À la fin de l'après-midi, tout le monde était parti. Ne restait plus que la mère de Florent, dans la maison, et les deux chanteurs sur la terrasse.
- Je suis vraiment désolé Mikelangelo... Ils ont été odieux avec toi. Et toutes leurs questions déplacées, vraiment je...
- Ce n'est pas grave, je m'en fiche de ce qu'ils pensent sur moi ou sur nous, le coupa calmement Mikelangelo, loin de ressentir la même colère que lui. T'y peut rien s'ils sont cons.
- Mais si, c'est grave ! Ils m'ont déçus...
Retenant son envie de passer ses nerfs en donnant un coup de pied dans un mur, Florent sortit une cigarette et un briquet de sa poche. Étonnamment Mikelangelo ne lui fit aucune remarque.
- Si mon père avait été là ça aurait été dix fois pire. Je le connais assez pour savoir ce qu'il aurait pensé en apprenant que son fils aime un mec. Sa réaction aurait été horrible, dit Florent, les yeux perdu dans le vide en face de lui, voyant la scène dans son esprit.
Il tira une latte sur sa cigarette dans l'espoir vain que cela le détende et ajouta dans un rire amer :
- Dans le meilleur des cas il aurait eu un AVC.
- Florent... Te mets pas dans cet état pour ça, ils n'en valent pas la peine.
- Ouais...
D'un point de vu extérieur, la scène devait certainement sembler étrange. C'était Florent, d'habitude si calme, posé et réfléchit, qui bouillonnait de colère alors que Mikelangelo, celui au sang chaud, tentait de le raisonner.
Ils restèrent dans le silence pendant un moment, Florent perdu dans ses pensées. Il sentait le regard inquiet et préoccupé de Mikelangelo sur lui.
L'interprète de Salieri écrasait son mégot de cigarette par terre lorsque sa mère les rejoignit.
- Vous restez dormir ? J'ai préparé la chambre d'ami, proposa-t-elle.
- Oui, merci maman, répondit le brun avant de retourner à l'intérieur.
C'était l'heure de dîner, mais il n'avait pas faim. Cela pouvait se comprendre étant donné le copieux repas qu'ils avaient tous engloutis ce midi, cependant c'était plutôt le nœud qu'il avait dans la gorge qui lui coupait l'appétit.
Il prit un livre et alla s'allonger sur le lit dans la chambre d'ami. Sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, ses paupières se firent lourde et ses yeux commencèrent à se fermer d'eux-même.
Florent s'endormit et ce fut comme plonger dans l'obscurité.Une voix lui parlait, autoritaire et grave.
- Florent, les garçons ne pleurent pas ! Soit un homme pour une fois.
Ses joues étaient chaudes et humides et il comprit qu'il était effectivement en train de pleurer. De pleurer toutes les larmes de son corps sans pouvoir s'arrêter et sans en connaître la raison.
Une poigne sévère lui attrapa le bras et le secoua brutalement. Le brun voulut se dégager de cette emprise mais il ne pouvait pas. Il était redevenu un enfant, un peu potelé, maladroit et surtout sans force. Il était sans défense et la gifle qu'il se prit le fit vaciller. Il tomba au sol et gémit, ses genoux et sa joue en feu.
- Les garçons n'ont pas peur. Les garçons savent se défendre. Les garçons sont forts.
Florent voulut répondre mais seul un sanglot étranglé sortit de sa gorge, les mots y restant bloqués. Il ne savait même pas ce qu'il voulait dire de toute façon.
- Je ne crois pas avoir élevé une tapette.
Honteux. Cette voix qui le rabaissait sans cesse car il n'était pas assez costaud et gaillard, trop sensible et peureux par rapport aux autres garçons de son âge, lui faisait toujours se sentir honteux.
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De Paris à Saint-Pétersbourg
FanfictionUn temps après la dernière représentation de Mozart l'Opéra Rock, les 6 chanteurs principaux de la comédie musicale partent en tournée en Russie pour un concert symphonique. C'est donc sous les décors enneigés de Moscou et Saint-Pétersbourg que Flor...