basculé. Ça faisait plusieurs années, depuis ce soir-là en fait, que je n'avais pas fait de crise de panique aussi forte. Ce souvenir accentua plus encore mon malaise et une peur encore plus viscérale s'empara de chaque cellule de mon être. Je songeai à mon père. À Max. Et à Issam. Et cette dernière pensée m'agaça au plus haut point. Pourquoi, bon sang, est-ce que j'avais peur pour lui, au même titre que pour mon père ? J'allais certainement encore plus mal que je ne le pensais.
Des taches noires apparurent aux coins de mes yeux, et de moins en moins d'oxygène parvenait à atteindre mes poumons. Je savais que je devais me calmer, que je devais reprendre une respiration normale mais moins j'arrivais à respirer plus je paniquais et je ne parvenais pas à réfléchir à quoi que ce soit d'autre qu'à l'air qui me manquait. Quelques secondes plus tard, quand je cru que j'allais mourir d'asphyxie, la porte vola contre le mur, des pas claquèrent sur le sol et des cris retentirent. Si j'avais pu hurler, je l'aurais fait. Mais ma voix m'avait fait faut bon et je ne parvins même pas à me débattre lorsque des bras me maintinrent au sol.
-Pardon, entendis-je Elizabeth murmurer avant de sentir enfin mes muscles se détendre et l'air affluer à nouveau dans mes poumons.
Je voulu lui demander pourquoi mais mes yeux commencèrent à se fermer d'eux même et je sombrais dans un sommeil profond.
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L'ultime feuille
FantasyEnnora est une jeune fille solitaire et passionnée. Elle danse pour oublier que sa vie n'est pas celle qu'elle aimerait. Elle se cache derrière des heures d'entrainement pour ne pas avoir à affronter la vie. Mais lorsqu'elle se réveille en plein mil...