Black Angels Tome 2 (Version n°2 suite)

Vingt et un jours

En média Coldplay - In My Place

Fin Septembre

Aimer quelqu'un ne veut pas dire pouvoir tout accepter. Je n'accepte toujours pas ce qu'il a fait. Un flirt. Peut être que ça n'est pas grand chose pour certains, que c'est simplement une broutille pour d'autres, mais pour moi, c'est bien plus que cela. 

C'est une trahison, ni plus ni moins. Qu'on ait bu le verre de trop ou non, qu'on ait eu pleinement conscience ou pas, le mal est fait. Je lui en veux toujours. Et encore le mot est faible. Je me punis moi même aussi, parce que vivre avec lui sans vraiment l'être, c'est difficile. Le premier jour, je compte plus les moments où j'ai failli flancher. Le savoir si près, si proche, était une torture, mais j'ai résisté. Notamment les moments où nous étions avec Hayden à faire comme si de rien n'était. A se parler normalement. Mais en dehors de cela, je m'éloignais. Chacun dans son coin. En cours. A la maison. N'importe où.  Il fallait qu'il prenne conscience que je ne pouvais pas me comporter normalement. 

Trois semaines. Vingt et un jours que nous vivons ainsi. A se frôler. A se croiser. A s'observer de loin. Pourtant chaque matin, lorsque je me réveillais, je savais qu'il dormait avec moi. Il attendait simplement que je m'endorme pour venir dormir à mes côtés et repartait, ni vu, ni connu, avant mon réveil. Seulement, la place encore chaude trahissait sa présence. Et même si je faisais semblant de ne rien n'avoir remarqué, je ne pouvais m'empêcher de lui demander s'il avait bien dormi. Surtout ce matin là. Ce vingt et unième jour. Il avait tout bonnement oublié son oreiller alors qu'il le reprenait à chaque fois. J'entre dans le salon où Storm se trouve, en tenant son oreiller à la main.

- Le canapé est confortable? 

- Très, répond il en pliant la couverture

- Tant mieux pour toi alors, raillais-je. Au fait, ton oreiller ne t'a pas trop manqué cette nuit? demandais-je en lui montrant ce que je tiens.

Il relève la tête vers moi, puis rougit comme il le fait si bien lorsqu'il est mal à l'aise.

- Euh...ah tu l'as retrouvé? 

- Oui je l'ai retrouvé et devine où?!

- Je n'en ai vraiment aucune idée! rétorque t'il 

- A ta place. Dans le lit où tu n'es pas sensé dormir. C'est vraiment bizarre tu ne trouves pas? 

- Oui effectivement, c'est vraiment bizarre. Je me demande comment il a pu arriver là?

- Figure toi que je me posais la même question, répliquais-je

- Un petit lutin? propose t'il en pouffant

- Un grand elfe je dirais même. Qui porterait le même prénom que toi? tentais-je

- Exactement! répond il vivement avant de s'asseoir sur le canapé. Je n'arrive pas à dormir sans toi, souffle t'il. 

Je lutte pour ne pas m'asseoir à côté de lui. J'aimerai tellement le faire mais ça serait trop facile. Il doit comprendre que le mal qu'il m'a fait ne peut pas s'effacer comme ça du jour au lendemain. Je reste debout, avec son oreiller que je sers malgré moi tout contre moi, et ne dis rien. Un coup d'œil vers la pendule m'indique qu'il va être temps de partir. Bientôt. Il faut encore que je prépare Hayden avant que nous le déposions à la crèche, comme chaque matin, avant d'aller en cours. Storm me retient par le bras, au moment où j'allais m'éloigner de lui.

- Ma femme me manque. Tu me manques. Je veux te retrouver, comme avant, murmure t'il

Je ne dégage pas mon bras et pour la première fois, depuis trois semaines, m'assieds près de lui.