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Je restais assise bêtement, sans vraiment comprendre le but de cette courte conversation. Il y avait quelque chose qui clochait. Pourquoi me poser ce genre de question seulement pour me comprendre. C'était étrange, je pensais que nous n'étions que des cocons d'inséminations ambulants, alors à quoi bon me discerner. Je me levais pour approcher une fois de plus le mur plastifié blanc.

Je regardais fixement celui comme pour essayer de voir au travers. Etaient-ils derrière ? Ceux qui contrôlaient nos vies. J'aimerais pour une fois voir leurs visages, pour me rendre compte qu'ils n'étaient que de chair et d'os comme moi et non des êtres divins.

La porte s'ouvrait, les deux guides me faisaient signe de sortir. Je les suivais jusqu'à ma chambre où ils me laissaient sans explication supplémentaire. Bizarrement, aucun signe de Jacob. Il n'était pas là à m'attendre. D'une certaine manière, j'étais inquiète pour lui. Sa réaction tout à l'heure était inattendue. En entrant dans mes appartements, j'étais surprise de voir la lumière allumée. Il ne me fallut pas plus de quelques secondes pour comprendre que mon surveillant fouillait ma chambre.

Celui-ci était autant surpris que moi. Il ne pensait pas être pris sur le fait. Il s'immobilisait devant moi ne sachant quoi dire.

« Qu'êtes-vous en train de faire ?

- Je... je faisais une inspection.

Il était décontenancé mais il retrouva vite son calme, se rappelant qui était le plus en danger ici.

« Vous avez trouvé ce que vous cherchiez ?

- Ce n'est pas pour moi. C'est des ordres de l'institut.

- Je ne vous crois pas. Vous avez autant peur que moi ! Alors sinon pourquoi cette réaction tout à l'heure.

- J'ai pallié à mes devoirs de guide. C'était une erreur de ma part mais cela ne se reproduira plus. »

Il commençait à fuir mais je lui barrais le chemin.

« Vous n'avez pas le droit de partir sans plus d'explication ! J'ai le droit de savoir pourquoi vous m'avez aidé.

- J'ai tous les droits ! S'énerva-t-il. Des Génitrices, il y en a des tonnes, n'oubliez pas qu'elle est votre place, si vous ne voulez pas vous retrouver avec les déchus ! »

Il me bouscula, un dernier regard noir, puis il disparut me laissant seule. C'était la première fois que je voyais un guide s'énerver de la sorte. Ils n'étaient donc pas sans émotion derrière leurs masques froids. J'étais tout de même perturbée par les événements récents. Mon sort ne m'avait pas encore été révélé.

Je tournais comme un animal en cage, ne sachant pas quoi faire. Mon plan n'était pas encore établi et j'avais peur qu'il m'arrive quelque chose avant d'avoir eu le temps de fuir. Il n'y avait qu'un seul homme à qui j'avais pu réellement parler depuis ces derniers jours. Il était peut-être le seul à pouvoir me céder les informations dont j'avais besoin.

En sortant de la chambre, j'observais le couloir, il n'y avait aucune trace de Jacob. Il s'était donc décidé à ne plus me surveiller. Bon débarras !

Je partais en direction de l'infirmerie. Les couloirs étaient étrangement vides pour un matin. Il y avait seulement les surveillants habituels, mais le petit salon était quasi silencieux. C'était beaucoup trop calme pour ne pas être suspicieux. La porte du cabinet médical s'ouvrit, m permettant d'apercevoir le médecin assit sagement à son bureau.

« Bonjour, Le saluais-je grand sourire pour qu'il remarque ma présence.

- Oh, excusez-moi, j'étais dans les dossiers. Comment allez-vous Danae ?

- Vous êtes la troisième personnes à me le demander aujourd'hui, je dois avoir une mine affreuse. Plaisantais-je.

- En tout cas, je vois que vous êtes de très bonne humeur. C'est déjà un bon point. Votre sommeil se porte mieux ?

- Excellent, grâce à vous. Mais j'ai bien peur d'avoir besoin d'un cachet supplémentaire pour ce soir.

- Je devrais vous dire de ne pas en abuser. Mais votre sourire m'indique que cela ne vous fait que du bien. Je vous amène cela tout de suite.

Alors qu'il fouillait dans l'armoire, je m'approchais de son bureau pour lire le document qui l'avait l'absorbé. Je n'eus le temps que de lire un nom écrit en lettres gras et un numéro : Élise 10 423. En l'entendant fermer l'armoire, je relevais la tête pour lui sourire.

« Vraiment Danae, vous faites plaisir à voir aujourd'hui ! S'exclama-t-il.

- Pourtant, je me sens légèrement anxieuse.

- C'est normal, vous attendez désespérément accomplir votre devoir. Mais tout arrivera en son temps.

- Non, j'ai bien imprimé vos explications la dernière fois. C'est plutôt certaines rumeurs qui me font peur.

- Ah oui ? M'interrogea-t-il curieux en s'asseyant sur son bureau.

- Voyez-vous, certaines filles disent que l'alarme qui s'est déclenchée pendant la nuit, il y a ça trois jours, et dû à des personnes qui nous voudraient du mal. Mentais-je en faisant ma jeune femme craintive.

- Quelle idiotie pouvez-vous bien inventer ! Il n'y a rien de tel ! C'est seulement un bug du système, rien de plus.

- Mais ce bug justement, n'a-t-il pas été orchestré par des personnes malfaisantes.

- Non vous êtes en sécurité dans ses murs. Il n'y a que deux entrées dans cet institut, et elles sont gardées nuit et jours. Personne, ne peut entrer et encore moins toucher au système informatique. Alors vous êtes rassurée, mademoiselle ?

- Oui, merci beaucoup. »

Je le remerciais une dernière fois avant de quitter la pièce. Alors, il existait seulement deux sorties. L'idéal serait de trouver un moyen d'éloigner les surveillants de l'entrée secondaire. Cela me permettrait de fuir sans crainte. Je marchais réfléchissant à différentes manières de contourner l'attention de mes futures cibles. Sans me rendre compte je percutais une jeune femme.

Celle-ci de grands yeux bleus et des belles boucles blondes sur la tête était passablement stressée.

« Je suis désolée, je ne t'avais pas vu.

- Oh... euh... Ce n'est pas grave. Répondit-elle craintive.

- Attends, tu sais où est tout le monde ?

- Je pense qu'ils attendent leurs invitations.

Sur cette réponse, elle s'empressa de partir en direction des chambres. De quelle invitation pouvait-elle bien parler. Je me dirigeais dans les appartements pour compter le nombre de somnifère que j'avais acquis c'est trois derniers jours. Assise sur mon lit, j'étalais les petits cachets. Ils n'y en avaient pas encore suffisamment pour endormir un groupe d'hommes.

Tout d'un coup, un petit bruit s'échappait de mon écran de télévision. Une lettre bleue scintillait sur celui-ci. Curieuse, je m'approchais pour cliquer du bout de mon doigt l'objet. Tout d'un coup un message vocal était diffusé :

« Bonjour Génitrice, comme vous avez pu le remarquer, voilà plusieurs jours qu'aucun appel à la procréation n'a été émis. Il y a une raison à tout cela un événement était en préparation et vous avez l'honneur d'avoir été choisi pour participer à celui-ci.

Des géniteurs de qualités exceptionnelles seront présents. Il est temps pour vous de faire votre devoir et d'être choisi. C'est une soirée très spéciale, secrète et unique tous les 100 ans. Une tenue vous sera apportée ce soir et vous devrez suivre les règles à la lettre. Rendez Fière votre institut, rendez fière votre société ! »

GenitriXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant