<11>

216 15 0
                                    

Clarke

Je m'en vais en pleurs. Je cours si rapidement pour m'enfuir que les larmes s'envolent de mes joues. Lorsque je suis dehors je ne sais quelle direction prendre. Alors comme je n'ai qu'un seul endroit qui m'appartient réellement, j'appelle un taxi en bord de route et je m'y dirige plus triste que je n'ai jamais été. Lorsque j'arrive devant cette maison qui réveille tant de souvenirs douloureux j'ai la nausée et je dois me concentrer énormément pour ne pas vomir. Je sors en payant le chauffeur et je m'avance vers la maison. Je me tape le front quand je me rends compte que je n'ai plus mes clés. Heureusement que mon père a toujours caché une clé de secours et que je me souviens de son emplacement exact. Je soulève un pot de fleurs posé sur le rebord d'une fenêtre et j'insère la clé dans la serrure de la porte d'entrée. Je fais quelques pas avant de trouver l'interrupteur et de l'actionner. La lumière révèle le salon et je constate que rien n'a changé hormis la tâche de sang qui couvre une bonne partie du plancher. Cette image me dégoûte lorsque je pense au propriétaire de ce sang. Je ne m'attarde pas plus là dessus et je file en haut prendre un maximum d'affaires que peut contenir ma valise. Je la ferme avec difficultés puis la descends jusque dans l'entrée. Je manque de faire une crise cardiaque lorsque une souris passe à mes pieds. Je cris légèrement et je me dépêche de sortir de cette maison. Je jette un dernier coup d'œil à l'ensemble de cette maison remplis de bons et mauvais souvenirs. Comme lorsque j'invitais Octavia a dormir à la maison ou mes fêtes d'anniversaire plutôt réussies, mais je repense aussi à la mort de mon père, Finn ou encore les incalculables disputes avec ma mère ou encore Bellamy. Mes pensées s'attarde sur cette dernière personne. Maintenant que je sais qu'il me déteste et qu'il m'a convaincu que tout cela était de ma faute je ne veux plus pleurer pour lui. Je ne veux plus verser une larme de plus ou user de ma salive encore une fois pour lui. Je veux juste l'oublier pour pouvoir me sentir libre de mes faits et gestes et ne plus supporter cette surprotection qui me rassurait autrefois mais qui m'étouffe désormais.

Je me dirige vers l'hôtel le plus proche et je prends la carte bleue que ma mère m'a laissé en cas de dernier secours. Voilà une chose qu'elle a bien faite et qui peut s'ajouter à la maigre liste de ses bonnes actions. Effectivement elle n'était pas le genre de mère à préparer mon goûter lorsque je rentrais de l'école ou qui prenait la peine de venir embrasser son enfant avant d'aller dormir. Non elle était le genre de mère tout le temps absente mais qui finançait tout ce dont j'avais besoin. C'est donc aujourd'hui dans cet hôtel miteux que je prends la chambre la moins cher et que je réfléchis à un projet de vie. Je cherche sur Internet quel futur serait susceptible de me plaire mais rien ne me corresponds. J'abandonne les recherches et j'allume la télé. Je mets la chaîne des infos et je regarde les publicités les plus absurdes les unes que les autres. Mais une en particulier attire mon attention. Je monte le volume et j'écoute attentivement. Je me rends compte que cette idée me plait. Je me rends compte que me faire du mal n'amenait à rien à part à quelques minutes de soulagement. Mais si je suis physiquement et mentalement occupée je n'aurais plus le temps de souffrir. Je prends mon téléphone en vitesse et j'appelle le numéro qui s'affiche sur l'écran.

C'est ainsi que je me suis retrouvée engagée dans l'armée.

Le lendemain

J'ai déjà une place dans un avion qui part pour la base militaire. Je n'ai pas de tenue mais l'interlocuteur que j'avais au téléphone la veille m'a affirmé qu'il m'en donnerait une sur place. Je suis impatiente de recommencer une nouvelle vie, de repartir à zéro mais je suis aussi énormément stressée. Je me pose des questions sur la difficulté du quotidien la bas, si je serais à la hauteur des exigences et si j'y survivrais. Mais je sais que c'est un futur qui me plaît et que c'est ce que je veux faire.
J'ai passé la nuit à écrire deux lettres. Une pour la fac d'arts pour leur dire que je ne serais plus des leurs où je le remercie de m'avoir donné une seconde chance et une pour Octavia. J'ai beaucoup pleuré en l'écrivant et rien qu'en y pensant j'en suis toute chamboulée. Je la ressors de son enveloppe pour la relire une dernière fois.

" Octavia,

Je t'avoue que t'écrire est très difficile surtout quand je pense à toi dans ce lit d'hôpital. Je ne me fais pas de souci pour toi car je sais que tu es la plus forte et courageuse femme que je connaisse et que je n'ai jamais connue. Je sais aussi que tu te sortiras de cette situation dans laquelle je t'ai entraîné et je m'en veux chaque minute pour ça. J'espère que tu ne m'en voudras pas que je ne sois pas présente à ton réveil même si tu ne le souhaites pas vraiment. Dans le cas où tu ne serais pas en colère contre moi tu vas en avoir une bonne raison. J'ai décidé de partir, de tout recommencer et de me reconstruire. De trouver qui je suis vraiment et quelle peut être ma vie sans que j'ai besoin de personnes à chaque étape de celle ci. Je sais que tu as une longue et belle vie devant toi, que tu accompliras de très belles choses car tu devrais croire en toi comme moi je crois en toi. Ne laisse personne te détruire car fais moi confiance tu ne veux pas vivre ça. Je sais également que tu ne seras pas seule et c'est pour ça que je me permets de partir. Un jour tu rencontreras une personne qui t'aimera pour ce que tu es et non ce que tu prétends être. Parce que malgré ces airs de dur à cuire et de femmes d'affaires je sais qui tu es au plus profond de toi et crois moi cette personne sera la plus chanceuse du monde d'avoir la fille la plus intelligente, attentionnée, sensible et courageuse qu'il soit. Sur ce j'espère te revoir un jour et te dire en face tout ce que je t'ai dis.
Je t'aime.

Clarke"

Je la replace dans son enveloppe avec la larme à l'œil. Je me dirige vers la boîte aux lettres la plus proche et y insère les deux courriers signés de mon écriture à peine lisible. Je souris de soulagement et me dirige le cœur léger vers un taxi lui indiquant l'aéroport.

GoodbyeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant