Chapitre 10

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POV Riku.

Juste au moment où je faisais état de mes sentiments, l'incube m'annonçait qu'il allait quitter la ville. Je ne comprenais pas cette façon expéditive de résoudre les choses.

- Tu peux pas faire ça !! Tu as pensé un peu à ton travail, ta vie? à... moi?

- Oui et c'est pour ça que je pense qu'il vaut mieux que je m'en aille.

De nouveau, je ne pouvais m'empêcher de sentir des larmes me monter aux yeux. J'étais en train de tomber amoureux de cet enfoiré. Parce qu'il était séduisant, mystérieux et casse-couilles.

- Je ne veux pas que tu partes... Tu es la meilleure chose qu'il me soit arrivé dans cette ville.

- Je ne pense pas non. Si on reste ensemble, nos problèmes ne feront que croître.

- On ne peut pas être ensemble... alors...

J'avais tellement murmuré cette phrase que j'étais sûr qu'il ne l'avait pas entendu. Au fond, je voulais tenter quelque chose avec lui, même s'il ne m'aimait pas, même si je n'étais pas digne d'imaginer être avec lui. Même si sa nature le lui interdisait.

Je vis Kag se rapprocher de moi, s'asseoir sur mon lit puis se pencher. Son souffle chaud me fit frissonner, et au moment où je sentais ses mains chaudes enserrer délicatement mon visage, la sensation de ses lèvres sur les miennes m'électrisa. Il appuya le baiser chaste, si différent de tous les autres, caressa ma joue avec son pouce, je sentais son regard sur moi. Alors que je commençais à manquer d'air, il approfondit le baiser et je ne pus rien faire d'autre que lui céder malgré mon début de suffocation.

Sur le moment, c'était une fin envisageable. Je sentais le désir se réveiller dans mon bas ventre, comme si des millions de papillons virevoltaient. Je gémis entre ses lèvres, complètement transcendé par le tourbillon de sentiments qui me traversait. Kag passa une de ses mains sous mon t-shirt, effleurant ma peau de ses doigts agiles. Je ne pouvais m'empêcher de faire de même, j'avais besoin de ce contact mais il me libéra de cette étreinte. J'avais l'impression qu'il avait voulu me transmettre quelque chose.

Sa main effleura à nouveau mon visage et il partit de la chambre sans dire un mot.

POV Kagaho.

Partir était un mal nécessaire. Malgré toute l'envie que j'avais de rester auprès de lui, il me fallait prendre un vrai recul. J'avais parlé avec Alrune, et il connaissait une personne susceptible de m'aider à comprendre. Je devais parfaitement intégrer ce qui m'arrivait, bien que j'en ai une idée, c'était trop flou que je puisse prendre une quelconque décision. Surtout si ça engageait une relation avec un humain. Je soupirais en marchant dans le long couloir qui me menait vers la sortie.

Alrune m'aborda quand j'allais franchir la porte de derrière, son expression était sombre et je détestais provoquer ce genre de réaction chez lui. Il tendit la main pour saisir une de mes tresses.

- Tu as toujours eu ce truc...

- La poisse tu veux dire ? Haha ! T'en fais pas, ça me prendra pas des siècles !

- Je ne serais pas loin pour affaires, Kagaho, préviens-moi si tu as besoin.

- Al, merci, mais que je ne veux pas t'empêcher de bien veiller sur la ville !

- Jamais, tu me connais. Tu sais aussi que je n'abandonne pas ma famille.

Il me sourit et fit demi-tour, secouant la main dans un dernier geste d'au revoir.

POV Riku.

Ca faisait plusieurs jours que j'avais retrouvé mon appartement et une mobilité réduite. La blessure cicatrisait bien, j'étais doté d'un temps de récupération optimal depuis ma tendre enfance. Ce qui était un plus considérable dans le quartier où j'habitais. La solution qu'avait choisi Kag était pour le moins radical, mais pouvais-je lui en vouloir ? Après tout, un humain et un incube ne se côtoyaient que si l'un éprouvait la faim, éventuellement si l'autre payait pour ses services.

Je passais des journées fades, passant mon temps à travailler ou à me morfondre chez moi. Je ne pouvais m'empêcher de ressasser les derniers évènements et maudit intérieurement cette soirée au parc. J'imaginais ce qui serait advenu de notre conversation et peut-être aurions nous pu envisager quelque chose de sérieux, ou tout du moins nous battre pour exister.

J'avais également moins d'appétit, je négligeais mon apparence et mon patron ne cessait de me le faire remarquer. D'ordinaire, je me complaisais à séduire mes clients, rien de bien méchant, je me contentais de faire mon boulot de barman. Un soir où j'étais particulièrement rêveur, je ne me rendais même pas compte qu'un client ayant un peu trop bu me faisait du rentre-dedans.

POV Kagaho.

Deux semaines. Deux semaines sans le voir, je n'en pouvais plus. J'avais quitté la ville pour me réfugier une cinquantaine de kilomètres au nord, dans une cité réputée pour sa communauté incube. Je n'y avais pas de connaissances particulières mais j'espérais y trouver des sages, des esprits qui auraient pu m'éclairer sur ma situation. Car j'avais accepté l'idée d'être amoureux, d'être... différent. Cependant, ma nature nécessitait des rapports sexuels intenses et je ne voulais pas infliger ça à Riku. Que ce soit en ne couchant qu'avec lui, ou avec d'autres. Bien sûr, un couple normal faisait l'amour plusieurs fois par semaine mais dans mon cas, ce serait plutôt plusieurs fois par jour. Je doutais que Riku arrive à suivre un tel rythme. J'étais donc perdu entre ma nature et mes sentiments si nouveaux.

Un soir comme tant d'autres, je ne pus m'empêcher de retourner à ma ville d'origine. Je n'avais prévenu ni Alrune, ni Séhé. Je voulais juste le voir, voir s'il s'était remis correctement de sa blessure. Voir s'il était passé à autre chose.

Je retrouvais sans difficulté cette fameuse boîte où je l'avais si bien agressé la première fois. Me remémorer cette soirée me fit sourire. Au fond de moi, J'avais sans doute déjà craqué pour ce petit impertinent au charme irrésistible. Maintenant que j'y pensais, le physique de Riku était assez hors du commun, assez pour m'avoir interpellé du moins. Il se dégageait de lui une assurance et une force vitale très intenses. C'était un beau jeune homme, élégant et sportif. Il aurait été amusant de savoir ce qu'il pensait de mon physique, dont je ne doutais jamais sauf dans ce cas précis où apparemment, selon Séhé, il était important de savoir ce que votre amant pensait de votre physique.

J'entrais dans la discothèque et ne tarda pas à repérer Riku. Je fus effrayé de voir à quel point il avait maigri. Sa tenue était fortement négligée : son costume marqué par de faux plis, sa cravate mal nouée, ses chaussures sales. Cela me fit mal au cœur mais ce qui m'énerva encore plus fut de voir qu'un client lui mettait carrément la main au cul et qu'il ne s'en rendait pas compte.

POV Riku.

Je me retournai vivement face au client qui m'embêtait depuis une bonne quinzaine de minutes. Il avait osé le faire ! Me toucher les fesses comme si on était intimes ! Je savais très bien qu'il avait bu plus que de raison mais je n'étais pas prêt émotionnellement à me faire toucher par un homme. Depuis les deux semaines après le départ de Kag, j'étais dans l'abstinence la plus totale. Le seul corps que je désirais était le sien.

Le client n'eut pas l'air d'apprécier mon rejet et me le fit savoir. Il s'approcha de moi avec son haleine monstrueuse.

- Ben qu'est-ce qui t'arrive ma poule, tu veux pas zouer avec moi?

- Monsieur, vous devriez rentrer chez vous, je vais vous appeler un taxi.

- Mais z'en veux pas de ton taxi de merde, ze te veux toi...

- Et moi, Monsieur, je vous dis que non ! Je ne suis pas payé pour ça, aller plus loin si vous êtes en manque.

Visiblement agacé de mon refus, le client me saisit par le bras. Je ne voulais pas être violent, surtout avec un homme ivre. Je sentis alors sa main se glisser sous ma chemise et effleurer ma cicatrice encore fraîche. Je poussais alors un cri qui résonna dans toute la boîte, malgré le son.

Omnia Vincit Amor (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant