Chapitre 10 - Colère

32 3 9
                                    

Ennora

-Issam, calme-toi, bon sang !

-Je veux la voir. S'il-te-plait, Izzy.

-Arrête de gindre. Elle a besoin d'air et de repos.

-Ça fait deux jours que je campe devant la porte Elizabeth. Je ne resterai pas longtemps je veux juste...

Mais déjà je n'écoutais plus, trop occupée à regarder autour de moi. J'avais l'impression de voir pour la première fois depuis des années. La lumière filtrant au travers d'une petite fenêtre au-dessus du lit dans lequel je me trouvais me fit cligner plusieurs fois des yeux. Quand enfin ces derniers se furent habituer à la luminosité, je pu détailler la pièce. À part le lit, qui tenait plus d'une table que d'un lit, sur lequel je me trouvais, il y avait une commode chargée de flacons en verre, de bandages et d'ustensiles crochus ou tranchants et, à l'autre bout de ma couche de fortune, un paravent blanc lavé. La seule lumière provenait d'une haute fenêtre au-dessus de moi. Je m'appuyai sur mes bras pour me hisser jusqu'à la vitre mais retombai bruyamment sur le dos.

Un mouvement du côté du paravent me fis tourner la tête. Issam déboula à côté de moi, l'air inquiet, suivi de près par sa soeur. Cette dernière s'approcha de moi et se baissa à ma hauteur.

-Bonjour, Ennora. Comment te sens-tu ?

Je dus me racler la gorge plusieurs fois avant de parler d'un filet de voix rauque.

-Froid. M-Mais mieux.

-Bien. Issam va aller te chercher de quoi manger une morse et je vais te trouver quelque chose de propre à te mettre sur le dos, dit-elle en remontant une épaisse couverture en peaux- peaux?- sur ma poitrine.

-Pas faim. Merci.

Je dis le dernier mot de la voix la plus forte que je pu en la regardant droit dans les yeux.

-Je n'ai rien fait. C'est à lui que tu le dois d'être encore en vie, dit-elle en se rabrouant avec un geste du pouce en direction d'Issam.

Apparemment elle n'aime pas les remerciements.

Elle se releva et glissa quelques mots à l'oreille de son frère, appuyé contre le mur aux pieds du lit, les bras croisés sur la poitrine. Je ne put entendre leur échange mais je vis le jeune homme hocher gravement la tête avant qu'Elizabeth ne quitte la pièce.

Issam s'avança vers moi et je vis qu'il boitait légèrement.

-Ce n'est rien du tout. Une égratignure. Expliqua-t-il devant mon regard interrogatif.

Je me gardai de lui dire que si ça n'avait été qu'une égratignure il ne boiterait pas comme ça. On avait peut-être pas la même définition d'égratignure, après tout.

Il tira une chaise que je n'avais pas remarquée jusque-là et s'assit près de moi. Je fis mine de me relever mais il s'empressa de m'aider. Il plaça des coussins dans mon dos pour que je sois assise et comme il se penchait sur moi pour m'aider à me caler dans les coussins, je pris une grande inspiration afin de retenir un cri et son odeur emplit mes narines.

Romarin. Feu de bois, musc et romarin.

-C'ét...

Je me raclai la gorge pour pouvoir continuer.

-C'était toi. Tu... étais là quand j'étais inconsciente.

Il poussa un soupir et passa plusieurs fois la main dans ses boucles noires.

Pendant un instant, alors qu'il me fixai je vis briller une étincelle dans ses yeux presque noirs. De la tristesse ou de la colère peut-être.

-Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie Ennora. Quand j'ai entendu ton cri... je suis arrivé au moment où ta tête touchait le sol et si Izzy n'avait pas été là je me serai jeté sur toi pour m'assurer que tu allais bien. J'ai eu peur pour elle aussi et comme elle s'occupait de toi je me suis jeté sur la bête...

Nouveau soupir. Nouveau regard.

