Chapitre 16: Dans le noir

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Chapitre 16: Dans le noir

Guillaume

Jeudi: 5h AM

-Salut frangin, dit-il après quelques instants à m'observer.

-Willy, soufflai-je.

Il me souria gentiment et j'eus l'impression de recevoir un coup dans le ventre. Mon frère, gentil? Absolument pas. Alors c'était quoi ce sourire plein de tendresse? Willy sembla lire dans mes pensées.

-Le temps change les gens, tu sais. Parfois en bien, d'autres fois en mal. Je ne vois pas l'utilité de te donner des exemples. Tu en as déjà assez dans ton entourage, dit mon frère d'une voix posée, mature.

Je ressentis un pincement au coeur. Toutes ses années que j'avais perdues loin de mon frère.

Je regardai franchement Willy et pus remarquer son crâne rasé, ses yeux sérieux gris foncés et son percing discret sur son nez. Quelqu'un de tout à fait ordinaire aurait pensé qu'il était en pleine forme. Même moi, je m'y étais presque trompé. Ses joues creuses et les cernes mauves qui encerclaient ses yeux me prouvaient le contraire. C'était pourtant très subtil, comme si mon frère avait voulu le cacher.

Et oui, pensai-je tristement, le temps change les gens, les rendant souvent plus fragiles.

La voix de Willy me ramena sur terre.

-Désolé de la condition de notre rencontre. Le Loup ne pouvait pas faire autrement avec ton caractère borné, expliqua-t-il.

Je marmonnai quelque chose qui ressemblait à: "Il était vraiment obligé de me rouler dessus pour te voir? ... Satané Loup de merde."

Willy éclata de rire. Je relevai la tête et le fixai avec les yeux grands comme des soucoupes. Je n'avais jamais entendu mon frère rire. Il se calma après quelques instants.

-Je peux voir que tu n'as pas perdu ton humour, frangin, s'exclama Willy en essuyant ses yeux.

Je grognai.

Mon frère m'adressa un sourire éclatant et je me sentis soudainement heureux. Ma douleur physique, encore très présente, ne me dérangeait plus. L'endroit sombre où j'étais pris au piège depuis un long moment déjà, me semblait plus lumineux, plein de vie.

Je lui souris en retour avec hésitation. Montrer mes émotions aussi ouvertement me semblait étrange.

-Mélodie m'a informé que tu étais le chef des Loups. Félicitations! dit Willy.

Je clignai des yeux de façon répétitive.

Qui était Mélodie? Je ne connaissais aucune personne nommée ainsi. Je regardai mon frère, confus. Il parlait de cette fille comme si j'avais déjà fait sa connaissance.

Il dût remarquer mon expression, car Willy partit à rire. Son rire cristallin emplit la salle. Il se changea peu à peu. Pour finir, son rire était gras. Dément. Comme celui du Loup.

Je fronçai les sourcils. Ma vision était soudainement embrouillée. Je clignai des yeux de nouveau. Quand elle redevint claire, tout avait disparu.

Aucune foule, aucun Willy. Pas de traces de quelconque chandelles. Uniquement la même salle froide aux murs gris.

Je baissai la tête, découragé. J'avais cru pendant un instant revoir mon frere. J'aurais dû m'y attendre. C'était trop beau pour être vrai.

Quand ce calvaire finirait-il?

Noah

Jeudi: 8h AM

Je m'étais assurément endormi, ma tête penchée vers Natasha qui était dans mes bras. Ma nuque était douloureuse et je ne sentais plus mes jambes repliées sur elle-même.

Un amour criminelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant