Chapitre 2

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Lorsque que la réalisation de l'évolution de ses sentiments envers Mikelangelo le frappa, Florent paniqua intérieurement mais resta silencieux. Il n'eut pas à se remuer l'esprit très longtemps pour décider qu'il préférait enterrer son amour naissant plutôt que de gâcher une belle amitié. Plus vite il en aura fait le deuil, moins il souffrira.
Finalement ces deux semaines s'annonçaient moins réjouissantes que prévues.

Lui qui se croyait hétéro depuis toujours, il s'était bien voilé la face. Mais au final cela ne changeait rien, peu importe qui il aimait, c'était toujours aussi douloureux pour des tas de raisons. Les souvenirs de Sophie qu'il avait aimé comme un fou, et même ceux de ses précédentes petites amies venaient le hanter chaque nuit où il s'endormait seul dans son lit. Ça lui laissait un arrière goût de regrets et de gâchis, lui donnant l'impression d'avoir toujours fait les mauvais choix dans ses relations amoureuses. La solitude lui donnait envie de les retrouver, tout en étant conscient que les sentiments entre eux étaient morts, qu'il s'accrochait à du passé qu'il désirait tant oublier. Tout cela malmenait son cœur.

Au moins en ne partageant rien de plus que de l'amitié avec l'italien, il ne risquait pas de se faire plus de mal. Et de toute façon ce n'était pas comme s'il risquait de se passer quelque chose, Florent se doutait bien que son amour pour Mikelangelo était à sens unique, pas besoin de mettre de la gêne entre eux en se déclarant.

À la sortie de l'aéroport Chérémétiévo de Moscou, la troupe se trouva immergée par une vague d'une vingtaine de fans qui les avait attendu pour les couvrir de cadeaux sous un ras de marée de photos. Florent adorait ses fans et il se sentit un peu honteux d'avoir besoin de forcer les sourires qu'il leur adressa. À ce moment là il n'avait qu'une envie, prendre une douche au calme dans sa chambre d'hôtel pour récupérer du vol. Heureusement ses amis étaient du même avis. Ils remercièrent les fans et rejoignirent au plus vite leur hôtel.

Florent fit quelques pas dans la chambre qu'il partageait avec Mikelangelo et il se laissa tomber à plat ventre sur le matelas de son lit simple, son étui à guitare qu'il avait gardé sur son dos cognant contre l'arrière de son crâne.

- Aïe...

Mikelangelo se moqua gentiment de lui :

- Je sais que vous êtes inséparables et que tu l'aimes plus que tout, mais personne ne va te voler ta guitare chérie pendant que tu dors.

- Très drôle Mikele, railla le français, retenant pourtant le sourire qui voulait étirer ses lèvres.

Il se releva et partit prendre une douche, pendant que Mikelangelo commençait à défaire sa valise.

Il resta sous l'eau chaude un long moment, jusqu'à ce que la buée recouvre les parois de la cabine et floute son reflet dans le miroir.

Lorsque Florent sortit de la salle de bain vêtu d'un t-shirt blanc propre et d'un jean, Mikelangelo avait disparu, mais ses affaires encombrait déjà l'espace d'une façon désordonnée, éparpillées aux quatre coins de la pièce. Il soupira, peu étonné, et libéra sa guitare de son étau avant de se mettre à jouer quelques accords devant la porte de la chambre de Laurent et Maéva. La mélodie improvisée résonnait contre les murs du couloir. Le chanteur arrêta de gratter les cordes lorsqu'un bruit mécanique provenant du mécanisme du verrou de la porte le coupa.

- Entre, tu me fais de la peine à faire un solo dans le couloir, dit Solal amusé en apparaissant dans l'ouverture. Et y'a une sonnette pour prévenir que tu veux t'incruster, pas la peine de déranger les autres clients de l'hôtel en même temps.

- Mais c'est quand même nettement moins musical, répondit Florent après avoir appuyé sur la sonnette, déclenchant une sonnerie stridente qui bourdonna désagréablement dans ses oreilles.

De Paris à Saint-PétersbourgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant