9. Entraide

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Le soir tomba rapidement sur le pays imaginaire. La pluie se manifestait toujours, de manière un peu plus épaisse mais moins régulière. Aucune éclaircie n'apparut, même après le déclin total de la journée. Le froid s'intensifiait même, pendant que la lune et les étoiles prenaient peu à peu place dans le ciel noir de poussière. Le nouveau groupe fut emmené par Caleb dans une galerie dans l'aile principale de la mine. Pendant qu'ils avançaient à travers les tunnels étroits et humides, Émeraude marchait en plein milieu de la masse des quinze autres. Elle voyait certains pionniers aller dans le sens opposé au sien. Ils finissaient sans aucun doute leur service de la journée. Certains courraient par impatiente d'en finir, d'autres traînaient des pieds avec des mines affreuses, remplies de saleté et noircies par la crasse. Le groupe continua de suivre Caleb galerie après galerie pendant au moins une bonne dizaine de minutes. La princesse n'en voyait pas la fin ! Cette mine était immense, creusée en plusieurs couloirs et pièces.

Il faisait froid, Émeraude se tenait fermement les côtes, les bras croisés, pour tenter de se réchauffer. Certains de ces camarades juste à coté d'elle tremblait, et ils espéraient tous sincèrement que là où Caleb allait les emmener : il ferait plus chaud que ça !

D'ailleurs, la petite fille n'avait aucune idée de là où il les emmenaient.

Elle ne faisait que de penser à ce garçon qui les guidait, à Caleb. Elle marchait frénétiquement en ne pensant qu'à lui. Elle regardait sa marche élancé et assurée. De dos, elle pouvait admirer ses cheveux blonds cendrés qui formaient quelques petites mèches tombantes en bas de sa nuque, de son manteau de fourrure qui ne laissait apparaître en aucun cas sa corpulence. A la vue de ses mains si fines, Émeraude ne se doutait pas une seconde qu'il s'agissait d'un garçon assez maigre. Il était si grand, aussi grand que Félix, le soit-disant "roi" de ses yeux. La petite fille ne le lâchait pas des yeux, sentant son cœur battre à tout rompre par l'incompréhension. Elle n'avait qu'une seule envie : le prendre à part et lui demander des explications. Elle espérait en avoir l'occasion. Elle ne pouvait pas garder tout ce qu'elle avait sur le cœur ainsi. Il fallait qu'elle comprenne. 

Elle n'eu pas le temps d'y réfléchir plus, car ce dernier se retourna brutalement, le regard aussi neutre que d'habitude. D'ailleurs, elle ne comprenait pas non plus cette expression. Félix. Elle avait cette farouche impression... Comme si Félix était un point d'ancrage pour Caleb. Il avait un regard si désintéressé et inexpressif quand il était dans les parages ou quand il s'agissait de s'occuper du groupe. Mais avec elle... C'était comme si tout ce qu'il ressentait faisait soudainement surface, comme une goutte débordant d'un vase. Elle avait vu cette précipitation, cette envie soudaine de l'aider à s'en sortir, ce sourire qui tenait de vouloir la rassurer sur le pont de ce fichu navire juste avant d'aller dans les galeries... Non, elle ne rêvait pas. Il n'était pas indifférant. Elle avait réfléchi aux camarades qu'il avait assassiné. Ce mot lui avait trotté dans la tête à partir du moment où elle avait compris. Comme si il sonnait faux. Comme si ce n'était pas possible. Elle avait du mal à imaginer ce garçon faire une telle chose.

Elle ne le connaissait pas. Et pourtant...

Quelques chuchotements se fit entendre dans la salle où ils pénétrèrent tous. Il s'agissait d'une immense pièce où les murs de pierres crées parfois des arabesques et des formes amusantes dans le sol ou au plafond. La salle était baignée de monde. Elle devait contenir tout les mineurs, ce n'était pas possible autrement. Ils étaient tous éparpillés dans différents coins de la salle, selon les groupes et les âges. Certains gamins, pas encore assez épuisés de leur journée de dur labeur, se courraient après et bousculaient certains autres garçons enfants ou adolescents sur leur passage. Les plus vieux : les quinze/dix-sept ans, étaient soit déjà assoupis, soit assis sur le sol de pierre à discuter avec d'autres, ou à manger du pain à l'allure écœurante. Ils avaient tous plus ou moins le regard renfermé et une allure en manque de vigueur. La princesse eu bien du mal à croire qu'ils s'agissaient des mineurs présent en début de soirée, ceux qui hurlaient de joies et de prouesses aux moindres gestes et phrase de Félix. Comme si tout le monde portait un masque à chaque fois qu'il était dans les parages ou qu'il apparaissait tout près !

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