Interlude 3 : Ben Parish

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          Je fermais les yeux, la main pressée contre le ventre. La brûlure de la plaie par balle me déchirait l'estomac et me coupait la respiration. Malgré les bandes fermement pressées contre mon torse, je pouvais sentir que la blessure s'était rouverte. Le sang imbibait les bandelettes et en assombrissait les mailles. Je grimaçais et me trainais un peu plus. Sortir de l'infirmerie n'avait pas été une mince affaire. J'avais perdu du temps et maintenant, je devais presser le pas malgré la douleur, la fatigue et l'effet narcotique des médicaments. Je devais retrouver Nugget et le sortir d'ici. Ringer avait raison, ce plan était foireux. Totalement foireux.

C'était un miracle si Vosch avait gobé une partie du mensonge que je lui avais piteusement servi. Heureusement que Ringer avait rendu l'histoire plus crédible avec sa balle logée dans mon estomac. Elle m'avait permis d'échapper à Wonderland. La question était pour combien de temps. Si je me trainais toujours aussi lentement à travers les couloirs, Vosch ne manquerait pas de mettre à nouveau la main sur moi. J'accélérais le pas tandis que les murs tanguaient autours de moi. J'avais chaud. Je suais à grosses gouttes sous la blousse que j'avais volé à l'infirmier. Par habitude, je refermais les doigts autours de la crosse du pistolet dans ma poche. Ce simple contact me rassura. Je me forçais à avancer en pensant à tous ceux qui m'attendaient. Nugget, Teacup, Ringer et tous les autres. L'escouade 53 avait besoin de son chef pour survivre.

Du moins, mon orgueil voulait-il le croire. Ma raison savait qu'ils s'en tireraient très bien avec Ringer. Malgré son côté détaché de tout, elle prendrait soin de ces gamins à qui elle avait appris à tirer. Même si selon son raisonnement, on ne pouvait survivre que seul, elle ne tournerait pas le dos à ceux qui dépendaient d'elle. C'est ce que je voulais croire. Tout comme je voulais croire que je parviendrais un jour à lui arracher un sourire. Elle ne pouvait pas être aussi froide qu'elle voulait le laisser penser. Elle aussi, un jour, elle craquerait pour le sourire de Ben Parish.

Je m'arrêtais au détour d'un couloir pour reprendre mon souffle. Mon sang battait violemment à mes tempes. J'avais soif et la gorge toute desséchée. Mais le pire était sans doute mes pensées qui partaient dans tous les sens. Je devais délirer. Comment est-ce que je pouvais perdre du temps à penser à Ringer et à ce stupide défi que je m'étais moi-même lancer? Ce n'était pas le moment de penser à elle et à la beauté de ses yeux lorsqu'elle était en colère. A cette simple évocation, je pouvais déjà voir son visage se dessiner sous mes paupières. Sa peau blanche, ses cheveux sombre et la lueur farouche dans son regard. Elle dégageait une froideur et une force unique.

Je secouais violemment la tête pour faire disparaître cette vision.

- Mon bon vieux Zombie, tu perds la tête. 

Et les médicaments n'étaient peut-être pas les seuls fautifs.

Je me ressaisis en croisant à l'embranchement d'un couloire une figure qui ne pouvait pas m'ignorer. Nez à nez avec un gradé, nous échangeâmes un rapide regard. Avant qu'il ne glisse la main vers son arme. Je ne perdis pas de temps à réfléchir et me jetais sur lui. L'adrénaline aidant, la douleur reflua pour ne laisser que la sensation présente du danger à éviter. Je saisis le bras du gradé avant qu'il n'est pu le tendre vers moi. Mon élan nous emporta tous les deux et nous tombâmes lourdement au le sol. Le choc me coupa la respiration. Je roulais sur le flanc pour me mettre hors de portée de l'arme. Je lui administrais un coup de coude dans le menton sur une impulsion. Cela le sonna juste assez longtemps pour que je saisisse à mon tour son arme. Un coup de poing dans l'estomac manqua de me faire lâcher prise. Avant même que je n'ai le temps de le remarquer, nous nous battions comme des gamins à même le sol. C'était à celui qui aurait le dessus sur l'autre. A celui qui aurait assez de force pour arracher l'arme à l'autre. Celui-là pourrait en user contre l'autre et le tuer.

Rien n'était aussi clair dans mon esprit. J'agissais plus par instinct et par préservation. C'était lui ou moi. Moi ou l'Autre. Finalement, on en revenait toujours au même point. C'était un combat à mort entre l'Humanité et les envahisseurs.

Le coup partit sans que je ne le réalise. D'un accord presque commun, nos doigts avaient pressé la détente et la balle avait jailli. Elle avait fusé sans trancher l'air, s'enfonçant juste dans la chair. Sans bruit, sans détonation assourdissante. Juste l'odeur de la poudre dans l'air et le sang carmin sur nos mains. Les yeux du gradé s'agrandirent, sans doute pour refléter la même surprise que celle palpable dans mon regard. Je baissais la tête vers l'arme perdue entre nous deux. Pressés l'un contre l'autre, il était difficile de savoir lequel de nous deux était réellement touché. Juste qu'à ce qu'un gargouillis étouffé échappe de la bouche de l'Autre. Dans la seconde qui suivit, ses yeux roulèrent dans leurs orbites et un mince filet d'hémoglobine quitta ses lèvres. Il retomba presque aussitôt contre le sol, aussi mou qu'une poupée de chiffon.

Je m'écartais vivement et me redressais lentement contre le mur. J'avais les mains tachées de sang. Je les essuyais distraitement sur mon pantalon, épargnant ainsi mon blouse encore blanche. J'inspirais profondément le temps de contrôler mes tremblements. Je perdais du sang, la douleur n'aidait pas et l'adrénaline refluant n'arrangerait pas les choses. Je devais me dépêcher. Sur ces résolutions, je tirais les pieds du gradé pour faire glisser son corps dans un autre recoin désert. L'affaire ne fut pas mince et me demanda beaucoup d'énergie. Je me redressais satisfait, quand un objet froid entra en contact avec ma nuque. Un déclic familier caressa mes oreilles, la sécurité que l'on ôtait doucement.

- Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te faire subir le même sort?


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Coucou! Je me sens d'humeur généreuse aujourd'hui, voici donc deux chapitres pour le prix d'un! Et nous retrouvons notre cher Zombie!

Dans une situation plutôt délicate, il faut le noter.

Des avis sur l'identité de notre tireur? ^^

Allez, on se retrouve vite pour la suite! Ce qui me laissera aussi le temps de trouver des images pour les autres chapitres. Je galère un chouïa... C'est dur de trouver les images parfaites pour illustrer ce qu'on a déjà en tête!

Still alive - Still human (La 5eme Vague fanfiction - french)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant