Chapitre 7

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Lentement, quelque chose était en train de changer entre eux. Florent en avait l'impression. Il aurait pu en être certain, si seulement l'idée même que Mikelangelo ressente autre chose que de l'amitié pour lui n'était pas totalement incongrue, stupide, impensable. Le chanteur principal de Mozart l'Opéra Rock n'avait jamais laissé entendre qu'il aimait les hommes et avait même déjà affirmé à des fans sur Instagram qu'il n'était pas gay. De plus, depuis que Florent le connaissait, il n'avait été en couple qu'avec des femmes. De jolies chanteuses brunes à chaque fois, pétillantes et souriantes, avec des voix mélodieuses et des regards envoûtants.

Cependant, Florent était aussi dans ce cas avant que son amour naissant pour l'italien ne remette tout en cause. Cela laissait donc une chance, même infime, que les sentiments dont il avait prit conscience depuis plus d'une semaine soient réciproques.
Et il avait envie de s'accrocher à cet espoir, même s'il risquait de tomber de haut à tout moment. Il espérait juste que la chute ne soit pas trop grande, que Mikelangelo mette rapidement fin à ses doutes même si pour cela il devait lui briser le cœur.

Le blond jouait aux cartes avec Maeva, Diane et Solal autour de la table, pendant que Mélissa était sur son téléphone. Florent avait croisé ses bras sur la table, sa tête reposant dessus. Il somnolait tranquillement, rouvrant parfois les yeux pour observer le visage de Mikelangelo, le surprenant à passer rapidement sa langue sur ses lèvres, son adorable tic ressortant avec la concentration.

Au bout d'un moment, la fatigue rattrapa Florent qui finit par réellement s'endormir.

Il fut tiré de sa douce torpeur par les exclamations de Maeva et Mikelangelo à la fin de la partie de carte.

- On est imbattable tous les deux ! Se réjouissait la chanteuse.

- Ça c'est parce que vous avez triché, comme à chaque fois, répliqua Diane avec une mauvaise foi peu feinte.

- N'importe quoi ! S'offusqua l'italien. On est très honnêtes.

- C'est pas de notre faute si vous avez perdu les trois parties, ajouta Maeva.

Florent se redressa et se frotta les yeux en grimaçant. Lorsqu'il les rouvrit il tomba sur ceux de Mélissa, le fixant avec préoccupation.

- T'es fatigué ?

- Un peu, j'ai mal dormir, avoua Florent.

- Courage, dans quelques jours tu retrouveras ton lit, ça sera plus confortable, répondit la chanteuse en lui souriant gentiment.

Le brun hocha la tête, pourtant la raison de son insomnie n'était pas celle que Mélissa soupçonnait. Mais il n'était pas prêt de lui révéler, n'ayant pas envie de produire une autre altercation comme avant hier dans les loges. Car le responsable de son manque de sommeil était évidemment Mikelangelo Loconte.

Hier soir malgré la fatigue, ils avaient discuté dans l'obscurité de leur chambre d'hôtel pendant de longues minutes, se souhaitant une dizaine de fois bonne nuit, retardant toujours un peu plus l'endormissement par des discutions futiles.

Puis Mikelangelo s'était laissé plongé dans le sommeil et Florent n'avait pas réussi. Dans la pièce, seul le bruit régulier de la respiration de l'interprète de Mozart régnait et le plus jeune n'arrivait pas à l'ignorer. Non pas que le bruit fut désagréable, au contraire, il était apaisant et Florent n'avait qu'une envie : s'en rapprocher.

La lumière de la lune et des étoiles passait à travers les rideaux, plongeant la pièce dans la pénombre. Florent pouvait voir la tête de Mikelangelo dépassant du lit à quelques mètres du sien, une expression détendue sur le visage et la bouche légèrement entre-ouverte. Il voulait le rejoindre, se blottir dans ses bras, tout contre lui, mais ne pouvait pas. La frustration qui lui tordait l'estomac l'avait gardé éveillé une bonne partie de la nuit.

De Paris à Saint-PétersbourgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant