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Il était étendu sur le sol, inconscient et se vidant de son sang. Mon cœur battait à une vitesse impressionnante. Je le regardais mourir doucement en silence. Je ne ressentais que de la haine pour cet être de chair et de sang. Un sentiment de puissance m'envahissait. Il avait été mon geôlier, mon tortionnaire, abusant de moi, me torturant dans cet appartement vide. Et à cet instant, c'était moi qui avais le pouvoir de vie et de mort sur lui. Je n'étais plus un instrument docile du système. Il n'avait plus aucun pouvoir sur moi. Je m'approchais doucement du corps qui respirait faiblement. Je fouillais ses poches pour trouver une clé ou quelque chose qui me permettrait de sortir. La chance était en ma faveur ce soir, un trousseau était maintenant entre mes mains.

Je changeais mes vêtements maculés de sang et je sortais de la pièce sans jeter un seul regard sur ma victime. Dans le couloir, il n'y avait aucun bruit, ce qui m'indiquait qu'Elio était en train de dormir. Je me déplaçais jusqu'au salon plongé dans le noir. À tâtons, je me dirigeais vers le bureau. J'étais à la fois excitée et angoissée de découvrir ce que celui-ci contenait. Mon souffle était court, rien qu'à insérer la clé dans la serrure.

Il faisait trop noir pour que je puisse définir les meubles qui remplissaient la pièce. Je fermais la porte derrière moi et j'allumais. C'était beaucoup moins impressionnant que je l'avais imaginé. Il y avait un long bureau noir au centre de la pièce. Il paraissait vide à première vue. Sur les côtés de longues armoires, elles aussi foncées. A gauche se trouvait une image entourée d'un cadre en bois comme on en voyait plus. En m'approchant, je me rendais compte que l'une des deux personnes représentées m'était connue. Il était même étendu sur le sol dans une mare de sang actuellement. C'était étrange en le regardant à côté de cette femme, j'avais l'intime impression qu'il était différent de celui que je connaissais. Il était moins glacial, plus humain. Il n'affichait pas le même visage froid que j'avais eu l'habitude de croiser. Et cette femme, elle n'était pas comme moi. Elle avait l'aire heureuse à côté de lui. Son sourire et son bien-être me paraissaient loin, comme impossibles.

Comment cela était-il possible ? N'était-elle pas une génitrice ? Était-elle trop bête et docile pour afficher ce genre de sourire dans son malheur ?

J'attrapais le cadre pour le faire tomber sur le sol. Plus de mensonge, me disais-je en regardant le verre brisé sur le sol. Cette photo n'existait plus à présent.

Je m'asseyais sur la chaise près du bureau. Il fallait que je me pose, que je réfléchisse un instant. Tout ce que je ferais ensuite devait être réfléchi. Je ne devais absolument pas être rattrapée par le système dans ma fuite. Mais des milliers de questions bousculaient dans ma tête. J'avais peur très peur de ne pas réussir. Et je connaissais si peu de choses hormis ma vie au centre et dans cet appartement.

Qu'est-ce que j'allais trouver dehors ? Il y avait-il seulement des femmes, des génitrices comme moi pour me fondre dans la masse. Je n'avais été qu'un animal en cage toute ma vie, comment vivrais-je mes instants de liberté. Je n'avais ni guide, ni aide. Où allais-je aller ? Où pouvais-je aller ?

Il fallait que je trouve par moi-même. Je commençais à ouvrir les quelques tiroirs du bureau. Il n'y avait que des stylos et du papier, rien de bien intéressant. Je plaçais mes mains sur la table quand soudainement un écran holographique apparaissait devant moi. Grâce à ma main droite j'arrivais à déplacer ce qui s'affichait. J'appuyais sur un étrange symbole. Un document écrit apparaissait ainsi que des visages. Je commençais à lire. Il était rempli de mots que je n'avais jamais vus auparavant : meurtres, massacre, terrorisme... De plus des noms étaient cités. Je n'en connaissais aucun.

Je continuais à lire, curieuse de trouver des similitudes avec la soirée de la rencontre des géniteurs. Au fur et à mesure, des visions de l'horreur que j'avais vécue me revenaient. Je me rappelais de ces personnes qui nous avaient tirés dessus délibérément. Je me rappelais de mes amies sur le sol, baignant dans leur sang. Puis soudainement, le visage de Jacob apparaissait sur le document. Il n'était pas comme à l'ordinaire. Ses traits étaient plus sombres, plus torturés. Il était apparemment recherché. Il était apparemment responsable des blessures de mes amies.

Je ne savais pas pourquoi, mais je savais qu'il pouvait me donner des réponses. Jacob n'avait pas croisé mon chemin pour rien, il n'avait pas été dans mon centre pour seulement travailler. Il n'était pas le surveillant qu'il avait prétendu être. Et il était clair qu'il était le seul à pouvoir m'aider. Mais rien ne me garantissait qu'il le veuille si je le retrouve, car d'après ce document, ces traîtres en avaient après la société et particulièrement le système des Génitrices.

Un bruit derrière la porte attira soudainement mon attention. J'appuyais sur le bouton pour éteindre l'écran. Je m'approchais doucement, le cœur battant à une vitesse folle. Qui pouvaient bien être là ? Avais-je mal jugé l'état de ma victime ?

J'attrapais un objet lourd au passage et me plaçais vers la porte silencieusement. Des bruits de pas s'échappaient de l'extérieur et s'approchaient dangereusement de ma position. La poignée se mettait à bouger puis la porte s'ouvrit doucement. Je coupais ma respiration pour ne pas me faire entendre. Un souffle saccadé me parvenait à mes oreilles. Sans réfléchir je descendais violemment mon arme en direction de l'intrus. Un gémissement de souffrance retentissait dans la pièce, puis Elio s'écroula sur le sol. En le voyant inconscient sur le sol, une idée me venait à l'esprit.

Je regardais l'heure, il ne me restait plus beaucoup de temps avant le lever du jour. De plus, ma seconde victime allait surement bientôt se réveiller. Je me dépêchais d'aller dans la cuisine récupérer une paire de ciseaux puis j'allais dans la chambre d'Elio. Dans ses placards, je retrouvais les vêtements typiques des hommes que j'avais toujours croisés. J'attrapais un haut et un bas gris que j'enfilais. Ensuite devant le miroir de la salle de bain, j'attrapais les ciseaux et commençais à couper ma tignasse. Mes cheveux tombaient à une vitesse folle, jusqu'à ne voir plus que quelque centimètre dépasser de mon crâne. À l'aide d'un rasoir, trouvé dans la salle de bain d'Elio, je faisais disparaître les derniers brins brunâtres de ma tête. Je caressais la nouvelle surface lise et me regardait une dernière fois dans le miroir pour voir personne que j'étais à cet instant.

GenitriXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant