3- Alone in the jungle

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La solitude... Cette oppression immonde que j'ai tellement de mal à encaisser... Je devrais me sentir heureuse de m'être échappé de lui sauf que c'était loin d'être le cas. J'étais dans une station de bus, nue, avec seule une couverture comme support. Je n'arrivais pas à croire que j'étais arrivée au point de départ, allongée sur un banc tel un malfrat, un sans-abri, une vagabonde. Je n'avais aucune idée de ce qui adviendrait de moi et je ne savais pas si j'allais survivre ou périr.
Me voilà sans vêtements, ni habitacle, avec trois fois rien de sous, laissant tout ce que je possédais derrière moi. Cependant, pour la première fois depuis des années, j'étais émancipée. Je m'étais dirigé, ici, en premier lieu, étant donné que c'était à cet endroit précis où j'avais vu mon frère pour la dernière fois avant qu'il ne rejoigne la base militaire. Je n'avais jamais autant pleuré de toute ma vie parce que mon instinct avait deviné en quelque sorte ce qui s'ensuivait et je faisais le deuil non seulement de mon frère mais de l'ancienne moi aussi. Au fur et à mesure que la nuit avançait, le froid avait régné sur le temps et un épais brouillard m'encerclait de toute part. Mon corps était lâche, portant les séquelles de ma confrontation avec lui, tandis que la faim accompagnée de la souffrance et de l'accablement me gagnait de plus en plus. J'avais vu assez d'horreurs durant la journée et je ne souhaitais que dormir alors que l'obscurisse et ses ténèbres s'énonçaient longs. Je priais pour que le sommeil m'engloutisse et me reconduise dans les bras de Charlie

Plongée au bas fond d'une torpeur apaisante, j'arrivais à le voir dans toute sa splendeur. Je caressais les mèches tombant rebellement sur son font et je lui murmurais à quel point j'étais désemparée et à quelle point ma vie avait basculé sans sa présence. Cela semblait tellement réel...  Au moment où j'allais lui confesser que je l'aimais et que j'allais le supplier de ne plus jamais lâcher ma main,  je sentis des secousses agiter mon corps frêle. Pourvu que ce ne soit pas lui... Pourvu que ce ne soit pas lui... J'entre-ouvris les yeux avec hésitation et fus soulagée de ne pas retrouver l'auteur de mes pires cauchemars. C'était un agent de sécurité d'après l'uniforme qu'il portait et il semblait contrarié de tomber sur moi. Je lui lançai un regard interrogateur avant de me rappeler que je m'étais endormi sur un lieu public, enveloppée d'une simple couette. Je tirai sur l'édredon afin de cacher mon anatomie des yeux des gens autour de moi.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? C'est une station de bus et non une baraque ou s'reposer ! Dégages ! (m'hurla-t-il, sévèrement)

Il m'arracha violemment du siège et me poussa hors de la zone sous les regards ébahis des gens. Je ne pus m'empêcher de le percevoir d'un regard haineux et me demandai s'il avait le droit de me traiter de la sorte.
Je tenais à peine debout et mes genoux flageolaient alors que j'avançais vers une destination inconnue. Logandale n'était qu'une petite ville du Nevada et je savais que si je ne partais pas, lui finirait par m'avoir. Je ne savais pas où employer le peu d'argent que ma mère m'avait confié. Il me fallait au moins 4 dollars pour prendre le bus vers Las Vegas. J'hésitais à y aller pour la simple et bonne raison que j'étais déboussolée et que je ne savais guère si cela allait me mener à quelque chose. La faim et la fatigue me gagnaient avec plus d'intensité et je refusais d'aller à un quelconque refuge au risque de mettre en jeu ma liberté. Il n'y avait personne qui pourrait s'occuper de moi dans ce satané enfer et je priais pour que personne de ses contacts ne m'aperçoive. Je continuai de tourner autour de la station sans aucune issue en main ni aucune échappatoire. Je préférais mourir dans la rue plutôt que de me laisser manipuler tel un objet, un rat de laboratoire, une femme soumise. J'avais perdu la plus précieuse valeur que l'Homme puisse avoir et je comptais bien m'accrocher à ce semblant de dignité qui me restait.

 J'avais perdu la plus précieuse valeur que l'Homme puisse avoir et je comptais bien m'accrocher à ce semblant de dignité qui me restait

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W.R.O.N.GOù les histoires vivent. Découvrez maintenant