Infinity Woods

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Tu es dans la forêt, il fait sombre et tu as perdu de vue le petit sentier qui devait te ramener jusqu'à ta voiture.
Tu ne sais pas quoi faire car tu es seul et il n'y a pas de réseau.
Tu essaie d'avancer avant de rebrousser chemin et de chercher la grosse souche de bois qui avait attiré ton attention quelques minutes, ou quelques heures plus tôt, tu ne t'en souviens plus.
Mais tu ne la retrouves pas.

Cela fait maintenant deux heures que tu tournes en rond dans ce bois, qui semble changer à chaque fois que tu fais un pas. Il fait de plus en plus sombre et une brise commence à se lever. Tu commences à avoir peur, mais tu ne t'affoles pas non plus car tu sais que tu n'avais arrêté ta voiture qu'à la lisière du bois, près d'un lac.

Un ciel sans lune et des bois de plus en plus dense, tel est le paysage dramatique qui s'affiche devant toi.
La lampe de ton téléphone peine à éclairer ce mur sombre. Il fait de plus en plus froid.

Soudain, un bruit de pas derrière toi.
Tu te fige, tout les sens aux aguets. Mais rien ne se passe et tu continues ta longue marche tout en prêtant plus attention aux bruits alentours.

Ton cœur palpite. Tes mains tremblent. Quelque chose t'effleure le dos et te fais sursauter mais en te retournant il n'y a rien. Tu te tournes dans tous les sens car tu ne veux pas être de nouveau touchée. Il semble qu'il y ait quelque chose au loin, tu penses apercevoir quelqu'un qui t'observe et la tu cours. Tu cours aussi vite que tu peux comme si ta vie en dépendait.
Tu ne vois rien, des orties et des ronces te griffent les chevilles, tes cheveux s'accrochent dans les branches des arbres qui te barrent la route, tu es à bout de souffle, plein de sueurs froides, des larmes commencent à rouler sur tes joues sans que tu t'en aperçoive, tu cours parce que tu as vu quelque chose là bas, tu cours parce que tu as peur.

Tu trébuches sur une branche et tu tombes violemment au sol. Tu te relèves doucement et scrute les alentours.

Des voix. Comme des chuchotements. Tu les entends au lointain mais tu sais très bien que c'est dans ta tête. Tout se passe dans ta tête. Tu en a conscience mais tu ne veux pas te l'avouer.

Les voix sont de plus en plus fortes, elles crient, comme si elles te disputaient. Tu te bouches les oreilles mais tu sais que ça ne sers à rien. Tu fermes les yeux et secoue ta tête, comme si ce geste allait les faire partir.
Un bourdonnement incessant. Tu pleures. Tu ne sais pas quoi faire, tu as l'impression de devenir fou. Tu cries de toutes tes forces, tu cries tout ce qu'il te passe par la tête.

Tu ouvre les yeux et te réfugies au creux d'un arbre. Les voix se font moins bruyantes, pour ensuite totalement disparaître et faire place à une voix, une seule. Une voix féminine, douce. Tu as l'impression que quelqu'un te caresse tendrement les cheveux. Tu fermes les yeux car tu te sens comme aspirée dans un étrange tourbillon de nuages.
Tout va bien se passer, ne t'inquiètes pas, ça va aller.
Tu te laisses aller et le noir se fait autour de toi.
C'est bon docteur il est maîtrisé, il va bientôt se réveiller.
Tu ne comprends rien et tu n'as pas envie de comprendre, tu te sens tellement bien.
Mais une vive douleur te fait ouvrir les yeux. Il n'y a plus d'arbres, une lumière aveuglante t'éblouie. Deux personnes -un homme avec des lunettes et une barbe naissante, et une femme qui ne doit pas avoir plus de la trentaine avec des yeux bleus et un chignon - sont penchés au dessus de toi.

Tu as du mal à comprendre ce qu'il se passe, mais tu arrives à articuler une phrase :
"Ou je suis ?"
L'homme s'est écarté et tu distingue une fenêtre grillagée à ta gauche. La femme te caresses de nouveau les cheveux.
"Tu ne crains plus rien, tu es à l'hôpital."
"Dans un hôpital psychiatrique, dit l'homme, qui semblait plus nerveux que la femme.
En essayant de te relever, tu sens quelque chose, comme une barre de fer sur ta poitrine.
"Nous ne pouvons pas t'enlever la camisole pour l'instant. Je suis désolée."
Tu n'arrives plus à articuler un seul mot. Une camisole ? Mais pourquoi ?
Enfin, ta gorge se desserre :
"POURQUOI J'AI UNE CAMISOLE ?! QU'EST CE QUE JE FAIS ICI ? LIBÉREZ MOI, JE VOUS EN SUPPLIE !! "
"Nous ne pouvons pas vous l'enlever, je suis désolée, calmez vous.."
"JE NE ME CALMERAIS PAS TANT QUE VOUS NE M'AUREZ PAS ENLEVÉ CA !! MAIS BORDEL QU'EST CE QUE J'AI FAIS POUR ATTERIR DANS CET ASILE DE FOUS ?!"
"Mais vous en êtes un. Grace, administrez-lui les calmants."
"C'est reparti. Pourquoi une nouvelle crise ? On avait réussi à contenir ca... je ne comprends pas docteur..."
"Je ne comprends pas non plus, personne ne comprends ce genre de personnes.."
"S'IL VOUS PLAÎT ARRÊTEZ !!"
Un bruit cinglant suivit d'un bourdonnement et des voix.
Puis, le noir.


Tu es dans la forêt, il fait sombre et tu as perdu de vue le petit sentier qui devait te ramener à ta voiture. Tu ne sais pas quoi faire car tu es seul et il n'y a pas de réseau.
Tu essaies d'avancer avant de rebrousser chemin et de chercher la grosse souche de bois qui avait attiré ton attention quelques minutes, ou quelques heures plus tôt, tu ne t'en souviens plus.

Mais tu ne la retrouves pas.

Les Nuits Sont Longues Et l'Espoir Fait VivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant