Chapitre 16

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-Tu as quelque chose à me dire ? Demandais je le lendemain matin, la tête posée sur son torse.

-Tu n'es pas prête à l'entendre.

-Quand le serais je ?

-Je ne sais pas, Tarja. Du tout. Et crois bien que je préférerais être au courant, conclut il en m'embrassant le crâne avant de me bercer comme une enfant.

Autrefois, je me serais indignée de cette attitude, mais plus le temps passait et plus je comprenais que c'était son naturel. Je ne comprends pas la réflexion de son frère concernant sa cruauté.

-De quel talent me parlais tu ?

-En tant que métamorphe ? Il ne vaut mieux pas que tu me vois en pleine métamorphose de type canine. C'est à vomir.

-J'ai l'estomac solide.

Il éclata de rire et m'ébourriffa les cheveux avant de m'assurer de sa certitude sur la solidité de mon estomac. Toutefois, il me força quand même à sortir avant de me rejoindre sous la forme d'un chien du désert. Je lui faisais remarquer qu'un chien du désert sur de la glace ce n'était pas des plus crédible. Il aboya, une fois, avant de m'adresser ce que l'on appelle un sourire canin. Vous le décrire ? Impossible. C'est une de ces choses que l'on ne voit pas mais que l'on peut tout de suite identifié. Je prenais appui sur l'un de ces morceaux de bois et jeter un œil au dessus. J'avais l'impression d'être de retour à mes heures de formations, où, en punition, mon instructeur me faisait monter sur ces planches de bois suspendu par deux cordes au plafond et me faisait sauter, bondir et grimper des jours entiers. J'en sortais toujours fourbue. Et ça allait recommencer. Avec une inspiration, je me jette dans le vide et attrape la poutre face à moi tandis que les deux panthères et Darlo entreprenne de monter les marches de glaces. Allégrement. Leur ongles et griffes crissent sur la surface lisse tandis que je bondis de poutre en poutre. Je commence à ressentir les effets de trop de mouvement en peu de temps. Tout en retenant les gémissements de douleur qui commence à monter, je continue à bondir et m'aperçois que le décor du Walhallah disparaît progressivement pour au final disparaître. Trop occupé à regarder sous moi, je ne vois pas que la poutre est plus loin que ce qui est prévu et sens mes mains frôlaient le bois régulier. Je pousse un hurlement en sentant des crocs se planter dans mon poignet avant de retenir celui qui menace en sentant d'autre crocs se planter dans l'autre main qui tente d'atteindre le bois. Une désagréable sensation d'humidité le long du bras me fait grimacer tandis que je risque le malaise à tout moment, ma peau s'arrachant en même temps que les crocs de deux des trois animaux me tire vers le haut. Un grognement et une salve d'aboiement me font sursauter et ravaler mes larmes. Mes nerfs craquent, je n'en peux plus et je maudis le jour où j'ai décidé d'aider ma sœur au détriment de l'avenir que ma mère avait tracé pour moi. Et savoir que le Kindred est en train de vertueusement me remettre à ma place m'anéantit complétement. J'avais signé comme mercenaire, pas comme héroïne ! Il s'interrompt en me voyant pleurer et frotte son museau contre ma joue, comme pour me réconforter. Et comme une petite fille avec son chien, j'enlace son cou et enfouie mon visage dans son pelage pour pleurer.

« On continue ? Nous avons encore du chemin, je sens à peine l'odeur de souffre ».

En réponse à sa question silencieuse, j'hoche la tête et me relève avant de déchirer le bas de mon pantalon pour les enrouler autour de mes poignets et bondir tandis que le fauve et le chien du désert se remette à escalier l'escalier. Kaola, lui, n'avait pas bougé et avait attendu que ce soit fini. Il n'y avait plus rien à regarder pour maintenant et je pouvais pleinement me concentrer sur mon ascension. Sauf que... Les ombres n'étaient pas enfermées, comme je l'ai appris en arrivant à deux tiers du trajet. Les griffes crissèrent et Darlo me rejoignit, avant de reprendre une apparence humaine... enfin Kindred, du moins. Echafaudage, fouet, cris de douleur et rugissement sont le lot de cette immense chantier qui semble ne pas prendre fin.

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