Enigme 5 : Les mégalithes de Stonehenge ; vers 2000 avant J.-C.
Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1986, le monument mégalithique de Stonehenge paraît magique aux yeux de ceux qui s'y retrouvent depuis quatre mille ans pour assister au lever du soleil lors du soltice d'été. Erigé à l'époque du néolithique dans la plaine de Salisbury, au sud de l'Angleterre, ce cercle de pierres dressées au milieu d'un désert est un lieu tout à fait spectaculaire. S'il ne subsiste aujourd'hui que la moitié des pierres de la construction originale, dont certaines sont tombées au sol, une récente reconstitution à l'identique a permis d'observer l'ampleur du travail réalisé par les hommes de l'époque et l'effet produit auprès des populations qui s'y retrouvaient.
L'entrée était symbolisée par deux énormes blocs de pierre appelés pierres talons. Trois blocs rectangulaires, appelés pierres de sacrifice, conduisaient à un premier cercle, le cercle extérieur, composé de 30 pierres de sarsen soutenant 30 linteaux. A l'intérieur de ce cercle se dressaient 5 trilithes (construction composée de deux pierres supportant une troisième pierre qui constitue un linteau) de sarsen disposé selon une forme de fer à cheval. L'un de ces trilithes mesurait plus de 7 mètres et dominait le cercle extérieur. Enfin, 89 pierres bleues étaient placées en cercle et en fer à cheval. La plus haute, nommée pierre d'autel, s'élevait à plus de 4 mètres de hauteur.
Depuis toujours, cet étrange monument suscite les plus grandes interrogations. De quelles régions proviennent les deux types de pierre utilisés ? Comment les hommes ont-ils réussi à transporter ces blocs jusqu'à une plaine encadrée de relief, de marécages et de forêt ? Par quelle technique les mégalithes ont-ils été dressés ? Quelle était la fonction de la construction ? S'agissait-il d'un calendrier astronomique ? Ou était-ce un lieu de culte ? De sacrifice humain ?
Une multitude de missions de recherche et d'expériences ont en partie permis de répondre à ces questions. D'abord, les fouilles archéologiques ont conduit à affirmer que ce sont plusieurs Stonehenge qui se sont succédé. Le monument s'est transformé au fil des siècles. Entre 3000 et 2000 avant notre ère, il s'agit d'un fossé circulaire, des petites excavations nommées trous d'Aubrey et d'une première pierre talon. En 2000 avant J.-C. , des pierres en plus grand nombre font leur apparition avant d'être associées à des mégalithes durant le millénaire qui suit. Pour cette ultime étape - l'érection du cercle extérieur - les blocs, qu'ils aient été destinés à remplir la fonction de pilier ou de linteau, ont été méticuleusement sculptés avec un autre outil de pierre.
L'origine des pierres et leur mode de transport ont pu être déterminés. Les pierres bleues sont de la roche volcanique que l'on trouve dans un seule endroit en Grande-Bretagne, dans les Preseli Hills, au pays de Galles, à 385 kilomètres à l'ouest de Stonehenge. Les 89 blocs, dont certains pèsent jusqu'à 4 tonnes, ont dû être transportés par des bateaux qui longeaient les côtes galloises jusqu'au canal de Bristol pour ensuite emprunter la rivière Avon et une courte voie terrestre. Les pierres de sarsen proviennent des Marlborough Downs, situées à 30 kilomètres du monument. Ces blocs, dont certains pèsent plus de 40 tonnes, ont dû être arrimés à des structures en bois pour être déplacés grâce à des leviers qui adoptaient le mouvement d'une rame.
Pour dresser les mégalithes, les hommes glissaient ceux-ci dans des trous pentus avant de les tirer à la verticale grâce à un chevalet rudimentaire. Les linteaux, eux, d'un poids de 12 tonnes environs, étaient élevés à plus de 4 mètres au-dessus du sol grâce à des plateformes de bois qui gagnaient en hauteur par la superposition de rondins. Les efforts fournis pour acheminer et ériger tous ces blocs de pierre nous laissent imaginer l'importance que le site devait recouvrir à l'époque de la préhistoire.
La disposition des pierres ne s'est absolument pas faite au hasard. la reconstitution du site de Stonehenge, dont l'orientation a été déterminée en fonction de la position précise du soleil à l'époque du néolithique, a permis de confirmer plusieurs constellations. Au solstice d'été, le soleil se levait précisément entre les deux pierres talons et ses premiers rayons atteignaient le centre du cercle. Au solstice d'hiver, le soleil était encadré par le plus grand trilithe quand il se couchait. Le monument a également été bâti en fonction de la position de la Lune. Selon l'astronome anglais Gerald Hawkins, le cercle formé par les trous d'Aubrey avait un lien direct avec le cycle des éclipses lunaires. Et le fait de déplacer six pierres d'un trou chaque années permettait de prévoir les mouvements de l'orbite sur de longues périodes. Stonehenge devait donc certainement se rapporter à une fonction astronomique, mais était-il un observatoire entièrement maîtrisé ?
Si l'on considère la pierre comme sépulture, on peut également associer Stonehenge à un monument bâti à la mémoire des morts. Des ossements humains brûlés y ont été retrouvés. D'autres sites, proches en apparence de celui de Stonehenge, monde des vivants. La rivière Avon aurait donc incarné le rôle de passage symbolique de chaque individu de la vie à la mort. Vu sous ce prisme, le monument constituerait une des premières représentations du sacré. Etait-ce un lieu funéraire ou un théâtre religieux ? Organisait-on des rites à l'intérieur du cercle ? La disposition confinée des pierres nous le laisse imaginer. En effet, on peut considérer deux zones indépendantes, une zone publique et une zone secrète. Placé dans l'une de ces zones, on ne peut voir ou entendre ce qui se passe dans l'autre, et inversement.
En 2008, des archéologues anglais avancent une nouvelle thèse, celle du haut lieu thérapeutique. En raison du prétendu pouvoir curatif de ses pierres, le site de Stonehenge aurait attiré de nombreux malades. Participe à cette théorie la découverte de la sépulture d'un jeune homme, enterré avec des fragments de pierre, probablement utilisés comme des talismans.
Toutes ces hypothèses, même si elles ne sont pas encore confirmées, ont davantage de crédit aux yeux des scientifiques et des chercheurs que ce que certains ufologues ont voulu voir dans le monument de Stonehenge : un lieu dont la fonction se rapprocherait de celles des lignes de Nazca, interprétées comme des aires d'atterrissage pour vaisseaux spatiaux.