Chapitre 10

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L'émission s'était plutôt bien passée. Enfin, c'est ce qui paraîtrait à l'écran des téléspectateurs. Florent lui n'avait franchement pas été ravis d'y être, malgré la gentillesse du présentateur et des autres invités. À l'extérieur il avait gardé un ton polis, ri aux blagues, sourit et fait la bises aux invités qui l'avaient rejoint sur scène après qu'il ait interprété une chanson.

Mais à l'intérieur, sa timidité rendait la promo de son disque difficile et fastidieuse. Il n'était pas à l'aise sur les plateaux télé. Du moins pas quand il y était seul. Faire cela en compagnie des chanteurs de la troupe de Mozart l'Opéra Rock avait été amusant, mais sans eux Florent avait l'impression de perdre ses repères, d'être moins à l'aise. Leurs présences le rassuraient et lui donnaient de l'assurance. Maintenant il peinait à en avoir.

De plus, depuis qu'il était parti de l'appartement, Mikelangelo ignorait ses SMS et ne répondait plus au téléphone, ce qui commençait vraiment à l'inquiéter.

Florent sonna à l'interphone de l'appartement de Mikelangelo. Une voix grave, celle son colocataire, grésilla :

- Bonjour ?
- Bonjour Christophe, je suis Florent Mothe, un ami de Mikele... Heu... Tu peux m'ouvrir ? Je dois lui parler...
- D'accord.

La porte de l'immeuble s'ouvrit et Florent monta rapidement les deux étages, déterminé. Il fut satisfait de constater que son corps n'eut aucun mal à effectuer cet effort, il était de nouveau en pleine forme.

- Mikelangelo est dans le bureau, deuxième porte à droite, lui indiqua Christophe une fois qu'il fut dans l'appartement.

La porte était entrouverte et laissait voir l'italien, de dos, jouant du piano avec un casque audio sur les oreilles. Florent entra, observant les mains de Mikelangelo parcourir les touches blanches et noires avec dextérité. Cela semblait facile en le regardant jouer, seule la moue concentrée sur son visage trahissait le nombre d'heures qu'il avait dû passer ici, assis devant le clavier, afin de réussir à enfin jouer ce morceau avec une telle maîtrise.

Le blond ne l'avait pas entendu arrivé et ne semblait pas remarquer sa présence, alors Florent appuya doucement sur le Fa le plus grave du piano. La faussa note alerta Mikelangelo qui s'arrêta, enlevant son casque.

- Oh... Salut. Qu'est-ce que tu fais là ?
- Mikele... T'as ignoré mes SMS toute la semaine, tu dois bien te douter que si je suis venu c'est pour avoir des explications, répondit Florent, fronçant les sourcils.
- Donc l'absence de mes nouvelles t'a dérangé ? Demanda Mikelangelo d'un ton sec que Florent ne lui connaissait pas.
- Bien sûr, je m'inquiétais, répondit le brun, déstabilisé. Pourquoi t'as fait ça ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Ça c'est à toi de me le dire, ce qui se passe entre nous, rétorqua le plus âgé.
- Entre nous ? Et bien on est ensemble... C'est bien ce que tu veux ? S'inquiéta Florent.

La peur remplaça alors l'incompréhension. Mikelangelo voulait-il rompre avec lui ? Pourquoi ?

- Bien sûr que je veux être avec toi Florent ! S'agaça Mikelangelo. C'est à toi que je pose la question ! Est-ce que tu veux qu'on soit un couple ? Parce que j'en doute vraiment vu comment tu tiens à ce que cela reste secret... Et tu ne cherches même pas à me retenir quand je pars. Est-ce que je compte vraiment pour toi ? Ou est-ce que je ne suis qu'une sorte d'expérience ?
- Mais... Mikelangelo...

Florent était choqué. Où est-il allé cherché tout cela ?

- Mais tu le sais...
- Non Florent ! Le coupa-t-il. Je ne sais rien du tout de ce que tu ressens ! Je suis le seul à l'avoir dit.

Florent grimaça, de nouveau perdu face aux propos de l'italien. Mikelangelo remit alors son casque, recommençant à jouer, ses mouvements avant si voluptueux devenant nerveux sur le clavier.

De Paris à Saint-PétersbourgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant