L'ultime feuille

Chapitre 16 - Endormie

Issam

-TU AS QUOI ?!

-Cest entièrement de ta faute, Issam.

Le calme et la nonchalance d'Elizabeth ne faisaient qu'ajouter à ma colère et à ma frustration.

Elle continuait à étendre le linge sur les fils qui reliaient l'infirmerie et son chalet – et accessoirement, le mien aussi – sans m'accorder une once d'attention.

-Elizabeth !

-Issam.

Et elle osait se moquer de moi !? Si elle navait pas été ma soeur...Je poussais un grand soupir pour essayer de recouvrer mon calme.

-Elizabeth, pourrais-tu, sil-te-plait, m'expliquer POURQUOI EST-CE QUE TU AS ADMINISTÉ UN SÉDATIF À ENNORA ?!

En vain.

Mes cris eurent au moins pour effet de la faire se retourner pour me faire face. En revanche je n'étais pas sûr que ce soit une bonne chose.

-À part le fait qu'elle soit devenue ingérable et qu'elle ait failli s'étouffer parce qu'elle était en pleine crise de panique ? Ou qu'elle était tellement désorientée et apeurée que le seul résultat que j'ai pu obtenir avec la manière douce c'est d'avoir la peur de ma vie moi aussi ? Et tout ça parce que TU as coupé le Lien ? Oh, pour rien du tout.

Et elle se remit à étendre le linge. Pendant plusieurs minutes je restai sans bouger à essayer d'assimiler ses mots. Quand enfin l'information monta jusqu'à mon cerveau, je dû me retenir de l'étriper, jurai et parti vers l'infirmerie le plus vite possible. Mais lorsque j'arrivais la pièce était parfaitement calme. Je m'apprêtais à repartir quand je me souvins que mon adorable petite soeur avait endormi Ennora. Je fis donc le tour de la pièce au pas de course mais toujours pas trace de la jeune fille.

-ELIZABETH ! Hurlai-je en sortant comme une furie de la petite bâtisse – qui était quand même la plus grande du village.

Lorsque j'arrivai près d'Izzy je failli péter une durite devant le sourire fiché sur ses lèvres.

Que Dieu me vienne en aide, jallais létriper...

Elle dû finir par se rendre compte de mon état car elle fit un petit geste du menton pour m'indiquer notre habitat, un air un brin plus sérieux.

Je me précipitai sur la porte et pris à peine le temps de me demander pourquoi est-ce qu'Ennora ne se trouvait plus à l'infirmerie.

Je parcourus le rez-de-chaussée du regard et me rendis vite compte qu'Elle n'y était pas. Je gravis les marches quatre à quatre et lorsque j'arrivai devant les différentes portes je n'eus aucun mal à savoir dans qu'elle pièce Ennora se trouvait : Toutes mes affaires étaient posées devant la porte de ma chambre.

Au moins elle ne les a pas jetées par la fenêtre, c'est déjà ça.

Je soupirai, me passai la main dans les cheveux et poussai doucement la porte. Cette dernière souvrit en grinçant et je vis Ennora couchée sur mon lit. Ses cheveux blonds, presque blancs, étaient éparpillés autour de sa tête comme un halo argenté. Sa poitrine se relevait et sabaissait au rythme de sa respiration et son visage était presque aussi pâle que ses cheveux. Sa blancheur jurait avec la cicatrice qui parcourait son beau visage. Pourtant elle paraissait sereine.

Je m'approchai doucement de la couche, le souffle court et m'agenouillai près d'Elle. Je la regardai dormir un long moment, lui caressant les cheveux et puis je fini par me décider à rallumer le Lien. Aussi étrange que cela puisse paraître, Elle me manquait, Sa présence dans ma tête, le fil qui me reliait à Elle et qui avait été là depuis ce soir-là, où je l'avais vue pour la première fois alors qu'elle n'était qu'un bébé me manquait. Ennora me manquait.

Je pris sa main et, inspirant profondément, je me concentrai sur ce contact, sur les battements de son coeur et sa respiration régulière pour la relier à moi, comme je l'avais fait lors d'une nuit où le ciel avait versé sur nous ses larmes glacées, 16 ans auparavant.

-§-

Un chapitre plus court mais la suite devrait arriver d'ici à la semaine prochaine et elle est riche en émotions (en tout cas pour moi) et pas mal longue.

Comme d'habitude, qu'en avez-vous pensé ?
Qu'attendez-vous pour la suite ?