-Quand j'en ai eu fini avec elle, je vous ai ramenées ici. Tu étais inconsciente et... et grièvement blessée. Elizabeth n'avait rien, Dieu- merci, mais toi... J'ai voulu rester avec toi mais ils m'en ont empêché. On m'a dit que je devais être soigné. Sur le moment j'ai eu envie de les envoyer se faire voir – une jambe cassée et deux ou trois coups de ne m'aurait pas tué. Mais de toute façon je ne pouvais pas accéder au bloc. Dès que ma jambe a été réparée je suis revenu vers toi. Et je ne t'ai quittée que lorsqu'Izzy m'y a obligé.

Quest-ce que je disais, pas la même notion d'égratignure.

Il évita mon regard et fixa toute son attention sur ses mains.

-Si tu savais comme je m'en suis voulu ! Tout ça est de ma faute. J'aurais dû être là pour te protéger.

Je ne sus d'abord que répondre. J'étais à la fois complétement perdue et certaine que ce n'était pas de sa faute.

Perdue parce que je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais, parce que je ne savais pas qui croire, parce que je ne savais pas comment rentrer auprès de mon père.

À cette pensée un sanglot remonta dans ma gorge et je m'efforçait de ne pas laisser paraître mon trouble. Une dizaines de questions tournaient à une vitesse vertigineuse dans ma tête. Des bribes de souvenirs me revinrent. Un éclaire de lucidité me traversa l'esprit et je me rappelai que je ne connaissait absolument pas cet homme.

En fait, peut-être n'étais-je pas aussi certaine que ce ne soit pas la faute d'Issam. Après tout je ne savais pas comment j'étais arrivée ici. Ni ce qui m'avait attaquée. Tout ce dont je me rappelais étais que quelque chose m'avait attaquée. À mis chemin entre le tigre et...Je n'en savais rien à vrai dire. Il y avait énormément de choses que je ne savais pas. Mais une fois de plus je décidai de me fier à mon instinct.

-Ce n'est...pas de votre faute.

-Mais tu ne comprends pas ! C'était mon boulot ! J'aurais dû être là ! J'ai tout foiré depuis le début ! s'emportât-il, en se levant d'un bond, bousculant sa chaise qui tomba avec fracas sur le sol.

Ses cris me firent sursauter mais il ne parut pas le remarquer. Il tournait à présent comme un lion en cage, se passant sans cesse les mains dans les cheveux. Quant à moi, je n'osais prononcer un mot, un horrible pressentiment me nouant les entrailles.

Ce fut ce moment que choisit Elizabeth pour venir à mon secours. Elle entra dans la pièce, les bras chargés de vêtements et de victuailles.

-Issam, siffla-t-elle. Dehors. Un peu d'air frais ne te fera pas de mal.

Elle ajouta quelques mots dans une langue étrange avec un signe de tête dans ma direction.

Comme électrocuté, le jeune homme me regarda, honteux. Il fit mine de s'approcher mais parut se raviser, hocha la tête et parti.

-§-

Hello,

J'espère que vous allez bien. Je poste enfin la suite en espérant qu'elle vous plaira. Je suis infiniment désolée de ne pas avoir poster plus tôt alors que j'avais dit que je le ferai la semaine passée.

Et sinon, que pensez vous de ce chapitre? La colère d'Issam est-elle justifiée?

Ennora qui se retrouve encore un peu plus dans le bourbier... Qu'imaginez vous pour la suite?

P.S: des question un peu plus "techniques", parce que votre avis m'intéresse ;

J'ai commencé à mettre des musiques en média (même si les premières on été mise après coup ce qui fait qu'elles sont un peu en décalage avec le chap'...) parce que la plupart du temps j'écris et je lis en musique du coup je met (j'essaie) la musique avec laquelle j'ai écrit le chapitre, qu'en pensez vous?

(p.p.s .Si vous avez des idées de musiques qui correspondraient plus avec un chapitre dites le moi.)

Comment trouvez vous la couverture? J'hésite à la changer parce qu'on m'a dit que ce n'était pas super et je voulais savoir ce vous en pensiez?

L'ultime feuilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant