Black Angels Tome 2 (Version n°2 suite)

Son dernier cadeau (partie 2)

En média The Script - The Man Who Can't Be Moved

La découverte de son ultime cadeau avait eu bien plus d'impact sur moi que je ne l'aurai voulu.

Je regardais en boucle le dvd, me nourrissant de sa voix, de lui. Je le faisais quand les enfants étaient absents, à l'école ou chez des amis. Je ne voulais pas qu'ils entendent. Qu'ils voient leur père. Je voulais le garder pour moi toute seule. Egoïstement. C'était à moi qu'il s'adressait, à moi qu'il disait toutes ces choses. Pas à eux.

Au fil des jours, je me repliais sur moi-même. J'emmenais les enfants le matin à l'école, et dès mon retour, courais m'enfermer à double tour. Je montais dans notre chambre, m'installais confortablement sur le lit, l'ordinateur portable posé sur mes cuisses, et j'effectuais ce qui était devenu un rituel. Le regarder. L'écouter. Juste lui et moi. Ainsi se déroulaient mes journées jusqu'à que ce soit l'heure d'aller chercher les enfants. Là, je reprenais mon masque de maman et tout redevenait normal. Enfin presque.

Le coffret était rangé à l'endroit où je l'avais trouvé. En haut de l'armoire. Derrière ses vêtements à lui. Je n'avais toujours pas le courage de les enlever. Lui n'était déjà plus là, alors retirer les dernières choses qui lui appartenaient me l'aurait enlevé un peu plus.

Je repense à ce cadeau. Cette maison qu'il a acheté pour moi et pour nos enfants. A son envie que j'aille de l'avant. Et qu'un jour j'aime de nouveau. Comment le pourrais-je, si ce n'est pas lui à mes côtés ? Comment mon coeur pourrait-il aimer une autre personne que lui ?

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Trois mois plus tard

Le temps n'arrange rien. Au contraire, il paraît vous enfoncer encore plus dans la douleur. Mes sourires sont de façade. Mes réponses aux questions vagues. Chaque jour qui passe, l'abîme qui se trouve sous mes pieds s'ouvre un peu plus. Je remarque les regards inquiets mais je n'y prête pas attention. Je rêve d'un monde où il est là, encore et toujours là.

Je connais chaque mot, chaque phrase du dvd, par coeur. Je les répète avec lui, les chuchotant, pour ne pas que ma voix couvre la sienne.

Un an qu'il est parti. Un an qu'il a quitté nos vies. Un an que j'ai froid sans lui. Et ce n'est pas ce premier anniversaire de sa mort qui arrange les choses. Je suis d'humeur maussade, comme le temps à l'extérieur. Gris. Froid.

Je tente de faire bonne figure pour mes enfants mais ils ne sont pas dupes. C'est douloureux. Il y a un an, nous étions heureux et tout s'est arrêté d'un coup, sur une route, à quelques minutes d'ici. Je me sens mal, oppressée. Puis la douleur s'estompe et nous partons du chalet pour aller au cimetière. Vers cet endroit où il repose. Mon père nous y attend. Accompagné de Grincheux et Damon. Certains sont déjà venus, d'autres viendront plus tard. Mais là, ce n'est que nous.

La douleur revient, plus forte. Je suffoque. Je lâche un premier sanglot que j'arrive à étouffer à l'aide de mon poing. Je me calme et reprends contenance. Pour peu de temps.

Devant sa tombe, je m'écroule. Je pensais y arriver. Montrer que j'étais forte mais c'est tout le contraire qui se produit. Mes jambes ne me tiennent plus. Mon corps est secoué de sanglots incontrôlables. Interminables. Je prends conscience de cette réalité que je refusais jusqu'à présent : il est mort. Storm est mort.

Je hurle de douleur, à genoux, devant le marbre bleuté, serrant les poings jusqu'à en faire blanchir les jointures. Les vannes sont ouvertes. Jamais je n'avais pleuré avec une telle intensité. Je continue de hurler ma peine avant que des bras puissants ne s'enroulent autour de moi, et ne me bercent doucement.