Bonus V - Un chamboulement

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La scène commence après les résultats du SuNeung.

Kim Taehyung

Dix-huit ans.

Les larmes coulent, creusant des sillons sur mes joues. Mon coeur bat difficilement dans ma poitrine. Je panique.

La lumière du jour m'éblouit. Je me frotte les yeux encore et encore, essayant de faire en sorte qu'ils ne me lâchent pas.

J'entends des voix au loin, pas distinctes. Je sais que j'ai laissé Jimin en plan. Je me sens mal, il m'a trahi. Le trou béant qui enserre ma poitrine m'empoisonne. J'ai simplement l'impression de suffoquer, de perdre une moitié de moi, d'être vide. Mon coeur plonge dans un abîme sans fin. Je suis malheureux.

Des mains se posent sur mes épaules et je relève ma tête, les yeux fermés. J'essaie de me calmer. D'oublier ce qu'il vient de se passer pour garder la tête froide par rapport à mes yeux. Mais c'est peine perdue car la douleur est bien trop forte.

« Taehyung, mon ange. Calme toi, doucement. On va aller dans la voiture d'accord ? Et je t'emmène chez les urgences. »

Je ne suis plus moi-même et je me laisse emmener sans résister. J'ai mal au coeur comme je souffre de mes yeux. Et je crois que j'ai atteint le point de non-retour. Je ne veux pas. Je ne peux pas perdre la vue. Pas maintenant. Pas comme ça. Pas sans Jimin.

Je monte dans la voiture quand on me le demande, je m'y assieds et je me laisse me faire attacher. Je ne résiste pas. Je ne cherche pas à savoir ce qu'il se passe. Je suis comme ailleurs. Loin d'ici, loin de ce corps qui m'insupporte et qui m'emprisonne derrière des lunettes de soleil. Je me sens opressé par ces yeux qui sont trop fragiles, par cette vie qui ne m'apporte rien. Je sais que je vais finir aveugle et je ne peux rien y faire. Sauf que je refuse. Je refuse de perdre la vue. L'un des sens qui permet de m'évader, derrière des livres et des peintures, derrière des couchers de soleil et des étoiles dans le ciel, derrière le dessin et l'écriture. Je n'ose plus ouvrir les yeux. De peur de ne plus pouvoir voir. La peur me bouffe de l'intérieur. Je ne peux pas devenir aveugle, je ne veux pas.

La voiture s'arrête et je descends, on m'emmène aux urgences et on m'interdit d'ouvrir les yeux. Je suis amené ensuite dans une pièce sombre en attendant un peu. Je me retrouve seul, assis sur un canapé et je peux laisser libre court à mes pleurs. La douleur d'avoir perdu mon frère remonte. J'ai tellement mal que ma respiration se fait saccadée. Je n'arrive pas à haper l'air. Je me sens défaillir. Comme si je mourrais de l'intérieur. Et de là, je sais que plus rien ne sera pareil.

Le vide. Le noir. J'essaie d'ouvrir les yeux mais rien. Je panique. Je me griffe les paupières. Je ne veux pas. Je ne peux pas. Je veux enlever ce qui me cache la lumière. Je hurle. Je pleure.

Des mots incessants me vrillent les tympans. Des bip sonores me hurlent dans les oreilles. Je délire. Je ne suis plus moi-même. La lumière que j'ai tant aimée n'est plus. Je me sens vide de toute vie, de toute once de bonheur et de joie. Je me perds dans une infinie de noir et de couleurs sombres.

Mes mains se font attraper. Je me débats, je hurle. Il m'est impossible d'imaginer la vie sans cette lumière qui m'apaisait. Je me fais attacher contre le lit dont je devine être à l'intérieur. Les larmes coulent, humidifiant le bandage qui me couvre les yeux. Je sens une piqûre dans mon bras puis le liquide qui suit un chemin dans mon sang et enfin l'apaisement. Je me sens soudainement fatigué alors je relâche mes muscles, je me laisse tomber sans les coussins et l'inconscient prend possession de mon corps. Un dernier soupir et je tombe.

Un dernier regard | TaeKookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant