Chapitre 15 - Sale quart d'heure

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Issam

J'étais là, assis sur la branche d'un arbre à regarder la fille que j'aimais pleurer. À cause de moi. Parce que je m'étais comporté comme un enfoiré. Parce que j'étais un enfoiré.

Ça faisait une demi-heure environ que Marysa étais assise là, pleurant quelques minutes puis s'arrêtant un instant avant de recommencer. Elle parlait. Elle chuchotait à Son arbre et j'avais le sentiment d'entendre quelque chose de trop personnel pour être partagé, de m'immiscer dans son intimité. Mais je ne pouvais faire autrement. Je ne pouvais pas la laisser seule ici sans protection et je n'avais aucun moyen de ne pas entendre. Pourtant j'aurais préféré. J'avais envie de... de me frapper la tête contre un mur, de frapper dans quelque chose. Et par-dessus tout de la serrer dans mes bras. La seule chose qui m'empêcha de faire les deux premières fut le rugissement tonitruant qui me surpris tellement que je n'eus pas le temps de réaliser ce qu'il m'arrivait que je me retrouvai par terre. Le choc me coupa le souffle et il me fallut plusieurs secondes pour reprendre mes esprits et prendre conscience des deux visages penchés sur moi. Le premier était partagé entre la colère, les larmes et la surprise. Quant à celui d'Elizabeth, aucun doute possible, j'allais passer un très mauvais moment. Si je n'avais pas été terrorisé par son regard j'aurais fuis. Mais je présumai que ce serait certainement encore pire après donc je restai bien sagement assis sur la mousse.

-ISSAM. (Des fois que je n'aie pas bien entendu la première fois). Comment as-tu osé ? Tu es au courant des effets que ça a eu sur Elle ?

Je me relevai, très sérieux tout-à-coup.

-Je t'en prie, souffla-t-elle, dis-moi que je me trompe.

Sa voix s'était soudain réduite à un murmure et ses yeux brillaient d'espoir, à l'opposé de son humeur d'il y a à peine quelques secondes. Et elle se trompait, effectivement. Elle n'aurait pas dû avoir foi en moi.

Je baissai la tête ne pouvant me résoudre à lui dire à quel point j'étais lâche.

-Je croyais que tu valais mieux que ça, Issam. Je croyais que tu te battrais mieux que ça. Je pensais sincèrement que tu n'abandonnerais pas, toi.

-Je n'avais pas le choix, Elizabeth !

-On a toujours le choix. Et tu as choisi d'abandonner une des personnes qui avait le plus besoin de toi. Tu es lâche. Vous êtes tous lâches.

Sa voix était calme et elle gardait la tête haute mais je voyais dans ses yeux qu'elle était plus touchée qu'elle ne le laissait paraître. Et je savais pertinemment pourquoi. Mon coeur se serra encore et je dus faire un effort surhumain pour ne rien laisser paraître. Elle fit volteface et parti.

-Izzy.

Ma petite soeur me fit face à nouveau, sans un mot, elle attendit que je prenne la parole.

-Comment... Comment elle va ?

La lueur d'espoir dans ses yeux se ralluma et mon coeur se remit à battre.

-Tu n'as qu'une façon de le savoir.

Avant de s'arrêter à nouveau.

-Eliza...

Mais avant que je ne puisse finir ma phrase, elle avait disparu.

-Issam ?

Je me maudis intérieurement en me rappelant la présence de Marysa et en pensant que j'allais probablement passer un autre sale quart d'heure, et ce n'était vraiment pas le moment.

-Mary, je suis désolé. J'ai eu peur que...

Je m'attendais à de la colère de sa part, ou de la tristesse peut-être. Mais la bienveillance dans ses yeux me fit taire.

-Qu'as-tu encore fait, aingeal mór bán ?

Sa voix douce et sa gentillesse me firent l'effet d'un poing au coeur. C'était horrible de voir à quel point, malgré tout ce que j'avais pu faire de mal, elle gardait confiance en moi. Elle parvenait toujours à voir ce qu'il y avait de meilleur dans une personne. Et c'était peut-être pire que la colère de ma soeur à laquelle j'avais été confronté quelques instants plus tôt. Elle risquait de se brûler les ailes une fois encore par ma faute et pourtant elle continuait d'être la personne la plus forte et la plus bienveillante que je connaissais.

-Ça fait un bail que personne ne m'a plus appelé comme ça. Je n'ai plus rien d'un grand ange blanc, mo ghrá.

Ces mots que je n'avais plus prononcés à voix haute depuis des années me laissèrent un gout amer dans la bouche aux vus de ce que j'avais appris plus tôt.

-Va. Répare tes erreurs. Et parle à Elizabeth, tu sais qu'elle peut être... un peu prompte à réagir parfois.

Quel euphémisme.

Je me demandai un instant si elle parlait vraiment de mes erreurs vis-à-vis d'Ennora. Mais décidai que ce n'étais pas le moment de m'attarder sur la question.

-Je ne suis plus une enfant, ajouta-t-elle comme je restais planté là, à me demander si je pouvais la laisser seule. Je peux prendre soin de moi Issam.

Je fis mine de partir mais me ravisai et allai la serrer dans mes bras.

-Is breá liom tú. Tá a fhios agam nach ndéanann sé gach rud a réiteach ach faighfimid réiteach, geallaim. Murmurai-je avant de déposer un baiser sur son front et de me détourner pour rejoindre le village.

-§-

Elizabeth est un peu énervée je crois...

Pourquoi est-ce que ça la touche autant selon vous ?

Ce qu'Issam a entendu ?

Et avez vous des avis, des hypothèses ou des attentes pour la suite ?

Pour ce qui est de la langue étrange, c'est seulement des traductions Google alors s'il y en a qui comprenne ne soyez pas trop sévères et n'hésitez pas à me corriger.

aingeal mór bán : Grand ange blanc

mo ghrá : Mon amour

Is breá liom tú. Tá a fhios agam nach ndéanann sé gach rud a réiteach ach faighfimid réiteach, geallaim. : Je t'aime. Je sais que ça ne résout pas tout mais nous trouverons une solution, je te le promets.

Pour ceux qui se demanderaient...

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