Manipulation. Jusqu'où m'entraîneras-tu ?

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- Faut que quelqu'un la redémarre, je crois. Elle a planté.

Je fixai le garçon blond qui venait d'ouvrir la bouche, rompant ce moment de gêne intense qu'ils avaient établis en me fixant tous si soudainement. J'ouvrais la bouche. La refermai. Ils éclatèrent d'un même rire. Mes joues rougirent violemment et je penchai la tête dans l'espoir de me dissimuler derrière les quelques mèches de cheveux qui avaient échappées à natte. Crotte. Qu'est-ce que je fichais ici ? J'étais pas venue ici pour souffrir. Je me mordis la lèvre. Ah non. Pitié, pas cette foutue phrase. Derek la répétait déjà suffisamment sans que je ne m'y mette.

- Détends-toi. On ne va pas te manger.

La voix, plus douce, était celle d'une fille. Je relevai les yeux, hésitante et affrontai le regard brun de Tamara. Elle m'offrit un sourire rassurant, ses mèches rousses ondulantes, négligemment, autour de son visage de poupée. Sa peau pâle était recouverte de fine tâche de rousseur, la rendant plus candide qu'elle ne l'était. Sa gentillesse semblait irradier dans son sourire accueillant et je finissais par me détendre quelque peu, tant bien que mal. Je doutais qu'une personne qui semblait aussi bienveillante, ne cherche à me tourner en ridicule.

Attirant mon attention, Cameron tira sur le bas de mon pantalon alors qu'il s'était assis à même le sol, m'invitant, visiblement, à en faire de même. J'hésitai encore quelques secondes avant de déposer mon sac et de me laisser choir à côté de lui, dans la petite place encore libre parmi le cercle qu'ils formaient. Les regards étaient toujours rivés sur moi, me laissant mal à l'aise mais ils semblaient tous relativement amicaux.

- Faisons les présentations, s'enthousiasma la rouquine en me tendant aussitôt la main. Tamara Morvan, guitariste.

- Enchantée, murmurai-je, plaçant ma main dans la sienne et la laissant l'agiter vigoureusement.

- Moi c'est Mathieu, enchaîna le blond que Derek avait rembarré à la rentré. Pianiste mais je me débrouille aussi avec un violon.

- Kaï Cohen, continua le métisse en m'adressant un sourire enjôleur. Batteur et tombeur officiel du groupe, à ton entière disposition, mademoiselle.

J'arquai un sourcil, sceptique devant l'assurance du garçon. J'avais déjà eu l'occasion de le voir à l'œuvre, suffisamment pour savoir qu'il ne mentait pas en affirmant être un tombeur. Je crois que, en un mois de cours, je ne l'avais jamais vu au bras de la même fille. Tout comme Mathieu. Chose assez surprenante puisque l'un et l'autre ne se ressemblaient guère. Mathieu était plutôt frêle, mince et de taille moyenne, tandis que Kaï mesurait dans les un mètre quatre vingt dix et possédait une musculature imposante. L'un avait la peau très pâle et l'autre arborait une peau métissée. Cohen était un prénom français assez commun, tandis que Kaï sonnait plus tropical. Mais, l'un et l'autre se réunissaient en un point : un quelque chose qui voulait que l'on pose notre attention sur eux. Mathieu était lumineux, ses cheveux blonds cadrant avec cet aspect angélique qui semblait vouloir le caractériser. Kaï, lui, était probablement la caricature du musicien : une apparence de mauvais garçon suintant dans le moindre de ses gestes.

- Andréa Michot, compléta finalement le dernier membre de la petite bande. Je joues du saxophone et de la guitare.

Je hochai la tête face à ce garçon dès plus froid. Ses yeux étaient fixés sur moi, mais n'exprimait aucun sentiment particulier. Hormis peut-être un profond agacement. Si tous les autres me semblaient accueillant, ce n'était clairement pas son cas. Je soupirai, discrètement avant que Cameron ne me gratifie d'un coup de coude dans la taille. Intriguée, je lui lançai un regard en coin, cherchant des explications et il se contenta d'un petit geste de la tête pour me répondre. Je fronçai les sourcils, me tournant vers les autres. Je blêmissais en constatant que tous semblaient pendus à mes lèvres. Je restais immobile, totalement interdite avant de comprendre ce qu'ils attendaient tous aussi patiemment. Je passai ma main dans ma nuque, rivant mes yeux sur le sol mais me décidant à prendre la parole, à mon tour :

Neither good nor badOù les histoires vivent. Découvrez maintenant