Chapitre vingt

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Le sourire aux lèvres, j'attrape mon sac à dos, ferme la porte de ma chambre et salue ma sœur et son copain, dans les bras l'un de l'autre, sur le canapé.

- Tu vas où ? M'interroge ma sœur et je ne résiste pas à étirer un sourire.

- Oh ça c'est le sourire de la fille amoureuse, sourit en coin Dan et je lève les yeux au ciel.

- Je vais rejoindre un ami, je leur réponds simplement pour les faire taire.

Malgré tout, les rires contagieux des deux adolescents parviennent à mes oreilles et j'en viens à rire moi-même.

J'ai vraiment hâte d'être là-bas. Le fait est que j'ai besoin de penser à autre chose que la représentation de demain à laquelle je ne pourrai pas me présenter, à mon plus grand malheur. Ma mère et moi n'en avons pas parlé et j'ai préféré laisser tomber. Je ne veux pas à nouveau créer un conflit alors que tout va mieux. On se reparle, elle me sourit et nous rigolons tous ensemble. Et je suis consciente que je ne peux pas avoir tout ce que je désire.

- Salut la chanteuse, il m'attire dans ses bras et je souris.

- Salut.

Nous sortons de l'entrée de mon immeuble et nous avançons vers l'arrêt de bus.

*

- C'était incroyable ! Je m'exclame et mange un nouveau morceau de la barbe à papa rose bonbon.

Jack sourit et prend lui aussi une bouchée de la gourmandise qu'il tient dans sa main. Cette journée à la fête foraine est sans doute la meilleure idée de la semaine. Je ne pensais pas que la proposition de Jack tiendrait toujours mais je suis contente d'être là avec lui.

La main de mon ami vient se poser sur mon bras et m'empêcher de faire un pas de plus vers le stand de tirs. Il me pointe du doigt une maison hantée et je grince des dents. Je n'affectionne pas particulièrement ça, même si je n'affectionne pas non plus les films bisounours.

- Oh non, je le supplie.

- Oh si, il sourit sadiquement et m'entraîne vers l'attraction, ou plus la torture.

Pitié tout mais pas ça. Je n'ai pas envie d'y entrer si c'est pour me jeter dans les bras d'un mec et de faire la fragile, même si c'est un peu ce que je suis face à un squelette qui surgit de nulle part.

La seule fois où j'ai fait cette maison hantée, c'était pour l'anniversaire de Sam l'année dernière. Nous l'avions accompagné ici et mon père avait trouvé ça marrant de me faire faire cette stupide attraction à ses côtés. Résultats : j'ai tout juste manqué d'arracher un bras, à mon père et à l'homme déguisé en mort vivant à la fin du parcours.

Dans la queue pour faire la torture, je souffle et regarde dans toutes les directions pour chercher une issue de secours. Les gens se réunissent tous devant la maison pour rigoler en entendant les cris des personnes à l'intérieur et je me chie déjà dessus (désolée pour le vocabulaire employé).

Je profite de quelques instants d'inattention de Jack, qui est trop occupé à s'émerveiller devant les cris et les gens effrayés qui en ressortent, pour reculer, si bien que je demande doucement aux gens de passer devant moi pour que je puisse mieux m'échapper.

Bientôt je serai libre.

*

- Anna putain mais lâche mon bras tu me fais mal, grogne Jack et je le relâche après plusieurs minutes collée à lui.

Mon ami secoue son bras qui pourrait complètement à plat et me lance un regard noir avant de donner l'argent au gérant de l'attraction. Ce dernier remercie Jack avant de m'ordonner de partir de son jeu.

Finalement Jack a vite remarqué que j'étais partie et a crié dans la foule d'arrêter 'la fille au t-shirt noir qui essaie de s'enfuir'. Et un (méchant) monsieur s'est porté volontaire pour m'arrêter dans ma course. Je me suis débattue comme une malade mais Jack a réussi à me faire rentrer dans cette maison hantée. Je suis presque sûre qu'il le regrette maintenant.

- Quarante livres de dédommagements pour réparer cette poupée et pour nous excuser auprès de l'employée que tu as frappé ? Tu t'en rends compte au moins Anna ?

C'est sans compter ton bras en moins et ton oreille droite qui ne doit plus fonctionner. Je n'avais jamais crié aussi fort. Au moins l'année dernière je ne faisais qu'entendre les bruitages puisque mes yeux été fermés mais cette fois Jack m'a demandé de les ouvrir. Faut pas te plaindre mon grand.

- Je t'avais dit que je ne voulais pas le faire, je râle et il me rattrape dans ma course pour aller m'acheter à manger.

- Je pensais pas que c'était à ce point Anna, il s'efforce de suivre la cadence.

Je souris au vendeur derrière le comptoir et commande une nouvelle barbe à papa étant donné que l'autre est tombée par terre dans la maison hantée. Je tends mon billet et attrape ma nourriture sucrée.

- Ça te dit ? Me questionne Jack et je regarde la direction de son regard.

Je hoche la tête et le laisse me prendre la main pour m'entraîner jusqu'au photomaton un peu plus loin. Nous y rentrons et Jack s'assoit pour régler les boutons ainsi que le siège.

- Viens, il me fait signe de m'assoir sur ses jambes.

Je m'installe sur lui et regarde l'écran qui indique qu'une photo va être prise. Je souris de toutes mes dents, comme Jack et le son de la photo retentit. On nous demande de nous préparer pour la deuxième. Nous mettons chacun de la barbe à papa dans nos bouches, tellement qu'elle dépasse et qu'elle sera visible sur la photo. Nous l'avalons rapidement et passons à la troisième photo où j'éclate de rire sous les chatouilles de Jack.

- Plus qu'une, me sourit mon ami et je regarde l'écran pour voir notre reflet.

Je tourne la tête pour demander à Jack ce qu'il veut faire comme pose et malheureusement ou heureusement nous avons eu la même idée.

- Vos photos sont en cours de préparation.

Nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre, nous nous écartons et sortons de la machine pour visualiser le résultat, sans reparler de ce qu'il vient de se passer.

*

Je soupire puis referme la porte de l'appartement. Sortir m'a fait du bien mais je suis complètement épuisée et j'ai vraiment hâte de dormir toute la journée de demain.

- Hello la famille, je salue mes parents et mon frère présents dans le salon.

Sam court jusqu'à moi et saute dans mes bras. Je réussi à le rattraper et le tiens contre moi pendant que je pars m'installer sur le canapé à côté de mes parents.

- Ça a été ?

- Ouep, je réponds à ma génitrice, c'était plutôt cool.

Elle me sourit et se serre dans les bras de mon père. Nous regardons un film qui passe à la télévision et je finis par m'endormir comme un bébé sur le fauteuil, mon frère sur mes genoux.

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