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Après avoir croisé son regard une seconde fois, je m'enfuyais discrètement.

À quoi pouvait rimer tout ce manège ? Voir , paraître , se faire remarquer , être toujours et encore la plus belle pour être appelé. Je commençais à n'en plus pouvoir de cette mentalité. Des années que je me faisais manipuler par les hommes. On nous apprenait à être de petite chose faible et soumise. Je ne l'avais jamais supportée. Si seulement, j'arrivais à faire ouvrir les yeux de toutes ces filles. Si seulement, j'arrivais à leur faire comprendre que nous n'étions pas que des ventres ambulants. Peut- être pourrions-nous changer les choses ? 

Mais malheureusement, j'étais bien  la seule à penser de cette manière...  Cela me rendait-il anormal ? Étais-je une erreur à ne pas pouvoir suivre les ordres et entrer dans le moule ?

Je filais jusqu'à mes appartements dégoûtée de ne pas avoir réussi à récupérer le précieux recueil.

" Mademoiselle Danae ? M'appela une voix masculine.

Je me retournais, apercevant Jacob derrière moi. Ma parole, me suivait-il ? 

" Oui ?

- Comment vous sentez vous ? Me demanda-t-il.

- Heu... Je vais bien pourquoi une telle question?

- Certaines jeunes femmes du centre ont déposé une plainte. Je suis donc dans l'obligation de vous suivre cette fin de journée.

- Vous rigolez ? Vous étiez là quand je me suis coupé la joue, tout le monde à comprit que ce n'était que de la poudre aux yeux

- Pas tout le monde. Le centre prend très au sérieux ce genre de comportement.

- Vous allez être avec moi constamment ? 

- En toute honnêteté Génitrice, je vous conseille de ne plus réitérer ce genre d'action. Le conseil de géniteur du centre doit être informé du comportement inapproprié d'une résidente. Et dans ce cas, vos chances d'être appelée se réduisent....

Merde, il commençait à me soûler sérieusement avec leurs appels.

" C'est plus fort que moi de me confronter avec des idiotes, plaisantais-je.

- Les Génitrices sont censées garder leur calmes en toutes circonstances.

- Génial ! 

J'accélérais le pas pour ne plus entendre les conseils pourris de Jacob. 

Arrivée devant ma chambre, je regardais derrière mon dos. Il était toujours là à me surveiller

"J'ai encore le droit à mon intimité ?

- Bien entendu, Génitrice.

J'entrais dans mes appartements. Mon écran commençait à clignoter , un visage féminin apparaissait sur celui-ci. C'était l'alarme pour prévenir d'un nouvel appel. Je m'étalais sur mon lit, réfléchissant à une alternative pour me débarrasser de Jacob avant de voir apparaître mon visage sur l'écran. Un plan , il me fallait un plan pour pouvoir connaître les moindres issus, la moindre fenêtre de ce centre. Je devais aussi connaitre les changements des guides.

C'était décidé , cette nuit, je récupérerais les informations dont j'avais besoin. 

Je m'étais seulement allongée pendant quelques heures. Les yeux grands ouverts , l'esprit en ébullition , il m'était impossible de trouver le sommeil. Je me levais doucement de mon lit, puis j'enfilais un pantalon. Ensuite, j'approchais de la porte. J'avais une chance sur deux de trouver Jacob derrière , mais il fallait tout de même que je tente le coup. J'actionnais la poignée, mais impossible d'ouvrir cette fichue porte, j'étais enfermée à l"intérieur.

" Merde ... "

J'allais dans la salle de bain chercher le moindre objet pointu pour m'aider à la déverrouiller. J'emmenais mes outils de fortunes vers la serrure. Je glissais les pointes dans l'ouverture espérant entendre le déclic de la liberté. 

Mais malheureusement après 20 minutes de travail acharné, ma prison restait scellée. Je jetais de colère l'épingle sur le sol. Ils nous avaient enfermés de peur que l'une d'entre nous s'échappe une seconde fois. Je tournais en rond dans la pièce, il était hors de question que j'accepte ma défaite.  

Je me creusais le crâne pour trouver une idée brillante. Dans la salle de bain , je m'épongeais le visage avec de l'eau. Sans faire attention, je poussais avec mon bras un pot de crème qui était sur le bord, il s'éclata sur le sol projetant son contenu sur le mur.

C'est en nettoyant ma bêtise que je remarquais une grille d'évacuation. Celle-ci était assez grande pour pouvoir me glisser à l'intérieur. Comment n'avais-je pas pu la remarquer avant ?

C'était ma porte de sortie. Je dévissais difficilement la plaque en métal. Mon travail finis , je m'insérais dans le conduit. Avec une détermination sans failles, je rampais doucement jusqu'à une ouverture.Je tombais dans une pièce sombre. Je cherchais du bout de mes doigts la lumière. Je percutais un objet ferme qui devait être un fauteuil. Je trouvais ensuite la sortie. Au dernière nouvelle , l'infirmerie se trouvait à quelque mètre sur la droite , pas très loin du salon. Si je me collais au mur j'arriverais peu être à la trouver dans le noir. 

Prudente , je marchais dans le couloir, espérant trouver au plus vite. Soudainement , une lumière arrivait dans ma direction. Affolée , je courais vers la première issue possible.

Collée contre la porte , ma respiration était saccadée, mon cœur battait à toute vitesse. A ce moment, je me demandais ce qu'il adviendrait de moi si j'étais prise entrain de me balader de nuit. 

Sans appuyer sur l'interrupteur, la lumière de la pièce s'activait, me faisant sursauter par la même occasion.  C'est avec surprise que j'observais cet étrange endroit.

C'était une immense salle ronde avec au centre, de confortable fauteuil blanc. Étrangement, elle ressemblait à la bibliothèque mais avec des écrans qui tapissaient les murs. Je m'avançais vers les canapés immaculés. Un tableau de bord était à proximité. Curieuse ou inconsciente, je posais mon doigt sur la surface lise. 

Ce geste alluma les différents écrans qui constituait la pièce. C'est avec effroi, que je visualisais les images que diffusaient ces écrans.

C'était nous. Du moins, c'était les résidentes du centre. Chaque mouvement, chaque geste , chaque moment d'intimité étaient suivies et filmés à la trace. Ces milliers d'images, ces femmes qui n'étaient même pas conscientes qu'elles étaient comme des animaux que l'on observe en cage. En parcourant ces preuves indéniables, je tombais sur celle me représentant. 

Observant mon double naïf se balader sans même se rendre compte qu'elle était épiée de toute part, le rouge me montait aux joues. J'avais envie de tout casser, de tour détruire. Il ne pouvait pas faire cela , c'était horrible... c'était inhumain. 

- Pourquoi avaient-ils besoin de nous filmer ? Qu'elle est l'intérêt de cette pièce ? Nous épier sans cesse , nous surveiller.... M'exclamais-je énervée.

Je regardais chacun de mes mouvements, mes expressions , mon visage, mes choix. Ils savaient tous... Peu être même étais-je filmée cet instant...Il fallait que je parte, mais comment faire quand ton propre geôlier connaît le moindre de tes mouvements. 

Il fallait que je retrouve l'infirmerie. Peu être qu'avec un peu de chance je récolterais suffisamment d'information pour fuir. ce soir. Un bruit m'alerta. Je me retournais brusquement, la porte commençait à s'ouvrir. De grosses gouttes de sueur s'écoulaient de mon front. Je sentais que mes jambes se faisaient molles et mon pouls  saccadés. J'avais vraiment peur à cet instant.

" Et Merde ! "

GenitriXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant