La braise crépitait toujours. L'atmosphère était pesante, compressée à bas le sol. L'odeur âcre de la fumée emplissait toujours ses narines éveillés. Elle ouvrit brusquement les yeux, prenant une grande inspiration. Elle se releva avec difficulté, tentant de comprendre ce qu'il lui arrivait. Une fois debout, tenant sur ses jambes tremblantes, elle palpa son cou. Elle fit glisser sa main contre sa peau neuve et intacte. Elle tentait de se rappeler. Rien de difficile. Félix lui avait tranché la gorge. Elle l'avait ressenti. La coupure. La douleur. Le sang s'écoulant abondamment sur le haut de son corps et ses vêtements. Elle avait senti le brouillard l'enveloppant, elle avait vu la vie la quitter et elle s'était senti s'envoler. Elle distinguait tout ce passé comme dans un lointain souvenir.
-Peter...
-Wendy ?
Elle tenta de rester calme. Le bonheur aurait pu toucher son cœur. Mais il ne battait plus. Elle tenta de distinguer les odeurs, le ciel et le paysage. Elle n'était que dans une fumée opaque, le ciel fade et rouge. Elle voyait des bâtiments écroulés, les reconnaissant à première vue.
Elle vit le clocher. Les aiguilles brisées et le temps stoppé.
Elle tenta d'avancer, le reconnaissant comme tout ce qui l'entourait. Ses jambes avançaient comme un mécanisme usé. Lui, courrait comme il ne le ferait plus jamais.
Il faisaient froid. Pas de vent, pas d'humidité. Juste un froid glacial, ne faisant même pas trembler les deux amants. Quand leurs deux peaux se touchèrent, et qu'ils s'enlacèrent avec amour et impuissance, une vague de chaleur humaine en sortit.
Une chaleur si dense, qu'elle aurait pu faire fondre n'importe quel glacier.
Eux étaient brûlant. Leurs parfums puissants, faisant presque disjoncter l'atmosphère.
Peter passa sa main dans les cheveux blonds de Wendy. Sa Wendy. La véritable, celle aux cheveux crépus et aussi blond que de l'or. Il sentit sa tête contre son épaule, il sentait sa peau trembler contre la sienne. Voyant qu'elle était anéantie, Peter lui chuchota :
-Tu n'as rien ?
-Je suis morte.
Peter le savait. Il l'avait bien vu. Elle était comme lui. Et pourtant, cette phrase sortant de la bouche de Wendy lui donnait envie d'exploser. De ne plus avoir de conscience.
-Comment ? réussit-il à dire.
-Après toi, je n'ai pas pu... J'ai tenté... J'ai essayé...
Il la croyait.
Les larmes pendaient à leurs yeux. Même si ils n'arrivaient plus à ressentir. C'était comme si il avaient été conditionnés, à ne ressentir plus aucune haine, ni colère. Simplement de l'apaisement.
-Où sommes nous, alors ? demanda soudainement Peter.
-Est-ce que c'est ça, la mort ?
Ils ne se décollèrent pas. Ils restaient collés et observaient les alentours.
-J'aurais imaginé ça plus...
-Différent, termina la jeune femme en un souffle.
-Wendy...
Il avait entendu quelque chose. Un cri sortant des abîmes. Wendy s'avança un peu plus. Une route totalement détruite semblait guider un chemin. Leurs mains toujours assemblées, ils continuèrent à marcher quelques instants. Puis ils aperçurent tout deux une vieille cabine téléphonique. Ils s'arrêtèrent devant en la fixant. Ils entendaient des couinements, des gazouillis, des rires heureux, qui semblaient sortir tout droit du combiné.
Ils entendaient un bébé.
Ils écoutaient leur fille.
-Qu'est-ce qu'on est censé faire, Wendy ?
-Rien.
Wendy fixait avec émerveillement la cabine, les dents serrés, pour se forcer à ne pas pleurer. Peter la regarda avec questionnement. Il sentait ses doigts contre sa paume qui tentait de vouloir le rassurer avec quelques gestes sereins. Peter tentait d'articuler clairement ce qu'il avait sur le cœur, son cœur éteint à jamais.
-Alors à quoi servons-nous, désormais ?
Wendy s'efforça de sourire malgré son chagrin.
-À l'écouter.
Peter regarda de nouveau devant lui.
Ils avaient perdu.
Et ils avaient perdu ce qu'ils venaient de créer à deux.
Wendy rajouta, forçant elle même de se convaincre :
-On va la guider.
Peter hocha la tête. Mais Wendy ne détourna pas ses yeux.
-Tu sais où nous sommes, pas vrai ? demanda t-il avec certitude.
Elle le regarda enfin. Le visage doux et éclairé. Ils étaient prêt.
-En Enfer, Peter. En Enfer.
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after | 𝓭𝓪𝓻𝓵𝓲𝓷𝓰 𝓹𝓪𝓷 3
FanfictionLes années ont passées. Émeraude est devenue une petite fille belle et radieuse, comme sa mère. Ses yeux et son caractère ressemblent à son père, selon Emma et les autres. La forêt enchantée est redirigée par Blanche-Neige et le Prince Charmant : le...