Chapitre 16 : Sauvé ?

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P.D.V Harold

Dans les heures qui suivirent, nous libérâmes tous les dragons présents dans le garde-manger et leur bouchâmes les oreilles avec de la cire, au moins pour qu'ils ne se fassent pas envouter par le chant du dragon cannibale jusqu'à notre retour à la Rive, où ils nous suivraient. Nous fûmes donc près de 76 à emprunter la galerie de pierres pour aller à la plage, où nous attendaient les autres, sains et saufs, ou presque, car Varek se tenait la tête dans les mains, découragé par le comportement immature des jumeaux.

Nous sauvâmes ensuite tous les dragons de la place où Astrid avait libéré Smidvarg.

- On est tous là ? criais-je pour me faire entendre à travers tous les cris et les battements d'ailes des dragons.

Nous allions quitter l'île Mélodie, ce territoire maudit, d'où aucun dragon ne pouvait s'échapper sans l'aide des humains.

- Prêts ! me cria Astrid, volant sur Tempête au-dessus de la centaine de dragons sauvages.

- Alors on y va !

Krokmou tira en l'air, signal du départ, et décolla. Tous les autres dragons s'élevèrent à leur tour pour nous suivre. Les jumeaux et Varek attendirent qu'ils se soient tous envolés avant de décoler à leur tour. Il ne fallait oublier aucun dragon. J'entendis un hurlement. Le Chant Funeste venait sûrement de se rendre compte que son garde manger était vide, et il était sûrement très en colère. Il recommança son chant, dans l'espoir que ses proies ne soient pas loin et qu'elles reviennent toutes. Nous n'étions effectivement pas loins mais les dragons n'entendaient rien.

Le soleil était au plus haut dans le ciel quand nous arrivâmes à la Rive. Les dragons se répendirent dans la base, qui fut donc envahie par une trentaine de Terreurs Terribles turbulentes, quelques Cornebrutes imposants, des Vipères joyeuses et bondissantes, des Tiphonmrangs gigantesques, des Hideux Braguettaurs explosifs, et bien d'autres encore. Je m'envolais vers le champ d'herbe à dragons pour en prendre un brin, puis vers ma hutte pour récupérer la fleur d'Ebène, puis vers l'île de quarantaine pour récupérer la glace de Rage des Neiges. L'Ambre était dans les sacoches de Krokmou.

Les autres dragonniers ne pouvaient pas assister à la guérison d'Acidoux, étants comme qui dirait « légérements occupés par une centaine de dragons qui volent qui courent qui piaillent qui mangent qui paniquent qui sont sourds » je vous gavent peut-être avec cette phrase trop longue et sans aucune ponctuation ou bien alors je vous gavent pas du tout mais de toute façon je m'en fou parce que là faut que j'y aille parce que sinon Acidoux il va mourir.

Bref ! J'avais tous les ingrédients, alors je volais vers la plaine où Acidoux agonisait. Je me posais à une dizaine de mètres du dragon. Il était devenu entièrement noir, il ne restait de rouge que sur le sommet de sa tête, en un rond de 10 centimètres de diamètre. Il était très faible, ses ailes pendaient lamentablement autour de lui. Il toussait beaucoup, si bien que l'herbe devant lui était entièrement fondue par ses jets d'acide. Il ne releva même pas la tête à mon approche. Gothi était à ses côtés, avec une marmite d'eau bouillante dans laquelle elle avait entreposé les ingrédients qu'elle avait déjà avant de venir, et qu'elle gardaient en permanence dans sa sacoche.

Je lui tendis les ingrédients, elle les prits et les jeta un à un dans la marmite, enlevant toute la terre qui recouvrait la fleur d'Ébène. Le remède était enfin prêt. Enfin, après des jours de souffrance, après des aventures dangereuses, il était prêt. C'était fini, Acidoux allait guérir.

Gothi touilla son mélange, y ajouta encore quelques gouttes de potion, touilla encore, puis sortit un bol de sa poche. Elle versa le remède dedans et me le tendit. Je le prit avec précaution et me dirigeais vers la tête d'Acidoux. Celui-ci ouvrit péniblement les yeux et me fixa. Les larmes envahirent mes yeux et je clignais des paupières pour les chasser. Il parraissait tellement faible, que j'avais peur de lui casser quelque chose si je le touchais. Je m'agenouillais auprès de lui, posais le bol au sol et soulevais doucement sa tête. Il toussa et je posais sa tête sur mes genoux. Je repris le bol, lui ouvrait doucement la gueule et versais le liquide bleuâtre dans sa bouche. Il avala difficilement. Je carressais doucement sa tête pour le rassurer.

A quelques mètres, Krokmou grogna, désolé. Il fixai Acidoux d'un regard triste.

Une heure après que jelui ai administré le remède, il n'y avait toujours aucun résultat. Je commençai à paniquer, et relevais la tête vers Gothi, pensant qu'elle avait oublié un ingrédient. Mais elle me tendis un deuxième bol plein de potion, que je donnais à Acidoux.

P.D.V Acidoux

Le liquide bleu coula une nouvelle fois dans ma gorge, et poursuivis son chemin jusqu'à mon estomac. Il se répendit ensuite dans tous mon corps, et lutta contre le liquide noir qui composait ma maladie. Bleu contre noir. Noir contre bleu. Lequel des deux allait l'emporter ? Leur bataille me causa une grande douleur, et je rugissais intérieurement. J'étais trop faible pour rugir vraiment. Le noir était plus puissant, plus présent dans mon corps, mais le bleu résistait.

On me fit boire une nouvelle fois du liquide bleu, puis une autre fois, et encore une autre. Toutes les heures, jusqu'à la fin de l'après-midi, le bleu était toujours plus faible que le noir, mais semblait presque invincible. Il décimait lentement mais sûrement le noir qui combattait pour sa survie.

Les humains qui m'avaient capturés se réunirent autour de moi, et la vieille expliqua aux autres que je devais prendre le liquide bleu toutes les heures pendant trois jours. L'humain brun soutenant toujours ma tête sur ses genoux, et me faisait boire le liquide bleu chaque heure.

Le combat se poursuivais en moi, et peu à peu, je sentai le bleu gagner du terrain. Le noir restait toujours le plus puissant. Il luttait avec acharnement contre le bleu, qui était toutes les heures un peu plus fort, pour ne pas se faire détrôner. Mes muscles se contractaient tous seuls, endurants le duel contre la maladie qui me rongeait.

L'humain brun resta près de moi toute la nuit, sans faiblir, me donnant le remède le moment voulu, combattant avec moi la maladie. La tension l'empêchait de dormir, d'autant plus qu'en surface, le noir avait entièrement recouvert mon corps.

Je me sentai revivre, j'allais vaincre ma maladie, mais pourtant, je me sentais de plus en plus faible. Pourquoi ? Je n'étais pas censé aller mieux ? Je n'arrivai pas à garder les yeux ouverts, j'avais faim, j'avais soif, mais je ne voulais pas manger ni boire. Mes muscles manquaient d'énergie, mais étaient forcés de travailler quand même. J'avais mal. Très mal. Je n'étais plus que douleur. Je brûlais. Je me consummais de l'intérieur. Le liquide bleu n'apaisait pas la douleur, et au contraire l'emplifiait. N'était-il pas censé me guérir ?

Harold resta à mes côtés, me caressant la tête, pendant trois jours, ne dormant ni ne mangeant. A son regard, il semblait encore plus souffrir que moi, était-il malade lui aussi ? Le noir était détruit, où du moins une grande partie. Pourtant j'allais toujours mal. J'avais toujours mal. J'allais mourir à présent, j'en était certain, mais je résistai. Finalement, le bleu l'emporta sur le noir. C'est quand il eut enfin éliminé la dernière goutte de noir que je cessai de résister. Je m'abandonnai totalement à la douleur. Lutter contre la maladie pour finalement mourir de douleur, de faim, de soif ?

Chers humains, je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour moi. Merci de m'avoir appris à vous connaître et de m'avoir expliquer ce qu'était l'amitié, d'avoir tout tenté pour me sauver, jusqu'à risquer vos propres vies. Je ne vous en veut pas d'avoir transpercé mon aile. De toute façon, je n'aurai plus jamais l'occasion de m'en servir.

Je suis désolé. Désolé d'avoir laissé la maladie gagner. Désolé d'avoir cessé de résister. Désolé de vous avoir fait prendre des risques pour sauver un dragon condamné. Désolé de vous infliger une souffrance qui n'est pas la votre. Désolé que vous deviez assister à ma mort. Désolé pour tout. La douleur, les brûlures, les séquelles.

Je suis mort.

Qui est choqué et déçu de ce chapitre le dit dans les commentaires avec le hashtag #choquéetdéçu ! Quant à moi je mets celui là : #commentfaireensorted'avoirpleindecommentairesdansunchapitreenuneleçon 😂😂😂

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