Chapitre 2

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Une voix grave me réveilla.

    -C'est bon, elle vient à nous.

La sensation de vertige avait disparue, mais j'avais beaucoup de mal à sortir de mon sommeil. Je faisais plusieurs tentatives d'ouverture des paupières, quand une gifle me réveilla complètement.

    -Aïe !! Qu'est-ce que...

Je découvris alors que je n'étais plus dans mon lit. Ni même dans un lit tout court. Mais sur un tapis dans une grande salle inconnue.

Une montée d'adrénaline apparut en moi.

    -Où suis-je ?! Vous m'avez kidnappée ! Allez-vous en ! A L'AIDE !!!!!

Un homme à ma gauche me bloqua mes bras d'une main et mit l'autre sur ma bouche.

    -Mmm ! MMMM !!

Un autre homme, plus costaud et plus vieux, qui me fit penser à un général de la seconde guerre mondiale, s'approcha et me parla :

    -Ne vous affolez pas, Lina, nous ne voulons pas vous faire de mal. Mon collègue va vous libérer pour que nous puissions parler tranquillement, mais il va falloir me promettre de rester calme.

Les doigts poilus de « son collègue » me rentraient dans la bouche, alors j'acquiesçai sans perdre de temps.

    -Bien. Lâchez-la.

L'assaillant poilu me libéra et quitta la salle. J'étais à présent seule avec l'ancien colonel. Nous commencions alors à marcher, pour sortir nous aussi de cette salle.

    -Comment connaissez-vous mon nom ?

    -Eh bien, Lina, me répondit-il, je vous avoue que je suis un peu déçu. Tant de surprise et c'est la première question que vous me posez.

Je ne sus pas quoi répondre.

    -Je vais quand même vous le dire. Pour vous avoir choisie comme nouvelle recrue, nous nous sommes beaucoup renseignés sur vous, nous vous avons beaucoup observée, et savoir votre nom est quand même la base.

    -Recrue ?? Recrue de quoi ?

    -Cessez vos questions. Vous saurez tout dans les deux prochains jours.

    -Non ! Je veux savoir maintenant !

Il s'arrêta et me fixa dans les yeux.

    -Jeune fille, je ne pense pas que vous ayez quelque droit d'irrespect en ce moment même.

Sa voix autoritaire me fit directement me taire.

    -J'espère que vous avez compris. Je dois aller chercher quelques papiers, alors attendez moi là. N'essayez pas de vous enfuir, vous vous perdrez.

Et il partit sur la droite, me laissant seule dans un couloir à peine éclairé.

    -Génial... marmonnais-je.

Je n'osais pas bouger, alors je restais adossée à un mur en l'attendant. J'avais peur, et je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Tout ce que j'avais envie, c'était de retrouver mon lit et ma famille et mes amis...

Une voix interrompit mes pensées.

    -Pssst, psst. Oui, toi.

Un grand garçon, qui avait l'air à peine plus vieux que moi, s'approcha. Ses cheveux en bataille, étaient d'une couleur étrange, une mèche blonde, une mèche noire. Mais ce furent ses yeux qui me surprirent le plus ; un œil vert, et l'autre œil... doré.

    -Aah !

Le garçon se mit à rire.

    -Ce sont mes yeux qui te surprennent ? Si tu veux je change.

Toujours souriant, il loucha, et ses yeux changèrent de couleur pour devenir noisettes, comme les miens. Sous le choc, je reculai et me cognai au mur.

    -Hé, doucement.

Je lui criai, un peu trop brutalement :

    -Comment tu fais ça ?? T'es qui ?!

A nouveau, il rigola.

    -Calme-toi. On voit bien que tu es nouvelle... Je m'appelle Driss. Et, euh, je fais ça... comme ça.

Instantanément, ses cheveux prirent une couleur rousse. Je ne pus cacher mon étonnement.

    -C'est incroyable, lui dis-je.

    -Oh non, je t'assure, pas vraiment. Mon pouvoir est bien ridicule par rapport aux autres.

    -Aux autres ? Tu n'es pas le seul ?

    -Tu n'as vraiment pas de chance d'avoir le Commandant Reck pour t'accueillir.

Tiens, un commandant. Mon idée de général n'était pas si fausse.

    -Tu ne m'as pas répondue.

Il soupira.

    -Je n'ai pas beaucoup de temps avant qu'on me repère ici. Et ce que tu demandes, tu vas bientôt le savoir, alors je préfère parler de choses plus importantes.

Des pas résonnèrent depuis le couloir d'où le Commandant était parti.

    -Bah voilà, c'est trop tard. A plus, Lina.

    -Hé ! Comment toi aussi tu connais...

Mais Driss était déjà parti. Deux secondes après, le Commandant apparut.

    -J'ai entendu du bruit. Il y avait quelqu'un ?

Je lui fis un non saccadé de la tête.

    -Bon, peu importe. J'ai ton numéro de chambre, c'est la 23. Je vais t'y accompagner.

    -Je vais devoir dormir ici ?

Il me répondit sans même me regarder.

    -Tu vas devoir vivre ici. Si vivre est le bon sens du terme.

Et nous marchâmes de nouveau, dans le silence, alors que les paroles du Commandant résonnaient dans ma tête.

Section ExtranormaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant