W.R.O.N.G

*Nothing*

Il y'a des larmes qui ne cessent jamais de couler, des vides qui ne se comblent pas, des souvenirs que rien n'efface et des personnes qu'on ne remplace jamais...
Les sourires reviennent mais que pour masquer la peine.

Il y a pire que la mort, il y a la perte de l'espoir...

Vous vous rappelez de votre enfance ? La vie vous paraissait tellement facile, une longue route dénuée de toute complication. Votre unique souci était de savoir quel dessert votre "maman" allait préparer ou à quelle heure votre "papa" allait rentrer. Vos parents s'occupaient de vous du mieux qu'ils pouvaient et remplissaient leurs devoirs. Vous dormiez sur des lits douillets, le ventre bien rempli, bercés par la voix douce et rassurante de votre génitrice.

Pour ma part, je n'avais jamais bénéficié de ce privilège. Fille d'une ancienne prostituée et d'un père inconnu, la misère me collait à la peau depuis la naissance. La seule vraie famille que j'avais était mon frère, Charlie, qui avait toujours été à mes côtés. Nous avions toujours fait face à la médiocrité de notre existence ensemble et nous arrivions à être heureux, entre nous. Nous avions vécu ce que deux enfants n'auraient jamais dû traverser et nous avions appris à se débrouiller avec le peu de revenus que nous arrivions à dénicher malgré notre jeune âge.

Chacun protégeait les arrières de l'autre et j'arrivais à me sentir en sécurité dans les bras de mon frère qui était de seulement deux années mon aîné. De Washington à Chicago, de San Francisco à Los Angeles, nous avions tout parcouru main dans la main. Notre procréatrice n'avait jamais été du genre à construire une famille. Elle vagabondait de ville en ville telle une clandestine, vendant son corps par ci par là pour dépenser chaque centime qu'elle gagnait dans de la drogue, nous laissant sans rien à mettre sous la dent.

Je n'oublierai jamais le jour où elle nous avait annoncé qu'on allait enfin avoir un domicile fixe, un père qui allait nous aimer comme ses propres enfants, des études qui ne feraient pas de nous des illettrés et surtout un avenir meilleur. J'y avais cru contrairement à Charlie, j'avais foi et j'étais prête à donner une nouvelle chance à ma destinée. Sauf qu'il s'était avéré qu'il avait raison et qu'au lieu de retrouver un foyer chez cet homme, nous avions mis les pieds dans une prison, un enfer sur terre.

Cet homme " bon " qu'elle avait épousé était un débauché de première qui la battait sans relâche. Nous vivions certes dans un quartier chic, étions bien habillés, recevions une scolarisation, mais étions loin d'être libres. L'univers avait fait en sorte que l'obscurité nous ronge n'importe où nous allions et mon rêve de me sentir à ma place s'éloignait de plus en plus.

Au fil des années, ma deuxième moitié s'était échappée de nos conditions déplorables pour rejoindre l'armée, m'abandonnant seule comme jamais. Je me sentais brisée, mal-aimée, vivant dans le déni. Sans lui, je n'étais qu'une bâtarde, une effacée de ce monde, une âme délabrée. Je voulais mourir plutôt que de prendre une autre bouffée de cet air qui m'entourait. Un monstre, voilà ce qui me définissait le mieux. Je ne détenais rien de spécial. On m'avait appelé Faith et je n'avais rien à voir avec ce prénom. On aurait dû me surnommer " Nothing " . C'était ce que j'étais. Je n'étais rien dans ce monde. Rien. Et je resterai ainsi durant toute ma vie. Le monde ne réservait aucune place aux gens de mon espèce et je savais que j'allais finir comme celle qui m'avait engendré... une vagabonde.

                              
                                  - À suivre