XX : 19

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Je suffoquais, ce n'était pas seulement mes poumons qui se remplissaient de fumer, c'était aussi mon cerveau. Perdu dans cet affolement soudain, ces cris stridents et ce cadavre à mes pieds, je ne savais pas comment réagir. Je laissais seulement mes pieds se couvrir de liquide rougeâtre. Alors que des petites lumières vertes visaient ma personne, je ressentais une fois de plus cette sensation étrange, celle qui brise mon estomac en mille morceaux, celle qui laissait échapper des gouttes chaudes des pores de ma peau. La peur, elle m'avait envahi quand j'avais compris que je ne pourrais jamais choisir mon destin. Et à cet instant elle m'étranglait car je savais que je n'aurais peut-être jamais l'occasion de le vivre.

Les échappatoires, il n'y en avait aucun. Je voyais déjà une balle de métal s'enfoncer dans mon cœur, l'éclatant comme un fruit trop mûr. J'observais déjà mon être s'écraser comme un vulgaire animal sur le sol, rejoignant mes congénères.

Nous n'étions rien, des cibles, des ventres, des fantômes. Personne ne se rappellerait de nous, personne ne lâcherait une larme pour nous. La lumière mortelle glissait le long de mon corps pour viser mon organe vital. Je regardais droit devant moi, apercevant mon adversaire masqué. Il ne nous permettait même pas de mettre un visage sur nos anges de la mort. Il ne resterait qu'une ombre meurtrière dans mon crâne.

J'inspirais un bon coup. Une détonation, un cri strident puis le projectile métallique s'enfonça dans mon bras droit. Par réflexe, je serrais et regardais ma blessure suintante. Puis j'observais ensuite mon attaquant qui s'était fait bousculer par un Jacob plein de colère. Je ne comprenais pas pourquoi il avait fait cela. Pourquoi mon attaquant ne réagissait pas à son action. Jacob n'était pas celui qu'il prétendait être.

Il attrapait un des fusils quand soudainement une alarme stridente se déclencha. Nos assaillants stoppèrent leurs tirs.

« Ils arrivent ! Il faut foutre le camp !

- Non ! Nous avions dit jusqu'au bout. S'exclama un autre.

- Peu importe ! Nous avons déjà fait assez de dégâts. Pas la peine de mourir aujourd'hui, demain s'annonce plus grand. »

Les uns après les autres, ils disparaissaient dans l'encadrement de la porte. Jacob les suivait. Il eut un instant d'égarement, se retournant, me jetant un étrange regard avant de les rejoindre.

Un douloureux silence s'était installé dans la pièce. Personne n'osait bouger, par peur qu'ils reviennent finir leur travail. Seulement le sang coulait en dehors de nos corps, seuls nos esprits étaient instables. Puis une affreuse pensée m'apparaissait : Qu'étaient devenues mes amies.

« Juliette ! Anaïs ! » Appelais-je épuiser par la peur.

Je me traînais tant bien que mal dans la pièce, je ne sentais même plus mon bras qui devenait aussi lourd qu'une pierre. En regardant dans tous les coins j'apercevais une crinière familière. C'était Anaïs allongée sur le sol. Je m'approchais d'elle.

« Anaïs ! Tu m'entends ? »

Ses yeux étaient fermés, son pouls se faisait lent. En essayant de la relever, j'apercevais une blessure au niveau de son ventre. Elle venait de perdre beaucoup de sang. Je ne savais absolument pas quoi faire, je n'avais aucune compétence, aucun savoir. Je n'étais rien d'autre qu'une femme et je n'avais donc aucune autre alternative que hurler pour que quelqu'un vienne n'a notre secours. Mais ma voix ne sortait pas, elle n'était qu'un écho dans mon esprit, qu'un mirage d'alerte.

D'un seul coup, une autre silhouette s'affalait sur mon amie au sol, c'était Juliette, les larmes brûlaient ses joues blanches. C'était la première fois que je la voyais réagir, elle était si stoïque habituellement. Je lui attrapais la main, comme pour lui faire comprendre qu'ensemble on allait s'en sortir.

GenitriXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant