Enigme 2 : Le Déluge, vers 7500 avant J.-C.
La Genèse nous raconte deux épisodes fondateur qui suivent la création du monde et le jardin d'Eden: le Déluge et l'arche de Noé. Ces histoires expriment la punition de Dieu envers les hommes; malgré l'anéantissement partiel de la construction.- terrestre, Dieu offre une seconde chance aux humains à travers l'unique personnage de Noé.
Dieu, affligé de voir que l'homme n'est animé que par la violence et le mal, décide de faire disparaître tous les êtres vivants. Une seule famille est épargnée. Celle de Noé, car il est considéré comme un homme bon et intègre. Dieu lui ordonne de construire une arche de bois. Le vaisseau doit posséder trois étages et être divisé en cellules afin d'abriter un couple de chacune des espèces animales présentes sur Terre. Noé respecte les instructions et Dieu déclenche le Déluge. Pendant quarante jours et quarante nuits, il pleut. L'arche, dépourvue de rame et de voile, s'élève et flotte aveuglément au gré des courants. Les pluies torrentielles inondent toutes les terres émergées jusqu'à la cime des montagnes.
Au terme d'une période de cent cinquante jours, le niveau de l'eau commence à baisser et le bateau vient s'échouer sur les hauteurs du mont Ararat, le plus haut sommet - plus de 5000 mètres d'altitude - d'un massif situé dans l'actuelle Arménie turque. Dieu demande à Noé de faire sortir sa famille et les animaux et de profiter des richesses naturelles de la Terre dans un esprit de paix. Il promet aussi qu'il n'y aura plus de déluge. Noé plante une vigne et devient vendangeur. Le repeuplement de la Terre est alors implicitement confié à ses trois fils, Sem, Cham et Japhet. Ce dernier aura d'ailleurs sept enfants.
Le récit biblique tire son origine de textes antérieurs. Le plus ancien est le mythe d'Atrahasis, un récit mésopotamiens- du XVIIe siècle avant J.-C. inspiré de sources sumériennes. Une autre version, qui met en scène le roi Outa-Napishtim narrant à Gilgamesh sa fuite lors du déluge, est gravées au XIIIe siècle avant J.-C. Dans un contexte différent encore, l'épisode cataclysmique est décrit dans un épisode de la mythologie indienne frappant de similitude avec le texte de la Genèse. Noé y est appelé Manu. Au total, on recense seize récits de déluge en Amérique du Nord, quatorze en Amérique du Sud, treize en Asie, neuf en Océanie et sept en Amérique centrale.
Ce bilan nous permet-il d'avancer l'idée de la réalité historique d'un déluge qui se serait simultanément abattu sur tous les continents de la planète ? Faute de preuves, les spécialistes excluent cette hypothèse. Ils préfèrent voir dans le récit biblique un ou plusieurs évènements bien localisés, issus d'intenses perturbations météorologiques, qui auraient servi d'inspiration aux auteurs de l'épisode. Mais quel type d'événement naturel et dans quelle région ? Il pourrait s'agir des effets d'un tremblement de terre, d'un raz-de-marée, d'un affaissement du continent, de la rencontre de deux plaques ou, plus impressionnant encore, du basculement de la Terre sur son axe.
La communauté scientifique penche plutôt pour un spectacle peu commun aux yeux des hommes, parfaitement situé et daté. La montée des eaux du Déluge prendrait directement ses sources dans une catastrophe naturelle causée par la fin de la dernière glaciation quaternaire, entre 10000 et 5000 avant J.-C. La fonte des glaces aurait provoqué des pluies abondantes, entraînant la montée du niveau de la mer Egée et la rupture de la barrière rocheuse du Bosphore. Le déferlement des eaux aurait transformé le lac d'eau douce existant en une mer - l'actuelle mer Noire - et aurait fait fuir une population prise de panique. Les observations réalisées sur des carottages et des prélèvements de coquillages attestent ce scénario.
Qu'en est-il donc de la fameuse arche de Noé, abandonnée sur le mont Ararat ? En 1829, l'alpiniste estonien Friedrich Parrot accomplit la première ascension du massif mais n'y découvre rien. En 1893, sans aucune preuve, l'archidiacre Jean Joseph Nourri prétend l'avoir découverte et examinée de près. Durant la Première Guerre mondiale, l'aviateur russe Vladimir Roskovitski déclare l'avoir survolée. Enfin, en 1955, Fernand Navarra ramène un prétendu morceau du vaisseau qui, daté au carbone 14, se révèle être largement postérieur à l'époque du Déluge. Depuis, de nouvelles missions de recherche ont été menées mais elles n'ont donné lieu à aucune découverte.