Faute à l'humanité

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Les machines clignotaient et grondaient dans un vacarme assourdissant. Le Dr Mcleen était arrivé, et s'affairait avec les médecins autour du pâle corps de la jeune fille.

L'infirmière, elle, se tenait en retrait, dans un recoin sombre de la pièce, remplie de remords et de culpabilité. Que lui avait-il pris de le lui dire? Elle savait pourtant qu'en le faisant, elle commettait une erreur professionnelle grave. Seulement, cette jeune patiente avait l'air si torturée qu'elle avait cru bon de le lui dire ...

Lorsqu'on avait lu le dossier que le Docteur avait composé sur Ambroisie, elle s'attendait à voir un monstre, tant son état était grave qu'il était impossible d'imaginer qu'une personne subissant de tels symptômes puisse être humain -ou du moins, avoir un esprit humain. il y avait de tout : hallucinations, dépression, anxiété généralisée, phobie sociale, théorie du complot, trouble panique, troubles psychotiques et son jeune âge n'arrangeait pas les choses. Toutefois, la schizophrénie paranoïde semble dominer le reste de ses symptômes, ce qui rend le cas plus "traitable".

Lorsqu'elle la découvrit alors, enchaînée à son lit, plissant les yeux sous l'effet des calmants, l'infirmière ne put s'empêcher de s'attendrir. Elle s'était dit que cela ne pouvait pas être pire pour elle de toute façon, et de plus, peut-être ne réagira-t-elle même pas à la nouvelle? Après tout, aucune de ses réactions ne sont totalement humains ...

Elle avait à présent sous les yeux la preuve de son erreur.

-La patiente est dans un état critique, dit Dr Mcleen en prenant son pouls. Mlle Jenson, pouvez-vous nous dire ce qui est à l'origine de sa soudaine baisse de tension?

Le cur battant, celle-ci s'avança vers son supérieur.

-Je... j'étais venue sous votre ordre vérifier sa stabilité, mais je l'ai retrouvée éveillée, malgré la forte dose que nous lui avons administrée. Elle n'arrêtait pas de poser des questions, elle avait l'air si inquiète... je... je...

Balbutiante, l'infirmière n'acheva pas sa phrase et baissa les yeux, le regard livide.

-Donc, vous être en train de me dire que vous n'avez pas pu tenir votre langue et que vous avez fourni des informations incontrôlées à la patiente, et ceci sans mon accord.

-Elle avait le droit de savoir ! s'écria-t-elle. Il s'agit de sa mère, elle est plus concernée que n'importe qui par les évènements.

-Oui, nous avons bien vu que cela lui a réussi, n'est-ce pas? répliqua le médecin en se retournant vers l'infirmière, les yeux brillants. Vous deviez faire vos preuves avec ce dossier, j'imagine que ce n'est pas la peine de vous dire que vous n'avez à présent plus aucune chance d'avoir un poste dans mon équipe.

L'infirmière reteint son souffle tandis que ses yeux se remplirent de larmes.

-Monsieur...

-Dites à Mlle Trenton de lire le dossier, elle va prendre votre place. Quant à vous, repartez vaquer à vos anciennes occupations.

Sous le choc, l'infirmière se dirigea vers la sortie, mais le docteur la héla :

-Avez-vous au moins compris votre erreur, Mlle?

Elle se retourna.

-J'ai eu l'erreur de lui divulguer des informations non contrôlées.

-Cela n'a pas été l'erreur la plus grave, non. Votre erreur a été de la considérer comme une personne normale. Au revoir, Mlle Jenson.

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