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— Regardez ce que j'ai trouvé sur le palier hier soir ! dis-je à mes amis en désignant la rose pourpre. Il n'y avait pas de mot ni quoi que ce soit d'autre.

Il est près de midi, Laëti vient de rentrer et Ju de se lever. Mes deux amis froncent les sourcils tout en me lançant un regard circonspect. Je veux bien comprendre qu'ils émergent, mais quand même, personne ne voit où est le problème ?

— Vous ne trouvez pas ça... bizarre ? Qu'on dépose une rose sur notre palier ? insisté-je.

— Ben c'est un truc romantique, non ? s'enquiert Julien.

Laëtitia, elle, affiche un masque indescriptible.

— Admettons... Dans ce cas, qui ça pourrait être et à qui c'était destiné ?

— Je ne vois pas Mélanie faire ce genre de trucs, donc vous pouvez m'exclure, répond Julien.

— Ça ne peut pas être Romain non plus. Il était au bar avant nous et nous sommes partis ensemble.

— Et Ben ?

— Il ne m'a jamais offert de fleurs donc non. Lorenzo ?

Ju secoue la tête d'exaspération en entendant le nom de son ami.

— Je lui ai demandé, ce n'est pas lui.

— Léo ?

— Comme Romain, il était au Shadow avant mon arrivée et après mon départ.

Il y a alors un moment de flottement durant lequel nous nous dévisageons tour à tour.

— OK, votre truc ça prend des allures d'enquête policière. Ce n'est qu'une stupide rose, pas de quoi en faire un drame, non ? demande Julien, qui ne semble pas aussi inquiet que moi.

— Je suis d'accord. Et puis ça se trouve c'était pour la voisine et la personne s'est trompée de palier, renchérit ma meilleure amie.

La voisine, mais bien sûr !

Face à leur réaction, je choisis de ne pas insister. De toute évidence, je suis la seule à avoir un problème avec la présence de cette fleur et je n'ai pas envie d'être à nouveau qualifiée de parano.

— Bon, je dois y aller, à plus tard, dis-je en faisant demi-tour pour quitter la cuisine.

— Tu vas où ? s'enquiert aussitôt Julien.

Je me retourne pour lui répondre.

— Dire à ma mère que je suis enceinte, elle m'a invitée au restaurant.

Il me lance un regard compatissant ; Laëtitia se lève et me prend dans ses bras.

— Ça va aller, ma Jadounette.

— Oui, merci.

Et sur cette dernière phrase, je quitte l'appartement.

*

— Bonjour ma chérie, tu vas bien ? me demande ma mère en se levant pour me prendre dans ses bras.

— Salut, Maman. Ça va et toi ?

— Ça va...

Ma mère se rassoit en face de moi. Elle porte un élégant chemisier en soie vert menthe et une jupe longue, cintrée. Ses cheveux châtains, très lisses contrairement aux miens, sont libérés, un léger voile de poudre unifie son teint et une touche de mascara intensifie ses cils. Simple et élégante, comme à son habitude.

Alors que l'apéritif arrive, je suis obligée de décliner avec embarras le kir à la violette qu'elle nous a commandé en attendant mon arrivée.

— Bon, eh bien je vais le boire.

Quand le ciel descend sur la Terre (romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant