Interlude 4 : Ben Parish

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          - Donne-moi une seule raison de ne pas te faire subir le même sort?

Cette phrase raisonnait encore dans mon esprit. Tout s'était ensuite enchainé si vite. Depuis que j'avais croisé ses yeux verts, j'avais la désagréable impression de ne plus avoir prise sur rien. Encore maintenant, alors que nous marchions le long de ces couloirs incolores, je ne pouvais m'empêcher de lui jeter des regards discrets par dessus mon épaule. La silhouette semblait plus frêle à l'ombre de la mienne. J'arquais un sourcil en constatant que celle qui avait braqué une arme sur moi avec tant d'aplomb paraissait à présent vouloir se fondre dans la masse. Même Cassie manifestait plus d'hostilité aux gardes qui nous entouraient. Je jetais un rapide coup d'œil à Nugget, puis me reconcentrais sur le dos de Vosch.

Le commandant avançait rapidement mais toujours avec une certaine tranquillité. Notre intervention ne semblait pas avoir contrarié ses plans. Ou alors, il savait vraiment masqué son aggacement. Je serrais les dents en espérant qu'il n'ait pas remarqué que ma blessure s'était rouverte. La plaie me faisait un mal de chien et le sang imprégnait de plus en plus mon t-shirt. Bientôt, la blouse ne masquerait plus rien. C'était encore une course contre la montre.

Je tournais la tête vers Nugget et tentais de lui sourire en captant son regard. Ce gamin était courageux. Il l'avait déjà démontré à plusieurs reprises. J'espérais que ma présence le rassurait un petit peu, ainsi tentais-je de me montrer plus sûr de moi que je ne l'étais réellement. Un sourire ennuyé retroussa le bord de mes lèvres lorsque je me dis que cet enseignement, je le devais à Vosch. C'était lui qui avait détruit Ben et permis la naissance de Zombie. Il était celui qui avait créé le soldat qu'il tenait aujourd'hui en laisse. Il nous avait appris à nous dépasser, à nous battre et à masquer la moindre de nos faiblesses. Même si nous n'étions pas les plus forts, tant qu'on en avait l'apparence, on pouvait influer sur le moral de nos ennemis. La moindre faille était à exploiter.

C'était ce que Vosch faisait. Et ce qu'il avait toujours fais.

Je me souvenais encore de ses mots comme s'il les avait prononcé hier. "Tu es l'argile humaine. Et moi, je suis Michel-Ange. Je suis le maître d'œuvre et tu seras mon chef d'œuvre."

Maintenant que nous progressions dans son sillage et dans le silence, je ne pouvais que me dire qu'il avait fais un mauvais choix. Il n'aurait jamais dû me choisir moi, car peu importe ce qu'il en pensait maintenant, il finirait par s'en mordre les doigts.

Je tournais légèrement la tête le temps d'apercevoir l'ombre qui me suivait désormais comme la mienne. L'inconnue qui accompagnait Cassie se tassait derrière moi. J'arquais un sourcil à ce constat. Son attitude tranchait nettement avec l'assurance qu'elle affichait plus tôt. A présent, elle semblait vouloir être le plus invisible possible. Elle ne regardait pas Vosch mais le sol. Sa casquette masquait la plus grande partie de son visage. Elle ne relevait les yeux que rarement. Je n'avais pas encore pu recroiser son regard. Hors, pour une raison que j'ignorais, j'en mourrais d'envie. Je voulais me retrouver à nouveau face à face avec elle. Elle m'avait paru si forte, si sûre d'elle avec son Sig entre les mains. Elle dégageait alors un sentiment qui me rappelait une autre fille aux longs cheveux noirs...

Soudainement, Vosch nous arrêta. Je le dévisageais sans manifester la moindre émotion tandis qu'il nous offrait un de ses sourires entendus. Jusqu'à maintenant, j'avais toujours recherché ce genre de sourire chez lui. C'était une sorte de récompense. Les seules encouragements qu'on pouvait espérer de cet homme d'acier qui voulait faire de nous des soldats. Dire que désormais, ils me soulevaient le cœur. Vosch ne nous souriait pas par bienveillance. Il nous narguait. Il savait qu'il avait gagné. Nous étions pieds et poings liés à sa merci. Et c'est ce qu'il avait toujours voulu.

A une époque, je l'idolâtrais. Je voyais en lui la dernière chance de l'Humanité. Notre dernière fierté. S'il pouvait encore se lever pour se battre, alors nous devions en faire de même. S'il pouvait mourir pour l'Humanité, alors nous devions être prêts au même sacrifice.

Désormais, je savais que nous n'aurions jamais le même prix à payer pour cette guerre. Vosch ne se sacrifierait jamais pour nous. Il était là pour nous exterminé. Et il avait très bien réussi jusqu'à maintenant. Je le haïssais pour ça de toutes les fibres de mon corps. Je le haïssais pour la violence qu'il a fait déferlé dans nos vies. Je le haïssais pour les derniers cris de Sissy.

Des cris que je croyais entendre de nouveau quand on entraina Nugget loin de nous. J'eus à peine le temps de cligner des yeux que les soldats s'éloignaient avec le petit garçon entre leurs bras. Mon cœur se souleva lorsqu'il appela sa sœur. Exactement comment Sissy l'avait fait avec moi. Je surpris le regard de Vosch alors que Cassie s'apprêtait à s'élancer comme une furie. Mauvaise idée. Je la rattrapais au vol et la bloquais. L'adolescente soutint mon regard avec une lueur meurtrière dans les yeux. Pendant un instant, je crus bien que c'était sur moi qu'elle allait passer ses nerfs. Je pressais un peu plus ses bras et ne décrochais pas de ses yeux clairs. Il fallait qu'elle comprenne et qu'elle garde son calme. Comme si elle avait finalement saisi mon avertissement, il carra les épaules et se recula d'un pas. Je la lâchais et relevais la tête pour constater que Vosch continuait de nous fixer. Alors que je passais devant lui, pour entrer dans la salle à la suite de Cassie, je me dis que je n'aimais vraiment pas ce que cela présageait.

Si Vosch nous avait façonné, il avait également fais de nous son champ de bataille. Et une chose était sûre, Vosch ne perdait jamais.


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Hum hum... Je ne suis pas vraiment satisfaite de ce chapitre.

Maintenant que j'ai écris presque tous les chapitres du PDV de Stricker, j'ai du mal à insérer ceux du PDV de Ben. J'ai peur de me répéter et que ceux soit ennuyant pour vous de vivre deux fois la même action (même si ce n'est pas du même point de vue).

Still alive - Still human (La 5eme Vague fanfiction - french)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant