Chapitre 18 : Couvrir ses arrières

255 24 5
                                    


          Cassie faisait des progrès. En quelques jours, elle m'avait démontré qu'elle n'était pas qu'une humaine fragile aux boucles blondes. Elle pouvait faire preuve d'une volonté de fer et d'une clairvoyance incroyable face aux obstacles. Une semaine ne s'était pas tout à fait écoulé depuis que le départ avait été fixé. Il me restait moins de trois jours pour lui apprendre les dernières bases dont elle avait besoin. Son instinct était bon et aiguisé. Plus que les techniques que je lui avais apprise, il était sa meilleur arme.

Je soupirais en me penchant au dessus de la source. L'eau froide heurta le culot de la bouteille et éclaboussa mes mains au passage. Nous devions refaire nos réserves avant de partir, ainsi Evan et moi nous partagions une longue liste de corvées entre les leçons de Cassie. Aujourd'hui, j'étais celle qui allait au puit. Agenouillée près des bords mousseux de la source, je tendais instinctivement l'oreille. J'étais mal à l'aise. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que quelque chose clochait en parcourant les bois des yeux. C'était trop silencieux à mon goût. Trop vide. Je levais la tête vers le ciel nuageux. Il n'y avait pas un oiseau dans le coin. Pas un piaillement, ni même un mouvement dans les branchages. Ce n'était pas normal. Je passais discrètement la main entre les pans de ma veste. La présence de mon Sig contre mon flanc me rassura. Toujours aux aguets, j'attendis de voir si je devais en faire usage. Mon fusil sniper reposait également sur la mousse à portée de main.

Je n'aimais pas ça, lorsque c'était trop... silencieux. Il y avait toujours de la vie dans la forêt. Peut-être pas de la vie humaine. Mais les animaux étaient toujours là. Ils n'avaient pas disparu. Une branche craqua au loin derrière moi. Je pivotais légèrement et lançais un regard par dessus mon épaule sans rien apercevoir. Il semblait n'y avoir personne. La forêt paraissait déserte. Et ce n'était jamais le cas. Il y avait toujours un Silencieux pour en quadriller une portion. Je me levais d'un bond et abandonnais la bouteille. J'avais un mauvais pressentiment. Trop mauvais pour pouvoir l'ignorer. 

J'attrapais distraitement mon fusil et filais vers la maison. C'était trop calme. Bien trop calme. La source n'était qu'à quelques minutes de chez Evan. Je la rejoignis sans croiser la moindre ombre, ni le moindre Silencieux. Ma course était discrète mais rapide. Arrivée devant le porche, je ne mis pas longtemps à réaliser que quelque chose avait changé. La porte d'entrée était ouverte. Elle n'était pas béante, seulement entrouverte. Mais aucun de nous ne la laissait jamais ainsi. C'était trop risqué. Autant laisser une invitation.

Le cœur battant, j'armais mon arme. Je la tenais en position, appuyée contre ma poitrine, et montais doucement les marches. J'évitais celles susceptibles de craquer sous mon poids. Si ce que je redoutais se révélait exact, je n'avais pas intérêt à signaler ma présence. J'approchais de l'ouverture quand des filets de voix me parvinrent. Je reconnus aisément celle de Cassie, mais l'autre m'était totalement étrangère. C'était mauvais signe. Vraiment. Je poussais la porte avec le canon de mon arme le plus lentement possible. Malgré mes précautions, un grincement échappa des gonds fatigués. Tant pis pour la discrétion. Je serrais les dents et ouvris la porte en grand. 

La cuisine était déserte. Rien ne paraissait avoir été dérangé. Tout était silencieux. Toujours.

Si ce n'est qu'un fauteuil avait été renversé dans le salon. Une chaise semblait également avoir été fracassée au vue des fragments de bois éparpillés sur le sol. J'hésitais à appeler Cassie. J'avais entendu le chuchotis de sa voix quelques secondes auparavant, mais l'inquiétude me gagnerait tant que je ne l'aurais pas vu. Je traversais la cuisine sans émettre le moindre bruit et me figeais sur le seuil du salon. La cuisine donnait sur deux accès, l'ouverture vers le salon et une porte qui menait vers un couloir reliant le reste des pièces. J'hésitais un instant. C'était un endroit parfait pour un piège et je le savais.

Still alive - Still human (La 5eme Vague fanfiction - french)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant